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Un méchant bonhomme !

Il s’est passé quelque chose de rare, hier, sur Antenne 2, lors de l’émission politique du soir.
On n’a jamais vu un candidat aussi acculé dans les cordes que François Fillon poursuivre une candidature très compromise envers et contre tout le monde, lâché par ses amis, soutenu par un quarteron de forcenés de son parti et surveillé de près par la garde rapprochée de Sarkozy.
Force de caractère ? Duplicité farouche ? toutes les interrogations sont bonnes pour ce constat terrible que l’homme, s’il ne devient pas président de la république (une chance sur dix ?), est déshonoré, ruiné, probablement condamné à de la prison ferme, entraînant dans sa chute son parti qui se trouvera alors, au même point de délabrement que le PS !
En chute libre dans les sondages, à un mois du premier tour de l'élection présidentielle, François Fillon a joué son va-tout, et à mon sens l’a perdu !
Trop, c’est trop. Il dénonce la justice, les médias, les fuites sur ses affaires et en dernier ressort, il accuse François Hollande d’être à la tête d’un cabinet noir qui serait le chef d’orchestre de la malveillance !
Quelqu’un a fait remarquer que la tactique de Fillon était ce que préconisait Charles Pasqua quand une affaire lui empoisonnait l’existence : en susciter une deuxième et même une troisième si la deuxième ne suffit pas.
C’est ce qui s’appelle noyer le poisson. Fillon s’y est essayé. Il a échoué parce que c’est trop gros, trop énorme pour un seul homme.
Aussi visé par tout le monde soit-il, il ne doit pourtant pas nier une évidence, sous peine d’être discrédité pour tout le reste, en qualifiant de "calomnie" l'information (pourtant confirmée par une vérification en images) qu'il avait reçu des messages sur son téléphone pendant le débat des six candidats, télévisé sur TF1.
Entre fascination et malaise, de voir cet homme se débattre pris dans la nasse avec ses contradictions, ses mensonges, son amour éhonté de l’argent et aussi ses maladresses (l’affaire des costumes en est une), c’est un spectacle qu’on n’oubliera pas facilement.
Christine Angot, invitée on ne sait à quel titre, a pourtant exprimé un dégout pour l’homme que je partage entièrement, lorsqu’il s’est comparé à Pierre Bérégovoy, pourchassé par « la meute » et qui s’était suicidé sous le « règne » de François Mitterrand.
Avant cela, il avait osé comparer son patrimoine à celui de Jean-Luc Mélenchon !

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Franchement, François Fillon, toujours candidat à la présidence de la république, est un homme dangereux. On n’ose l’imaginer à l’Élysée ! Ses amis non plus du reste.
Concernant le « cabinet noir » de l’Élysée et que Fillon a pratiqué du temps qu’il était le premier ministre de Sarkozy, les journalistes l’ont démenti, mais aussi François Hollande
"Le seul scandale ne concerne pas l'Etat, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice", a-t-il répondu sobrement. .
À la suite de ce fameux débat politique, le dernier de Fillon dans cette émission, les journalistes se posent de bonnes questions. Je ne peux qu’y souscrire : « Qu'a donc cherché à obtenir François Fillon en agissant de la sorte? » se demande le Huffington Post ? « Réactiver le vieux clivage gauche-droite en se choisissant un ennemi emblématique, François Hollande, honni par la droite? Provoquer un effet de souffle pour dynamiter le brasier des affaires? "Trumpiser" jusqu'à l'absurde sa campagne faute de pouvoir redresser la barque? »
Fillon est tout bonnement poussé par le poids des événements à des extrémités qui font fuir ses soutiens. Son programme y perd aussi beaucoup. Au point qu’il est devenu inaudible. Lui-même en y retranchant beaucoup, contribue à le rendre incompréhensible et opaque.
Le sondage traditionnel en fin d’émission a reflété l’impression générale : François Fillon affiche le plus mauvais score, derrière Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon.
Inutile d’écrire que son image personnelle est dans ses chaussettes. Question honnêteté, inutile d’en rajouter. Ce qui signifie que les Français ne sont pas si cons que cela et à part les exaltés de la droite franchouillarde et catholique, son dernier rempart, les autres ont compris et se sont déjà taillés entre le vote Le Pen et le vote Macron.
Où le bonhomme inquiète, c’est lorsqu’il répond à Aurélie Filippetti sur la théorie du complot", "Non seulement je vais l'agiter, mais je vais aller jusqu'au bout".
C’est dire qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui… à moins que la tentation Bérégovoy…

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