Bestiaire à la Maison Blanche.
À tout prendre l’élection de Trump à la présidence US a été le résultat d’un coup de colère des électeurs. Et pour avoir éclaté du tonnerre, cette bronca a été une réussite. Les épaisses moquettes ont amorti le choc dans les strates du pouvoir en Belgique et en Europe, mais pour avoir titillé les économistes et les philosophes indépendants, cela valait le coup.
Reste que le choix n’était pas possible et qu’il fallait pour marquer l’événement sortir Trump du chapeau. Ce milliardaire était inconnu du grand public. Il n’entrait pas dans le moule politicard du type Clinton, que faire d’autre ?
C’est même le cas de figure qui pend sous le nez des Français. Au second tour, entre Marine Le Pen et le candidat « conforme au choix des élites », au cas où l’esprit Trump ne serait pas déjà tout à fait mort ? On ne sait jamais…
Il n’est pas encore en poste que déjà quelques similitudes avec les habitués du système voient le jour. Le fait d’être un milliardaire ne semble pas constituer un obstacle pour les Américains. Cependant, on est assuré déjà que c’est un tenant du système au même titre qu’Obama ou Clinton et que les courtiers de Wall Street ne vont pas se réveiller la nuit pour prendre un Dafalgan.
À présent que la sidération des formalistes se tasse, que les enthousiastes ont une extinction de voix à force de cris de joie, le calme revenu, comment Trump va-t-il organiser son administration ?
On a déjà une réponse, elle sera pire que l’ancienne dans le style, la forme et les acteurs pour une continuité beaucoup plus à droite que l’autre, donc très conservatrice.
Trump avait axé sa campagne sur le rejet des élites, oui mais lesquelles ? Si un clou chasse l’autre, le nouveau clou n’en est pas moins le même ou à peu près que le précédent.
C’est comme si chez nous Didier Reynders remplaçait Charles Michel. Je sais bien qu’il en rêve, mais cela changerait quoi ?
La liste des membres de son équipe est conforme à «l’establishment» qu’il vient juste de cesser de dénoncer la semaine dernière.
Voilà qui convient à ses électeurs du Ku Klux Clan, à ses « petits » blancs déclassés et chasseurs de « nègres », à ses fondus du rêve américains que rien n’arrêtent, oui mais, les autres, les Sans-dent, les paumés de la crise de 2008, les chômeurs et les vieux sans revenu qui ont fait sa majorité ?
Les consultants et lobbyistes tendance Trump prennent la place des consultants et lobbyistes tendance Clinton, c’est tout.
Premier tableau en forme des tables de la loi d’une nouvelle bible :
Michael Catanzaro, un lobbyiste connu pour avoir défendu les intérêts d'entreprises de pétrole et de gaz, en charge de l’indépendance énergétique ;
Michael Torrey dont la société de lobbying a fait fortune en essayant d’influencer la politique alimentaire au bénéfice de multinationales du secteur de l'agroalimentaire, à l’agriculture et l’alimentation ;
Stephen Bannon, qualifié "l’homme le plus dangereux de la scène politique américaine" par Bloomberg, pressenti pour le poste de "chief of staff", finalement attribué au président du parti républicain Reince Priebus, Bannon a été nommé dimanche "haut conseiller et chef de la stratégie" ;
Le gouverneur du New Jersey Chris Christie secondera Mike Pence, tout comme l'ex-candidat à la présidentielle Ben Carson, l'ancien président de la majorité républicaine à la Chambre des représentants Newt Gingrich, le général à la retraite Michael Flynn, l'ancien maire de New York Rudy Giuliani et le sénateur Jeff Sessions. Sarah Palin est également dans les possibles, championne exaltée des « familles contre l’avortement »…
Une première équipe formée de 16 personnes dont 5 millionnaires.
Les dynasties politiques, en Belgique, on connaît : les enfants rapinent sur les chasses de leur père ou de leur mère. Trump, est le père fondateur et il y va. À un point qu’on se demande comment il va pouvoir éviter un conflit d’intérêt une fois installé à la Maison Blanche, à savoir « qui va gérer ses affaires » puisque ses proches se seront engagés en « haut-lieu » ? Il ne va quand même pas nommer son fils de 11 ans administrateur du patrimoine ?
Les Américains voulaient du changement, ils vont être servi, mais pas de la façon dont ils l’imaginaient. Ce sont surtout les fortes minorités étrangères et nouvellement intégrées qui, en ne se déplaçant pas ou en se trompant d’enjeu vont le sentir passer dans un ou deux ans, le temps pour Trump d’armer ses mousquetons.