Un village Potemkine (1)
Ce serait l’état de l’actuel siège du PS à Paris, rue de Solferino.
Dans un article paru ce mercredi, Mediapart révèle que le siège du Parti est en proie à une crise sociale en interne, dont pâtiraient de nombreux salariés. La direction a commandé un audit sur la situation, le cabinet Syndex, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux !
Se rend-on compte de ça… au parti socialiste, censé travailler avec des militants-employés, dans un parti actuellement au pouvoir, majoritaire à l’Assemblée !
C’est dire l’ambiance ! La perspective de la disparition quasi-totale du PS, à la suite du mandat du plus catastrophique président de la Vme République, est évidemment ce qui taraude le personnel qui n’est pas sûr de retrouver du travail après les élections de l’année prochaine.
Des témoignages d'employés à bout de nerf, une succession d'arrêts maladie, des propos "humiliants" ainsi qu'une gestion "clanique", organisée autour des plus proches collaborateurs de Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, en plus de l’épée de Damoclès d’un licenciement collectif, le voilà bien le socialisme à la française : une pataugeoire dans laquelle les petits employés de bureau tentent de survivre !
La direction évoque à demi-mot le naufrage, précurseur de l’autre, mais dément le nombre des départs, enfin pas encore… Mediapart avance quand même une vingtaine, plus huit personnes arrêtées par leur médecin ou par un médecin de travail, sur 120 salariés.
Tous parlent de l’impression de "travailler dans le vide". Il est vrai que le nombre d’affiliés à terriblement diminué. L’activité des sections donnaient quand même du travail à la maison mère.
Bref, travailler à Solferino pour les socialistes, c’est devenu l’horreur.
Les langues se délient ; "La déprime est aussi liée à ce que font Hollande et le parti. On ne sait pas où ils vont, s’ils sont encore de gauche et s’ils l’ont jamais été", "actuellement, au PS, il y a autant de gens qui veulent partir que dans les cabinets ministériels" (Mediapart).
Reste le cas le plus incertain, cause de ce gâchis, celui de François Hollande.
Osera-t-il se représenter pour un deuxième mandat, avec l’humiliation possible de ne même pas passer le premier tour ?
La question est sur toutes les lèvres !
En dépit de tous ses coups de com pour se remettre en selle, les sondages sont au plus bas.
Lui qui a tout sacrifié de ce qui restait de socialisme pour redresser l’économie, les mauvaises nouvelles se succèdent : chômage en hausse, croissance en berne, déficits… Et même sa meilleure chance, la désignation de Nicolas Sarkozy à la primaire des Républicains va peut-être lui échapper, lui aussi traverse une mauvaise passe.
François Hollande ne devrait-il pas renoncer? À Solferino, on en parle dans le dos de Cambadélis. Dans les journaux, cette éventualité apparaît de plus en plus probable.
À gauche, on fait déjà comme si c’était l’après Hollande.
L’intéressé à ce qu’en disent ceux qui l’ont approché vit dans une bulle, un sas de décompression le protégeant des agressions venant de l’extérieur. Cet isolement n’est pas que physique, il est aussi psychique.
Il paraît que ce n’est pas le premier président à être anesthésié par la fonction elle-même. Alors que dans le monde extérieur, il n’est question que de chômage, de dettes, de déficits, de terrorisme, de fermeture d’usines, de violences, le président s’enferme dans ce qu’il y a de rassurant dans la fonction présidentielle, les obligations internationales, les commémorations et les visites dans les Communes de France, colloques et remises de décorations, conseils des ministres, réunions de cabinet, de sorte que les journées sont bien remplies. Hollande vit dans l’illusion que tout son travail va être payant, mieux qu’il l’est déjà et qu’on s’en apercevra bientôt dans les urnes.
Bah ! s’il échoue dans sa quête d’un deuxième mandat, il lui restera le prestige d’avoir été président avec tous les avantages post-mandat et Julie Gayet, une bien jolie comédienne, susceptible de lui rejouer Shéhérazade pour lui faire oublier les mille et une nuits précédentes.
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1. L’expression Village Potemkine, en souvenir du général amant de la Grande Catherine et faisant visiter à celle-ci une « contrée florissante » faite en réalité d’un décor en carton pâte sur le parcours de l’impératrice.