Les regrets de Louis Michel.
Fait-il assez de bruit, Louis Michel, quand il s’excuse (au lieu de les présenter en bon français) depuis cet épisode peu glorieux où il trouvait que pour attirer les professions libérales au Parlement, il ne fallait pas limiter les rémunérations des personnels politiques.
Comme Loulou est toujours au top du démarchage, les gazettes se sont ruées sur ses nouveaux regrets.
Manque de bol, malgré cette menace de ratiboiser les salaires de nos talentueux édiles, le parlement et le sénat sont toujours pris d’assaut par les professions libérales. Assez curieusement les ouvriers et les employés sont à peine représentés.
Si l’on veut plus d’équilibre dans les représentations politiques, il faudrait même descendre en-dessous des 4.800 € proposés. Et encore, personne n’est certain qu’on dégraisserait les travées de la vox populi, des avocats, affiliés en grappes dans tous les partis à cachetons de présence.
« …quelqu'un qui a une profession libérale ne va pas prendre le risque d'être parlementaire", clame-t-il. Manque de pot, il n’y a que ça au parlement. Ça foisonne comme un vol d’étourneaux boulevard de Laveleye.
Au lieu de se plaindre des mails de protestation que sa profession de foi pour l’argent avait suscités, il devrait, au contraire, se réjouir que tant de Belges éprouvent encore le besoin de lui écrire, attendu qu’il n’en a rien à faire, des avis contraires au sien.
On voit bien que Louis Michel n’a aucune idée de ce que devrait être la représentation du peuple.
C’est à se demander si les notions de civisme et d’humanisme, mais aussi de dépassement de soi et d’altruisme n’ont jamais eu un sens pour ce carriériste.
À dire vrai, l’entrepreneur qui sacrifie ses week-ends et ne part jamais plus en vacances depuis qu’il est parlementaire est une image d’Épinal qu’il faut laisser dans l’album de la famille libérale pour ce qu’elle est : une affaire de propagande mensongère.
De la fermeture de la session parlementaire, à sa réouverture en octobre, vous pouvez toujours essayer de toucher un de ces messieurs : tous aux abonnés absents. Quant à Loulou, il est plus un habitué des terrains de golf que des travées du parlement européen.
Certains ministres de ses amis, Bacquelaine par exemple, peut passer ses nuits et ses dimanches au ministère des pensions, tout en gérant son cabinet médical et sa mairie de Chaudfontaine, sans compter bien d’autres prestations de « prestige » où il faut absolument être vu, indépendamment du petit défraiement d’usage, comme cachetonner dans des maisons de retraite.
Fallait-il que Louis Michel soit sûr des médias et de son public, pour oser revenir sur ses affirmations !
Non, bien entendu, Louis Michel ne méprise pas ceux qui lui permettent de s’étaler partout en qualité d’oracle libéral, il fait pire, il prend tout simplement les électeurs pour des imbéciles.
"Je m'explique, je leur dis (...) que je n'ai jamais eu le sentiment de ne pas mériter mon indemnité", dit-il la main sur le cœur. Vu l’état de la Belgique et celui de l’Europe, on peut se poser la question.
Ce grand méritant ne serait responsable de rien ? Et s’il l’est, trouve-t-il encore qu’il ne démérite en rien ? Qu’il a toujours été l’homme de la situation, qu’il n’a jamais eu de mandats payés pour ne rien faire, et que le désastre vers lequel nous courons, il l’a toujours combattu et prévenu, en un mot que le désastre n’est pas un peu le sien ?
Là où je le crois sincère, c’est quand « il s’excuse » auprès des enseignants. Instituteur lui-même au départ, il n’en est sorti que par son coup de chance de porteur de serviette de Jean Gol en compétition féroce avec Didier Reynders.
Là, ils ont eu du bol, l’un et l’autre. Et ce n’est ni par intelligence, force de travail et abnégation de soi que ces deux compères sont entrés dans la catégorie « haut de gamme » mais grâce à un opportunisme qui leur a pas mal réussi.
Pour le reste, question du fric, Louis Michel n’a pas à s’excuser de nous avoir pris du blé pendant toute sa carrière de politicien. Il a fait comme tous les autres. Il s’est servi en pensant à sa famille, réflexe naturel que les fillonnistes connaissent bien.
Alors, bon, son coup de sang pour le carbure, il y a déjà longtemps qu’on n’en parlerait plus, si l’artiste, animé par quelques bizarres scrupules, ne revenait dessus.