Encore une louche de Fillon ?
L’inédit vient de France et a pour thème ce que Valéry illustrait dans ses cahiers au rayon de la politique « Ce ne sont pas les meilleurs qui réussissent, mais les pires. ».
L’opinion publique serait-elle en train de donner tort au « Prince des poètes », en ce sens que dans le cas de Fillon, le pire ne réussira pas ?
C’est du moins ce qui s’esquisse auprès des électeurs qui ne veulent absolument plus voir Fillon concourir pour la présidence de la république, alors que le parti « Les Républicains » était bien placé pour battre Marine Le Pen au second tour et faire un président de leur candidat.
La communication de Fillon aura-t-elle fait défaut au point que le voilà acculé au pied du mur ? Même ses partisans les plus acharnés finissent par voir leurs cris d’amour pour leur héros se retourner contre lui, par le simple bruit des cuillers au contact des casseroles que tiennent les manifestants qu’on entend à chaque déplacement de Fillon.
Le "Penelopegate" est le Trafalgar du staff et de l’homme. Du coup, tenir des meetings devient un exercice périlleux et contre productif.
Voilà qui en dit long sur Fillon incapable d’entendre ce que lui reprochent la rue et les médias. Tellement imbu de sa formation de politicien d’ancien régime, qu’il a cru prendre les accusations de haut et couper court à la fronde.
En gros sa défense – en était-ce une vraiment – a été de souligner qu’il n’a en rien contrevenu aux lois et aux usages. Il n’a pas vu le côté scandaleux des lois et des usages ainsi étalés au grand jour et ignorés de la plupart des gens.
Depuis, Fillon ne cesse de courir après une actualité qui cannibalise sa campagne. Tout dans son attitude et cette manière de saisir calmement les micros avant de jouer l’orateur sûr de lui sont suspectes.
Le plus grave, c’est la disparition complète de son programme pour la présidence derrière l’aplomb et l’inconscience du candidat. Encore que l’on peut se demander dans l’état actuel de l’opinion, s’il ne vaut pas mieux pour lui de cacher ce côté « efforts à faire pour sauver la nation » et surtout ne pas énumérer les postes à modifier, les administrations à purger et les taxes nouvelles à intégrer dans un esprit de sacrifice patriote.
Le parti de droite est en train de tomber de haut. Sans plan B, il va bien falloir en trouver un, même bricolé, tout de suite. Selon le JDD (le journal du dimanche), la décision du parquet national financier concernant l'affaire Fillon pourrait intervenir dans les prochains jours.
Nul n’ignore que Fillon au début de sa campagne, quand il se voyait en chevalier blanc, avait déclaré qu’il retirerait sa candidature s’il était mis en examen, et ce à propos des autres candidats Juppé et Sarkozy, l’un condamné et l’autre abondamment cité devant les tribunaux. Près de l’être à son tour, il n’est pas dit qu’il jetterait l’éponge si l’on en juge par la tactique de défense de ses avocats tendant à récuser le Parquet financier et, à l’avance, ne pas tenir compte des décisions qu’il prendrait.
Fillon a cru avec l’aide de Raffarin pouvoir reprendre le dessus en parlant de complot, de collusion du pouvoir et de la justice, de dénigrer la presse, etc. bref, de récuser l’ensemble des pouvoirs actuels qu’il mettait aux nues avant que sa personne ne soit mise en cause par les juges financiers !
Plombé par son égo, incapable d’avoir éteint l’incendie par un réel mea culpa quand il en était encore temps, mal conseillé par son staff (peut-être n’en a-t-il pas suivi les conseils ?), secondé par un Raffarin tellement décrié lui-même dans son parcours lorsqu’il était le premier ministre de Chirac, super-menteur, franchement, mais ce Pénélopegate est une bénédiction pour les Français qui, sans cela, aurait été obligés de se farcir un roué de la politique de plus pendant cinq ans !