Les élections aux USA, un pari risqué ?
Au-delà de la presse médiatique jouant au yoyo statistique entre Clinton et Trump, c’est un peu notre futur qui se façonne aux USA, avec de plus en plus de possibilités qu’un vote populiste rassemble des foules hostiles à la dérive économique d’un capitalisme incontrôlable, comme les américanolâtres d’Europe ne l’auraient jamais crû dans le pays de l’argent roi.
Car si Trump réalise des succès de foule et, peut-être, un bon score final, il le doit à la situation sociale dégradée. Assez surprenant, sa campagne électorale est l’œuvre d’un milliardaire éloigné de l’idée de partage, ayant bâti sa fortune sur l’exploitation féroce des autres, poussant l’impudeur jusqu’à user de toutes les ficelles possibles pour échapper au fisc, c’est-à-dire sa responsabilité de citoyen, quand il brigue la citoyenneté suprême !
Cette dernière semaine aura été l’étonnement en Europe de voir le FBI voler au secours de Trump, par la voix de son chef, par ailleurs Républicain !
On ne pourra pas dire que l’esprit « Hoover (1) » soit mort dans ce grand corps de l’État.
Pour les observateurs du Vieux Continent, Hillary Clinton est l’adversaire du populisme à la Trump et la favorite de l’establishment intellectuel des milieux branchés des grandes villes.
On s’était déjà planté avec Barack Obama sur les relations transatlantiques, alors qu’il s’est plutôt tourné vers les pays d’Asie et du Pacifique, sur le dossier syrien aussi, préférant trop longtemps l’attentisme à l’action, sans doute échaudé par les fautes de son prédécesseur Bush.
Le défaut des Européens dans leurs jugements sur les USA, ce sont les notables politiques et industriels qui le portent en eux comme l’air qu’on respîre à Wall Street. Ils perdent leur sang-froid dès qu’on parle de l’Amérique, pour n’y voir que le pays de la réussite financière et le miracle des techniques de demain. Ils pensent que, s’ils se sont un peu trompés sur l’actuel président, ils ne pourront pas faire la même erreur avec Hillary Clinton. Ils lui prêtent plus d’intérêt pour l’Europe et sur le TTIP, que Barak Obama.
Contrairement à ce que pensent les Européens influencés par Juncker et Schulz, il n'y a aucun "bon" candidat, pour l’avenir des relations entre l’Amérique et le Vieux-Continent. Des mesures conduisant à une guerre économique sont même hautement probables.
À cinq jours des élections, malgré le soutien à Trump du FBI qui rouvre une deuxième enquête cette fois sur Bill le mari de la candidate, je pense que madame Clinton l’emportera aisément. En tous les cas, on nous a vendu Trump avec tellement de défauts et dépeint sous un tel jour que, s’il était élu, ce serait une catastrophe pour l’Amérique et le monde. Il se pourrait même que le clan démocrate, craignant un absentéisme de grande ampleur, ait souhaité ce doute à caractère compétitif sur les chances de Clinton à succéder à Obama, afin que ses supporters ne s’abstiennent pas.
Qu’on ne me compte pas parmi les fans d’Hillary. Les arguments de Trump ne sont pas tous dénués de fondement. Elle est comme lui. Elle vit du monde de la finance. À l’aise dans les milieux de la haute bourgeoisie, favorite des intellectuels huppés qu’on rencontre dans toutes les grandes villes américaines, elle différera seulement de tout ce qu’on a connu, parce qu’elle sera la première femme cheffe d’un grand État. Et pour le féministe que je suis, rien que pour cela, ce sera un grand pas vers l’égalité des sexes. L’autre, l’égalité des citoyens dans un vrai État de Droit, ce sera pour plus tard.
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1. John Edgar Hoover, 1895-1972, a été le premier directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI). Il est celui qui est resté le plus longtemps à la tête d'une agence fédérale américaine. Après lui, un mandat de dix ans a été instauré pour le chef du FBI. Il passe pour avoir eu des dossiers sur tous les présidents et influencé la politique jusqu’à la Maison Blanche.