À la cloche.
C’est Pâques. On n’est pas obligé de faire appel à une certaine mythologie chrétienne pour aimer voir les enfants emplir leurs petits paniers d’œufs en chocolat disséminés dans le verger.
Il y a tellement peu d’occasions aujourd’hui d’être témoin de choses paisibles et douces, que toutes celles qui passent à portée sont bonnes à prendre.
Pourtant, ce dimanche est annonciateur d’une suite peu rassurante de mauvais jours. Champion de la rage taxatoire, Elio di Rupo dénoncé par l’ancien leader MR, Louis Michel, lorsqu’il jouait les indignés dans l’opposition, a passé le flambeau à son fils Charles, grâce à lui, la Belgique reste en tête des pays les plus taxés au monde.
Cinq gouvernements, des provinces obsolètes et coûteuses, un personnel mandatés extrêmement onéreux, dans ces conditions et pour financer tout cela, on n’a rien trouvé de mieux de faire un saut d’index, d’augmenter la TVA et d’oublier de traquer les fraudeurs fiscaux.
À cause des Michel, les paniers d’œufs sont moins remplis cette année.
Quatre possibles présidents se partagent la vedette chez nos voisins français. Dans une semaine, on sera fixé. À tout prendre pire que Marine Le Pen, François Fillon, s’il est élu, alliera le déshonneur personnel à une politique qui, selon Mélenchon, fera « cracher le sang » des plus pauvres. Il n’y a pas besoin d’être mélenchoniste pour comprendre qu’il a raison.
Neuf mois après un putsch manqué contre Recep Tayyip Erdogan, les Turcs sont appelés à voter ce dimanche 16 avril pour ou contre une révision constitutionnelle. Au programme, suppression du poste de Premier ministre au profit d'un hyperprésident qui concentrera entre ses mains de vastes prérogatives. Vu la propagande unilatérale des partisans du « oui », quitte à trafiquer les urnes, la dictature va tourner la page en Turquie. On va voir si l’Europe va poursuivre sa politique de l’autruche. Il y a fort à parier que oui !
Pour le reste, Trump se charge de la distribution plutôt que de la cueillette des œufs. Celui qu’il a déposé dans la montagne des grottes en Afghanistan est particulièrement gros. Ses petits paniers en sont pleins, notamment ceux qui voyagent en mer de Chine à bord d’un porte-avions.
Pourquoi ne pas passer les fêtes de Pâques à la recherche du bonheur dans des conditions plus favorables, pendant que les enfants sous un ciel plombé de nos inquiétudes et de gros nuages noirs, vivent leur plaisir bien plus simplement que nous ?
Par exemple, Aristote, bien plus tourmenté et donc plus proche de l’Homme 2017, que les deux autres auxquels on l’associe, Socrate et Platon, que nous dit-il du bonheur ?
Il dissocie bonheur et plaisir, ce que nous ne faisons pratiquement plus dans cette société consommant à profusion. Pour lui, le bonheur n’est pas un moment de plaisir, parce que le plaisir est éphémère. Le plaisir passe, le bonheur reste là où l’on a fait ce qu’il fallait pour le garder.
C’est vrai aussi pour les enfants, qui après l’excitation de la découverte des œufs, vont vraisemblablement les manger. L’après, c’est quand le panier est vide et qu’ils vont à d’autres jeux…
C’est quoi le bonheur, au juste ?
Biens matériels, honneurs, vie de contemplation ?
Pour le philosophe, c’est la faculté de penser. Pour Épicure, pas si « bon vivant » que l’on croit, le bonheur, c’est l’ataraxie (tranquillité de l’âme, détachement du plaisir et des passions).
Je préfère Aristote. Le bonheur est le souverain bien, parce que c’est une fin qui se suffit à elle-même. Un état d’esprit déterminé au bonheur par le stoïcisme de Zénon de Cition, nous sommes près à chanter sous la pluie.
« Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les opinions qu'ils en ont. »
Je me demande si Richard III est apte au bonheur ? Par simple coup d’œil en arrière, sa vision du monde et des événements, n’est pas « naturellement » optimiste.
Il se console, on se console comme on peut, par cette ultime réflexion d’Aristote « Le bonheur n’est-ce pas de l’espérer toujours et ne l’avoir jamais ? ».
Manque de chance pour ceux qui lui ressemblent, il ne s’est jamais beaucoup illusionné sur la force de l’espérance pour changer le cours des choses.
Je crois néanmoins - pardon Aristote - que l’homme n’est homme que parmi les Hommes (Axel Henneth) et, par conséquent, que si bonheur il y a, ce n’est que parmi eux qu’on peut le trouver.