L’Arabie Heureuse de Didier.
Didier Reynders fut longtemps ministre des finances. C’est comme ça, on n’est pas ministre dans une spécialité dont on a les compétences, mais où l’opportunité des dosages entre partis d’une coalition place ses ministrables.
Aux Finances, par exemple, le ministre plastronne, les hauts fonctionnaires dirigent. Reynders y a plastronné beaucoup, a dirigé très peu, a laissé filer les déficits, puis s’est rattrapé sur les citoyens qui n’ont pas les moyens de se défendre : nous.
L’austérité n’est pas de son invention, mais elle concorde bien avec sa vision de l’économie, de l’Europe des affaires et de la mondialisation heureuse pour les gens de sa sorte.
Bref, il n’aura pas laissé un grand souvenir dans ce ministère.
Dans ce gouvernement, on lui a donné les affaires étrangères… va pour les Affaires étrangères.
Il n’y brille pas non plus. Mais, c’est tout l’art du ministre, il a l’air compétent parce qu’il est sentencieux, qu’il parle d’une voix posée et question du trait acéré, il a de beaux restes de ses études de droit.
Et puis les affaires étrangères, c’est l’apogée des salons, des discussions feutrées et des amitiés transnationales. Il décore à tout va des personnalités qui pourront lui servir plus tard. On a vu au ministère, Reynders débordant d’amabilité pour Nicolas Sarkozy qu’il a décoré d’un machin avec grand ruban et tralala.
Voilà enfin un emploi supérieur qui convient le mieux à l’homme déçu par son propre parti et qui n’a pas pu fuir à une Commission européenne, alors qu’il en avait fait la demande à Charles Michel qui, lui-même enquiquiné, avait dû marchander son gouvernement au prix de l’attribution européenne au CD&V.
Entre nous, Michel aurait bien voulu s’en débarrasser. Pour aller contre la volonté du CD&V désireux de caser Marianne Thyssen à l’Europe, Charles ne faisait pas le poids…
Reynders, chouchou des médias, régulièrement aux micros des radios et des télés du pays, tout le monde oublia fissa ce faux départ, l’enthousiaste patriote et faux humble serviteur refit les beau dimanches périphériques.
Comme le printemps tarde, de gros nuages s’amoncellent au-dessus du grand homme.
Les péripéties judiciaires de son ami et voisin Armand De Decker, heureusement en commissionnées plutôt que correctionnalisées jusqu’à présent, risquent de tacher les bas de ses pantalons, puisqu’il aurait traversé à gué les égouts d’Uccle et d’ailleurs dans des circonstances encore à déterminer, en sa compagnie.
La sanction qui le menace et qui l’affecte à l’avance serait celle infligée à Bel Armand, privé de télé depuis que le port noble et la bonne foi qu’il exploitait à merveille intéressent moins RTL que l’embrouille Chodiev. Cette perspective effraie Didier Reynders plus que tout. Perdre ainsi 50 % de sa réclame est presque la peine maximale pour un politique de sa trempe.
Et voilà que l'opposition (écologiste, socialiste et PTB) interpelle le président de la Chambre, Siegfried Bracke, à propos du ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, dans le vote de soutien à l'Arabie Saoudite pour la composition de la commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW).
Reynders aurait voté pour Salmane ben Abdelaziz Al Saoud, le roi absolu d’Arabie pour que ce pays, hautement féministe, entre dans le comité d’éthique pour juger de la condition des femmes.
Les puits de pétrole et le brut en dollars ont toujours enthousiasmé Reynders.
Sommé de s’expliquer, il n’a pas su dégager sa promesse à d’autres obligations. Notamment une visite importante au Luxembourg, sans doute pour être nommé président d’un club de pêche sur l’Alzette.
C’est son camarade Denis Ducarme qui a été chargé du service après vente de cette ignominieuse élection.
Si j’étais membre du PTB, je suggérerais au Comité de direction d’offrir un niqab d’honneur au distingué ministre.
Il pourrait éventuellement l’offrir à son épouse.