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Chère Jacqueline Galant...

On parle beaucoup dans le microcosme de Jacqueline Galant et des effets de sa brochurette sur les nerfs de ses amis réformistes. Qu’elle ait trouvé un éditeur, donne l’image de l’édition belge tombée dans l’insignifiance par la recherche du tirage assuré, mais là n’est pas le sujet.
La démarche du bourgmestre de Jurbise n’est pas dénuée d’intérêt. La dame possède au moins deux qualités qu’on ne rencontre guère de nos jours dans le monde de la politique : la sincérité et l’égotisme assumé.
Ce que je déteste, ce n’est ni madame Galant, ni son livre, mais les commentateurs et les humoristes qui ont réagi à la sortie de « Galant, je vous dis merde », 150 pages chez Luc Pire.
Il y a dans son pamphlet quelques morceaux de bravoure : "Ma principale erreur a été de croire que les politiques ont réellement la capacité de changer les choses rapidement et durablement… Mon constat est sans appel : arrivé à un certain niveau de pouvoir, celui-ci nous échappe totalement… On devient le pompier qui éteint les incendies, le policier qui gère les conflits, l’instituteur qui donne une leçon. Il reste peu de temps pour réfléchir et proposer des choses innovantes.
C’est naïf et étonnant qu’elle pense cela maintenant, à quarante trois ans… Son père dans sa hâte de faire le joli cœur avec les Jurbisoises ne lui aurait rien donc appris ?
Madame Galant a montré les Reynders, Chastel et consort tels qu’ils sont : méchants, peu solidaires des leurs, malades du pouvoir, tout enveloppés de la bienséance des mots et des attitudes. Ces hommes, qui ont un compteur de voix à la place du cœur, ne lui pardonneront jamais son livre, y compris son mentor, Charles Michel, « son ami ». Qu’avait-elle besoin aussi de comploter avec les Michel dans le club « Renaissance » machine destinée à déboulonner Reynders de la présidence du MR et départ des haines actuelles, non encore éteintes en 2017.
Les humoristes « d’État », telle madame Laurence Bibot, ont sauté sur l’occasion de titiller la poulette abandonnée des siens au milieu de la basse-cour. Le métier de chroniqueur « pour rire » est, de nos jours, un exercice d’habileté qui consiste à intéresser le public par le dénigrement grossier des victimes.
Madame Galant prête le flanc, qu’elle a généreux (ça ne déplaît pas à tout le monde), à ce genre d’humour. Elle est la cliente rêvée. Ces humoristes sont des charognards qui participent à la curée quand on leur dit d’y aller. Le sujet est comme une cible, tant et si bien qu’ils y cherchent la rose pour la satisfaction des gens aux alentours.
Ils se gardent bien de montrer leur proie dans le cadre beaucoup plus large de la société. Ils se contentent de hurler avec les loups. Ils font partie de la meute. C’est tout.
Jamais, ils n’étendront leur réflexion à d’autres cibles, celle que la victime a maladroitement voulu atteindre, qui était le propos principal de son œuvre. Ils s’adjoignent au ressentiment et à la réprobation du clan dans lequel madame Galant n’est plus en odeur de sainteté. Ils montrent qu’ils ne sont que les collaborateurs serviles du pouvoir.
Les humoristes belges sont bien secs si on les compare aux humoristes français, plus intellectuels pour les meilleurs, tout aussi vulgaires pour le tout-venant.
Le caractère féroce est indispensable en France à qui s’attaque à cerner les personnages politiques du temps. Parce que la société va mal, que les responsables plastronnent aux belles places et qu’à force d’accumuler les échecs, ils sont tout simplement odieux et méprisables. L’outrance sonne vrai, en quelque sorte.

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Les humoristes belges sont, au contraire, au bord de l’extase et du recueillement en comparaison lorsqu’ils s’emploient à faire rire sur le dos d’un personnage aux avant-scènes du royaume. Quand par hasard un subalterne – Madame galant n’était pas le navire amiral du MR – prend eau et est en train de couler, l’humoriste sent qu’il peut y aller, qu’il a l’autorisation d’en-haut et que dans le cas présent, Didier Reynders saura, à l’occasion, se montrer satisfait du travail. Il y a mille et une manières de récompenser un artiste, surtout que le plus souvent celui qui récompense ne sort pas son portefeuille.
Il y a encore une autre raison qui me fait détester les humoristes belges qui ont leurs habitudes dans les journaux.
D’esprit sec, il faut bien qu’ils puisent l’inspiration quelque part. Le public l’ignore, mais ils la puisent dans des chroniques du genre des miennes et écrites par des anonymes tolérés sous prétexte de démocratie, mais qui ne seront ni de près, ni de loin, admis à discuter du bout de gras de la société bourgeoise. Leur populisme exacerbé, leur exagération manifeste, leur incompréhension du monde bobo, leur peu de crédibilité de leur source, ces hors-système dépeignent trop bien ceux qui en profitent ! Et ça, dans une société de consommation, c’est impardonnable ; ils ont la misère qu’ils « méritent ».
Je déteste la société telle que la voit madame Jacqueline Galant. Mais sa personne m’est devenue sympathique, rejetée par les magots de son clan. Je comprends qu’elle veuille nous montrer le meilleur d’elle-même et qu'elle y est très maladroite. En ce sens, elle m’émeut. Et ce n'est pas ce vieux connard de Philippe Monfils avec sa critique écrite d'une encre de bidet, qui me fera changer d'avis.
Sa plume (avant on disait son nègre, maintenant on n’ose plus) a manqué du talent nécessaire à faire un bon livre. Mais ce n'est pas grave. Elle n' a pas l'intention de concurrencer Flaubert. Par la démonstration de ses échecs, Jacqueline nous délivre des assommantes performances de ses anciens amis qui ont conduit le pays là où il est. Elle est humaine et se rapproche des gens.
Si elle est toujours en quête d’un mec, c’est quand elle veut.

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