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Le vélo d’Armstrong…

Les différentes affaires qui secouent la France et la Belgique mettent en scène des personnages qui ont été avant tout des débutants dans les villes et dans les villages, s’impliquant dans leur façon de faire de la politique aux noms de motivations altruistes. On imagine mal un frais émoulu du barreau de Liège comme Reynders, décider à peine âgé de 25 ans de coller aux basques de Jean Gol uniquement pour envisager une carrière complète dans la politique, avec des projets rapides d’avancement, des ambitions de mandat et déjà l’art de se bien placer pour les récompenses, alors qu’il glandait dans l’arrière-salle d’un restaurant du Pont-d’Île, en permanence MR ouverte à tous.
Il n’a pas porté l’attaché-case de Gol pour avoir la place de directeur à la SNCB. Ce n’est qu’après coup, qu’il a pu s’être félicité d’avoir servi l’homme qui convenait.
Peut-être même, certains ont-ils été tout simplement des admirateurs naïfs et ont-ils inconsciemment capté l’attention de leur pygmalion par de la flatterie involontaire ?
Très tôt, cependant, ils quittent la vision idéaliste pour autre chose, qui n’est pas encore tout à fait le cynique raisonnement du « fait du prince », mais qui entre dans une préparation de ce qu’ils deviendront plus tard, avec un parcours qui les transforme en marathoniens de carrière.
De l’affaire NETHYS au Pénélopegate, en passant par les tribulations de Sarkozy aujourd’hui carrément inculpé, avec un retour à Waterloo pour Kubla et Uccle pour De Decker, sauf l’exception de Pénélope Fillon, rien que des hommes, des « surmâles » au profil schizophrène bien tempéré par une maîtrise de soi, profondément divisé entre le goût du bien public et l’amour de l’argent, le tout noyé dans une haute opinion de soi, incluant par voie de conséquence quasiment naturelle, le mépris des autres, ou, en tout cas, une appréciation défavorable des capacités des entourages incomparables à eux.
C’était sans doute ainsi que Jean Gol voyait ses apprentis Louis Michel et Didier Reynders au moment où ils avaient en commun l’admiration du grand homme.
Suite aux affaires, il est bien difficile à la fois de s’en démarquer et de faire en sorte d’être toujours partant pour une démocratie dont la base faisant office de tout est bel et bien l’argent, la puissance qu’il suppose et l’intelligence qu’il insuffle au premier imbécile venu. Et justement pour satisfaire son ambition et la haute opinion qu’il a de lui-même, l’homme politique pour le rester longtemps doit aussi avoir les moyens de le faire savoir. Patokh Chodiev serait-il devenu Belge par le seul fait du droit, sinon par son intelligence en la capacité de l’argent à ce qu’il le devienne ? Les politiques sont pareils à Chodiev, il leur faut paraître à l’aise et dans de beaux costumes ou dépenaillés et sans cravate pour arriver à plaire, mais souvent pour les mêmes raisons.

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Les affaires expliquent tout de l’homme politique qui touche au sommet, laissant les autres bien en-dessous, et pour la plupart encore neufs, encore propres. Le désir du pouvoir au sommet, c’est une sorte de dopage. À ce niveau, chacun à son docteur Mabuse, sa formule, son secret. Tous ceux qui admiraient Lance Armstrong lorsqu’il dominait le peloton sur son vélo, l’admiraient parce qu’ils croyaient que l’Américain avait un truc, mais qui ne se voyait pas. C’était un artiste dans sa spécialité. Quand ce truc fut trouvé et exposé sur la place publique, tous les truqueurs en politique se détournèrent de lui parce qu’il avait été pris et qu’il leur semblait qu’ils pourraient l’être aussi. La tricherie obère tout ce qui vient après lorsqu’elle est découverte. Fillon aime l’argent et pour en avoir il n’hésite sur aucune action malhonnête. Si j’étais au-dessus d’une falaise d’Etretat face à la mer et avec un Fillon ou un De Decker derrière moi, j’aurais peur que d’un geste instinctif, l’un et l’autre me poussent dans l’abîme en supposant que je leur abandonne mes effets avec mon portefeuille dans un sac à mes pieds. L’instinct supposé de ces gens rend toute autre passion vaine, clôt tout espoir en politique et réduit la démocratie à faire la pute chez les banquiers.
On a rarement vu une telle défaite qui nous voue tous à un remède de cheval.

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