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Député, une profession comme une autre.

Une étude vient d’être publiée à l’Université de Strasbourg sur des jeunes militants membres actifs d’un parti, attachés parlementaires ou voués à l’administration d’un parti. D’après les interviews, on se rend compte comme la fonction de député s’est professionnalisée, au point que la motivation principale d’un jeune actif dans les comités, c’est de pouvoir vivre un jour de la politique.
Voilà qui permet de lever le voile sur les conséquences dans le public à travers les récits, d’évaluer cette mutation importante de la fonction : perte d’estime, confusion entre intérêt général et profit personnel, compétition d’accès à la fonction donnant lieu à des débats publics terre à terre, dégradation de l’intérêt pour les institutions et abaissement de l’idée que les citoyens se faisaient de la démocratie.
C’est après avoir lu cette étude essentiellement faite d’interviews de jeunes militants, qu’on s’interroge sur le désamour et la suspicion que le public porte à la fonction représentative.
C’est bien en fonction du genre d’intérêt des jeunes militants qu’il y a lieu de s’inquiéter d’une dérive de la démocratie. Les partis générant des mandats rémunérés seraient une autre forme de bureaux de placement du FOREM.
Pour intégrer le parlementarisme, il n’y a ni école, ni service de placement. Il est intéressant par le mécanisme d’accès de décrypter le processus de professionnalisation et comment une profession de foi est devenue une profession, tout court.
Après avoir beaucoup milité dans un parti, un mandat rémunéré est un retour sur investissement. Le choix d’entrer en politique se fait souvent à des moments d’échecs. C’est particulièrement celui des avocats qui constituent le plus gros bataillon de parlementaires en Belgique. Les salaires des débuts au barreau sont dérisoires, encore heureux d’intégrer un cabinet pour un salaire fixe. Certains ont parfois plus de chance en passant directement de la fin des études à un mandat rémunéré, sans n’avoir vraiment plaidé aucune cause. Le plus connu est Monsieur Reynders, mais actuellement il y en a bien d’autres à carrière extracourte, dans un métier pour lequel ils ont fait des études.
Une carrière politique, c’est aussi un choix par défaut d’une carrière scolaire et professionnelle à laquelle on n’a pu accéder.
Certains deviennent collaborateurs politiques et rentabilisent ainsi leur parcours militant. Vivant dans l’espace d’activités d’un parti, ils prennent les premiers connaissance de la vacance d’un poste.
Bien évidement, être né dans une famille de militants ayant réussi à vivre de mandats rémunérés, donnent aux jeunes de la génération suivante un formidable tremplin du nom de famille et des relations que les parents ont dans les milieux de direction du parti. C’est l’histoire des « fils de… » que l’électeur belge ne se lasse pas d’élire sans en éprouver la moindre gêne.

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Il n’empêche que la plupart des élus sont diplômés de l’enseignement supérieur. Ce n’est certes pas un brevet d’intelligence, mais c’est presque toujours l’assurance du bien dire à défaut du bien penser. C’est aussi une forme de courtoisie particulièrement attentive aux dérives verbales dans des lieux publics.
Napoléon s’est laissé aller à comparer son ministre Talleyrand à « de la merde dans un bas de soie », c’est à peu près vrai pour l’apparence « bas de soie » de nos mandataires et tout aussi probable pour le reste.
L’étude de l’université de Strasbourg ne porte que sur les motivations des jeunes membres d’un parti politique, issus de milieux différents, pour la plupart deuxième ou troisième génération de militants familiaux.
L’étude conclut à la professionnalisation de la fonction par les interviews des jeunes militants mais n’entre pas dans la réalité d’un pays dirigés par des professionnels qui comptent faire une carrière complète « au service » des citoyens.
C’est évidemment le cas en Belgique. S’il y a bien un point commun entre nos représentants et un dictateur d’un pays comme la Syrie, par exemple, c’est bien la volonté de durer.

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