Les chômeurs détruits au charlicide.
Les chômeurs peuvent faire opposition à leurs pertes d’indemnités dans les juridictions du travail. Nos élites, devant la douceur des mœurs des pauvres, ont la garantie qu’ils n’auront pas les fesses rougies par des pieds furieux.
Le tout est de savoir si ces juridictions sont efficaces et peuvent atténuer le caractère agressif des lois libérales, en matière de droit au chômage. Le monde d’en bas sait d’expérience comme le droit est plus sensible aux arguments des riches qu’aux arguments des pauvres.
Pour comprendre aujourd’hui, il faut remonter à 1944. Les travailleurs sortaient de la guerre : Résistants, Déportés ou prisonniers de guerre, les plus chanceux sortaient des usines Messerschmitt dans lesquelles la Collaboration les avait condamnés, au nom du Reich d’Adolphe. Les patrons étaient moins glorieux, collaborateurs à tous systèmes leur garantissant les bénéfices et la notoriété, ils avaient adhéré sans trop d’état d’âme. Les plus malins s’étaient trouvé un double emploi, collaborateurs le jour, résistants la nuit.
Dans ces conditions la sécurité sociale eut son heure de gloire et les accords entre patrons et syndicats furent assez équilibrés. C’est ainsi que les organisations représentatives des travailleurs obtinrent un rôle de consultation sur les politiques sociales. Le recours, devant les juridictions du travail de dossiers individuels s’effectua dès 1970, avec une chance d’être entendu, sinon compris, par la composition des Chambres du Tribunal : un président, magistrat professionnel, et deux juges sociaux, en plus du ministère public, l’un représentait les travailleurs (ouvriers et employés), l’autre les employeurs.
En gros, cette procédure facilite l’accès du justiciable au tribunal. La demande peut se faire par simple lettre écrite déposée au greffe ou adressée par envoi recommandé. Appelée requête, elle ne doit pas être motivée pour être valable. Le greffe fournit des formulaires de requête préimprimés qu’il suffit de compléter.
Comme la procédure est gratuite, chaque chômeur pourrait en principe y introduire une plainte contre une décision du FOREM qu’il jugerait arbitraire.
Dans toute bonne idée en Belgique se cachent des intentions secrètes qu’on se garde de trop montrer. Le pouvoir et les gazettes vantent les décors de la démocratie pour mieux masquer le misérabilisme libéral néo-mondialiste des coulisses.
Est-ce qu’on peut arrêter le flingage des chômeurs jeunes et de longues durées par le dépôt systématique d’une plainte contre le FOREM ? Est-ce une arme de défense au moment où les reculs en matière de protection sociale se suivent à vive allure ?
La démarche reste difficile à faire. Cependant dans un pays où le pouvoir politique demande carrément aux citoyens de moucharder son voisin, il vaudrait mieux connaître ses droits en matière de défense.
Sans l’aide juridique, une plainte a peu de chance d’être traitée comme elle le devrait. Tout le monde n’a pas le talent de bien exposer des faits et d’apporter des conclusions favorables à la plainte. Le « pro deo », avocat commis d’office, devient une peau de chagrin à la suite de la réforme que Geens, ministre de la Justice, a imaginée. Les associations d’aide aux plaignants ont des moyens insuffisants.
En face, l’État se fout des contribuables, il va systématiquement en appel. Il a les moyens de faire durer le plaisir et procure à des avocats connus pour militer dans des partis de gouvernement, une rente confortable avec des paquets de dossiers, bien ficelés.
C’est la foire d’empoigne. Des affaires sont jugées différemment d’un tribunal à l’autre. Des batailles sur des virgules peuvent durer six mois et quand on crève la dalle et qu’on se demande comment on va bouffer fin de semaine, six mois, c’est long !
Même si le plaignant se voit rétabli dans ses droits sur décision du tribunal, le match n’est pas fini. La Cour du travail a un degré d’appel. Si la Cour modifie le jugement initial, la victoire peut mal tourner, avec des conséquences potentiellement dramatiques. Le chômeur qui avait récupéré ses droits devra rembourser le FOREM !
Si le FOREM veut vraiment faire chier le chômeur, il peut toujours aller en Cassation (Il s’en fout, c’est toujours le contribuable qui paie !).
Alors là, bonsoir, le FOREM est gagnant d’office. Le délai en cassation est très long. Il est impossible de s’y défendre seul et les avocats agréés ne se déplacent pas pour des clopinettes (même s’il existe une aide juridique). Il faut vraiment que le plaignant puisse compter sur son syndicat. Seul, il n’a pas les reins assez solides.
Au mois de septembre dernier, nos chers gouvernants ont inventé un « ticket modérateur » forfaitaire de 20 EUR pour un avocat « pro deo », puis 30 € pour la procédure. Le fait de se déclarer insolvable ne suffit plus, il faut présenter des documents.
Alors, la justice pour tous ?
Il paraît que Chodiev est très content de De Decker.