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Didier Reynders, bavard texan.

Il y a parmi le personnel politique des ministres qui se permettent tout parce qu’on les laisse tout faire.
Cela a toujours été le cas de Didier Reynders, ministre de quelque chose quoi qu’il arrive. Voilà le type même du grand commis de l’État ayant oublié jusqu’à ce pourquoi l’électeur le paie. Il n’est excessif que dans sa manière de ne le pas paraître. Cependant il l’est, parce que cet ambitieux veut tout !
Le plus étonnant, jamais dans les gazettes on ne l’a recadré pour son travail au ministère des finances, ce n’est que lorsqu’il en est sorti que son successeur a pu découvir son manque de sens de l’intérêt général et son zèle à défendre un libéralisme partisan. Au contraire, le plus distingué (1) des MR (après Armand Dedecker) est consulté comme un oracle. Le bougre torche bien ses phrases. Quand on le compare évidemment aux ministres flamands dans leur numéro d’approximations linguistiques, il passe pour un génie. Sauf, que ce n’est que du boniment.
Quand Didier Reynders est à l’étranger, il décause les partis qui ne sont pas dans la ligne du sien, comme il égratigne les institutions.
En déplacement, il fait pipelette, genre VRP (voyageur-représentant-placier) plus que ministre des affaires étrangères. Tout ce qu’on lui demande, c’est aider à vendre les produits belges du commerce d’exportation, et non pas de trainer devant les intervieweurs américains.
Reynders ne sait pas ce qu’est travailler dans le privé, il a toujours vécu à nos crochets, il faudrait pouvoir lui faire comprendre qu’il est à notre service et non pas nous, au sien.
On en a encore eu l’exemple de ses trois jours à Austin, dans le meilleur hôtel, avec la mission économique princière et 180 entreprises belges.
Ce VRP, que nous entretenons comme une danseuse, n’a pas pu résister à parler du CETA et de l’épisode Magnette qu’il a fait passer pour l’antéchrist du commerce mondial ! Il a une façon de rassurer les Texans sur la Belgique proprement déplaisante, en débinant le ministre président de la région wallonne. Est-ce bien son rôle de « patron » des affaires étrangères ? Évidemment, il a eu son petit succès parmi la gent princière et les industriels commerçants du voyage qui vantent ses « qualités » libérales. Franchement, le payons-nous pour ça ?

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Que la Belgique libérale raffole du libre-échange, ça, on le sait ; mais qu’il le dise au nom de nous tous, qu’est-ce qu’il en sait ? Est-ce à lui de balancer sur la politique des partis, à l’étranger ?
Ce n’est pas tout. Au lieu de vanter la technologie de pointe de nos industries, le voilà qui se paie un moment de géopolitique ! Monsieur Reynders nuance la vision que l’on a de Trump en Europe. Sa vision est plus light, plus soft, plus lèche-cul pour tout dire, on s’en serait douté. Là, il mord sur les plates-bandes de Charles Michel et de la politique du gouvernement à l’égard du nouveau président des USA, sans savoir comment les choses vont tourner.
Le voilà devenu mage, quasiment démiurge de la Maison Blanche, version milliardaire !
Tout le monde connaît son côté « putassier », qu’il se plaît à comparer à de la finesse politique. Il sait que l’Amérique du petit blanc est en proie à du racisme ordinaire et qu’une nouvelle haine des étrangers ronge ce pays essentiellement d’immigration. Alors, pour donner bonne conscience à ses interlocuteurs, on est au Texas, sa jactance aborde l’accueil des migrants et leur répartition sur le territoire européen, avec les pincettes du bon bourgeois. Parole, on dirait que soudain, on a affaire à un cul serré de la N-VA !
Échauffé par la haute opinion qu’il a du lui-même, voilà notre homme refaisant la carte politique de la Belgique à des Texans qui n’ont rien dû y comprendre.
Lui, le parasite complet, doué seulement pour la parlote, le voilà en train de débiner le PTB, le seul parti de Belgique qui compte encore des ouvriers et des petits employés dans ses structures. Il en signale « la nuisance et le danger » pour la Belgique. On est bien d’accord que le PTB représente un danger pour ses fesses et son confort, ça, les Texans n’en ont rien à cirer.
Monsieur « Horizon 2100 » voit « une poussée du PTB en Wallonie avec des discours excessifs. Malheureusement aujourd’hui à gauche, on n’ose plus suffisamment s’opposer aux poussées d’extrême gauche. »
Qu’un type payé par les Communautés belges au fédéral, se permette à l’étranger de s’exprimer de la sorte au lieu de vendre des chemises ou des casseroles pour ce à quoi il était logé à nos frais à Austin, ça relève du crime de haute trahison et pas d’un article énamouré du journal Le Soir !
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1. Vous remarquerez, ils ont tous les deux le même marchand de chemises, avec des pointes de col quasiment à l’horizontale, si bien qu’à la prochaine saison, on les verra sans col à la russe.

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