Une théorie pas si neuve que ça…
Wesphael attendra fin de semaine pour savoir si la justice l’estime coupable ou innocent, par contre le Groupe ING sans demander l’avis de personne à condamner 3.500 employés de la banque en Belgique (attendu que dans des affaires de ce genre la direction exagère les chiffres pour avoir l’air de faire un geste après négociations avec les syndicats).
À l’annonce de la nouvelle, les représentants de la Nation ont crié beaucoup, fait naître de folles espérances à ceux qui vont perdre leur boulot, pour finalement avouer leur impuissance contre les puissances économiques qui font le monde ce qu’il est.
On a même vu le premier ministre régional Magnette annoncer à tout le monde l’auto augmentation du CO d’ING qui s’est fait un petit plaisir supplémentaire de 28 %.
Et alors ?
Ne sommes-nous pas plongés dans les mêmes pièges que le personnel d’ING, en qualité de clients ?
Toutes les banques rémunèrent dorénavant les avoirs placés à 0 %, peut-être que pour bientôt elles vous demanderont un petit quelque chose pour garder vos sous. C’est un véritable traquenard puisque si vous retirez les quelques euros qui vous restent, grâce au gouvernement qui l’a décidé, vous ne pouvez faire aucun achat au-dessus de 3.000 € en liquide sans justifier la provenance de votre argent. Sous le matelas n’est pas une origine admise. Donc si vous voulez changer votre bagnole au-delà du montant légal vous ne le pouvez plus sans le sortir d’une banque.
Si ING flanque à la porte du personnel en pagaille, c’est aussi grâce à l’obligation de tous d’avoir un compte quelque part pour vos rémunérations qui y sont versées et vos paiements que vous faites dans ce qui reste d’espaces publics des banques ou chez vous sur votre ordinateur.
Quelque part, nous faisons le jeu de la banque en nous substituant aux personnels licenciés. Évidemment notre travail n’est pas rémunéré. Vous payez déjà chaque opération sur votre compte, alors qu’après votre ordinateur (un abonnement pour Internet), c’est une autre machine qui finit l’opération.
En réalité, ce système roule sans personnel ou fort peu.
Par contre, il est loin d’être gratuit, les actionnaires perçoivent eux des rapports avec leurs capitaux placés en actions et obligations à deux chiffres (minimum 10 %).
Voilà sur quoi débouche le progrès en matière d’institution bancaire.
Et dire qu’en 2009/10 l’État, c’est-à-dire nous, pouvait racheter machines et mobiliers pour une poignée d’euros !
Alors le blabla des autorités !... La tronche de Reynders à la télé venant nous raconter qu’il avait sauvé l’emploi de milliers d’employés de banque… et on l’a cru !
L’explication du porte-parole d’ING de l’essorage bancaire actuel tient en quelques mots : on détruit des emplois, des locaux et des machines pour faire un vide créateur ! Que n’en fait-on également dans les conseils d’administration pour libérer la banque de ses parasites, comme on le ferait pour un chat qui a des puces.
La théorie de Shumpeter qu’a essayé de démontrer la haute direction, désigne le processus continuellement à l'œuvre dans les économies et qui, en principe, voit se produire de façon simultanée la disparition de secteurs d'activité économique conjointement à la création de nouvelles activités économiques. C’est là que ça coince, puisque la destruction dans le cas d’ING et de bien d’autres entreprises, notamment Caterpillar, voit disparaître une fabrication ou un service qui n’est remplacé par rien, sinon par un mécanisme automatisé. C’est ainsi que Mittal éteint les hauts-fourneaux à Seraing, mais ne les remplace pas par d’autres activités. On appelle ça des destructions créatrices, en réalité ce sont des destructions tout court.
C’est donc bien d’un autre processus économique lié au progrès de l’électronique qu’il s’agit, caractérisé par des restructurations sans initiation d’industries nouvelles.
Nous assistons à un tournant du système capitaliste, celui d’une automatisation générale et d’une rationalisation drastique qui touchent les couches les moins bien payées du management industriel.
Jusqu’ici le système a fait illusion et peut-être même a-t-il été à la base d’un certain progrès social, aujourd’hui il n’est plus qu’à la base de désastres et d’une nouvelle forme de pauvreté, celle du travailleur qui exerce un métier qui ne le nourrit plus.
Ce système évolue très rapidement vers une appropriation des productions automatisées, afin de promouvoir une seule branche d’activité, celle du luxe et des produits dérivés afin de rendre encore plus scandaleuses les différences entre le parasitisme financier et le travailleur honnête.
Avant de parler de catastrophes climatiques, il faudrait d’abord ouvrir les débats à l’échelle mondiale sur la dérive du système capitaliste. Il se pourrait même qu’en réglant le second, il ne soit plus nécessaire de régler le premier.
Sinon, pas besoin de la théorie de Schumpeter pour détruire. Une colère populaire, quand elle part, malgré les forces de police du côté conservateur bien entendu, on ne sait pas quand elle s’arrête. Il y a aussi des théories là-dessus.