Le peuple est intelligent !
Il n’y a vraiment que les élus « du peuple » pour ne pas s’être aperçus des modifications profondes de la psychologie au ras des trottoirs.
Leur ignorance provient essentiellement de leur profond mépris des gens. Ils les ont crus irrémédiablement bêtes ! Or, ils ne l’ont jamais été, les modifications actuelles de comportement laissent à penser qu’ils sont, au contraire, de plus en plus intelligents.
L’équivoque vient de loin, quand les enfants chantaient en chœur la Brabançonne dans les écoles et que les parents croyaient au civisme et à l’intelligence supérieure de leurs élus.
La vertu du peuple alors était conforme à ce que l’élite en attendait. Les gens tenaient profondément à ce qu’ils croyaient. Leur bon cœur aidant, il leur semblait envoyer les meilleurs les représenter au plus haut degré de l’État.
Cela aurait pu rester ainsi indéfiniment, si les élites relâchant leur surveillance ne s’étaient pas mis en tête que cela allait se poursuivre, sans trop se contraindre !.
Paradoxalement la bêtise vient d’en haut, les gens de pouvoir ont presque tous une nature qui finit par les démasquer.
L’exposition des gens riches à la curiosité générale tient à leur ostentation de paraître. Leur autorité « naturelle », n’est en réalité fondée que sur l’idée que les titres, la fonction et la richesse peuvent tout.
Bientôt, à la suite des démêlés du système avec une certaine idéologie opposée, les gens de pouvoir firent déferler sur le peuple une propagande inouïe sur les bienfaits de l’argent, synonyme de liberté, du goût d’entreprendre et de la facilité, grâce à l’effort dans le travail, de se hisser au plus haut niveau à la force des poignets.
Cela ferait une sacrée affiche qui verrait la tête de Fillon à un de ses meetings dire aux passants dans la rue « Vous aussi, vous pouvez devenir riche ! ». Le plus terrible, c’est qu’à la place de la tête de Fillon, n’importe quel politicard belge n’indignerait personne !
Les personnels politiques tombèrent dans le panneau. L’argent était à leur portée. Ils se servirent.
Pendant tout un temps, le peuple, il est vrai, cru pouvoir en faire autant.
Il suffisait d’en ramasser, comme les œufs de Pâques dans les prairies. Mais cette illusion ne dura guère, étant entendu que les exemples de réussite attestent plutôt que ni le travail, ni le mérite, ni l’intelligence n’ont jamais vu triompher tout le monde.
Il est bon de le redire : le peuple est intelligent.
Il a bien compris dans quelle illusion ceux qui ont réussi veulent assujettir les autres qui, de ce point de vue, sont astreints au sacrifice, à seule fin de maintenir cette société dans sa composante actuelle.
Il se rebiffe, le peuple, et il a raison !
Ce qui aurait pu passer comme lettre à la poste, les énormes différences qui conduisent deux existences à intelligence égale, à mérite identique, mais à destin contraire, ne passent plus aujourd’hui.
Qu’un élu mette en poche en revenus complémentaires une année entière de la pension ou du travail d’un technicien, ne passe plus dans l’opinion. Que dire de celui qui dépasse en une année, le revenu de toute une vie d’un labeur quotidien !
Évidemment, ceux qui sont habitués à ces salaires énormes, ne peuvent pas se plier à autre chose que ce qu’ils ont imaginé être une éthique !
Mine de rien, c’est toute la hiérarchie du pouvoir et de l’argent qui est en train de voler en éclat.
Là voilà bien dans de sales draps, cette société qui croyait faire l’innocente, en poussant le peuple à croire des choses, auxquelles au-dessus de son niveau, personne n’a jamais cru !
Le scénario actuel serait parfait : les imposteurs sont démasques, la vertu triomphe et la démocratie passée au karcher repart plus propre qu’avant, sauf, qu’insidieusement, le peuple s’est nourri des fausses valeurs que l’argent génère, il lui semble que c’est à lui d’en profiter en inversant les rôles.
Or, il s’avère que c’est impossible et qu’à défaut d’être tous riches, il faut bien travailler pour autre chose : un idéal, une fiction, une réforme planétaire... une plus grande justice sociale ?
C’est à ce niveau de réflexion que le peuple est sur le point de s’apercevoir, qu’au-delà, le système protège mieux encore le privé, que le public ! Au sommet des tours, dans l’univers feutré de la finance, des squales d’une autre envergure se repaissent de nos viandes. Ces monstrueux personnages sont bien plus redoutables et néfastes que nos minables élus.
Quand il aura atteint ce stade de la réflexion, alors oui, le peuple sera encore beaucoup plus intelligent.