Ce n’est pas mon intention de revenir sur cette lamentable affaire Westphael-Pirotton. Elle a été jugée, en bien ou en mal, là n’est pas la question.
Le mari a été déclaré innocent. Et si c’est le cas, il a dû en baver et il mérite le respect.
Monsieur Wesphael ne supportait plus les bobos d’écolos. Il avait initié un parti pour l’homme de la rue qui semblait pouvoir arracher des voix au parti socialiste, en perte de vitesse à cause de son libéralisme indécent.
Vous savez comme vont les choses, tous les parlementaires vous le diront, ils sont tous pour l’égalité entre les citoyens. Ils n’ont jamais supporté les inégalités qui existent entre eux et les citoyens ordinaires. Du moins, ils le disent.
C’est entendu, ils y réfléchissent depuis toujours et vont remédier à cet état de chose. Sauf, qu’installés, ils n’en parlent plus que dans les meetings dédiés aux gogos. Mieux, ils participent à ces coups de pouce discrets qui favorisent leur destin en douce, de sorte que ces réformes pour l’égalité, c’est comme Nessie, le monstre du Loch Ness, tout le monde en parle et personne ne l’a jamais vu.
Rares sont les élus qui reversent à leur parti l’excédent d’une bonne paie d’ouvrier qualifié. Mais, il y en a, honneur à eux.
On en revient à Bernard Wesphael et les fameux 50.000 € bloqués par la justice et dont ledit Bernard demandait la levée pour aider la scolarité du petit Victor, fils de la disparue.
Cette somme n’est qu’une partie des indemnisations allouées à nos chers élus lorsqu’ils quittent les podiums du patriotisme (1). Happart détient toujours le record du fric empoché dans cette opération légale qui indemnise un « malheureux » qui chute de l’estrade.
Or donc, ironie du sort, cet argent donné de la main gauche par l’État, sera repris par la main droite, sous la forme d’impôts que Wesphael, comme tous les citoyens, verse au trésor public.
Ce sont les journaux, jamais avares d’informations quand celles-ci ne touchent pas un libéral, qui nous livre le paquet franco de port « La saisie sur les 50.000 € de Bernard Wesphael est levée: il va pouvoir payer ses impôts. »
Mais quel est le citoyen qui ne rêverait pas de les payer de la sorte ?
- Allô, les contributions ? Ici un redevable de 45.000 € que je ne conteste en aucune manière. Voulez-vous créditer mon compte de 50.000 € ? Je réglerai ma situation dès que possible. Merci d’avance.
Si Bernard Wesphael est vraiment un homme de gauche, il doit beaucoup souffrir en distrayant du Trésor public, outre ses indemnités mensuelles de parlementaire perçues jusqu’à la fin de la dernière législature, le petit cadeau de fin de parcours que l’État alloue en guise de pot de départ à chacun et chacune.
Car enfin, ils se font violence celles et ceux qui contribuent au déficit chronique de l’État !.
Lui, surtout, homme de cœur, homme de gauche, ce fut en quelque sorte le salaire de la honte.
L’État est un monstre dressé sur ses ergots et qui n’a pas hésité de reprendre ce qu’il avait donné à Wesphael, sans aucune pitié pour le petit Victor, dont on voit bien dans cette affaire que tout le monde se fout.
Parce que je vais vous dire, en tant qu’homme de gauche Wesphael ne devait pas toucher à cet argent pour payer ses impôts. C’était un dépôt sacré pour essayer de rendre la vie du petit Victor un peu plus supportable.
Moi, je me serais laissé saisir, encore que…
Un Reynders, par exemple, un Michel ou que sais-je encore, un De Decker ? Tout qui a de la planche et lu le « savoir planqué » ce vadémécum du parfait parasite, se serait redressé fièrement et hurlé que cet argent était inviolable ! On en aurait fait des pages dans les journaux. La Meuse aurait titré, l’État vole le pain de la bouche du petit Victor. La cote de Wesphael eût été au zénith. Il repartait fonder un nouveau parti de gauche qui eût fait trembler Hedebouw lui-même.
En réalité, par défaut de paiement le contribuable saisi voit ses avoirs bloqués et le paquet serait revenu au service des contributions par un jeu d’écriture. Wesphael passait pour un héros en payant ses arriérés tout en montrant une belle résistance !
Il allait être seulement couillonné des 5.000 € de différence que les marlouches des contrib’ n’auraient pas raté en majorations et amendes.
Quant aux biens meubles, non saisis, il devrait savoir qu’on ne saisit plus grand-chose et surtout pas les trois chaises, la table IKEA , le lit et l’armoire d’un fauché. Comme il loue son appart, il n’aurait donc pas été à la rue… encore un petit mensonge de plus.
Les happe-chair ont d’autres victimes, bien plus plantureuses.
Vous avez remarqué, comme en toute chose, le pauvre est la victime ?
De toutes manières, le petit Victor fait tintin. À moins que B W ne fasse un beau geste à l’occasion de Noël ?
5.000 € (2), ce n’est pas grand-chose, mais quand ça vient du cœur… c’est beaucoup !
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1. L'ex-député wallon avait bénéficié d'une indemnité parlementaire de sortie de 150.000 euros. En 2014, lorsqu'il avait été inculpé de l'homicide de Véronique Pirotton, un montant de 50.000 euros avait été saisi par la famille de cette dernière à titre conservatoire. (les journaux)
2. C'est ce qu'il restera du pactole après le paiement de 45000 € aux happe-chair des contrib.