L’Armanditude du MR.
Je ne vous conseille pas de voler deux tranches de jambon dans un supermarché qui aussitôt enclencherait une procédure. On connaît des loustics qui se sont retrouvés à biribi pour moins que cela.
Si vous faites partie du camp des immunisés ou si le grand-père a assez volé pour nourrir trois générations, que l’appât du gain est toujours là, et que vous vous faites surprendre à une juteuse combine, par un agent de l’administration que vous avez oublié de soudoyer : pas de panique, un bon cabinet d’avocats « modern style » trop cher pour nos gueules, et vous en avez pour dix ans de copinage avec Barrière-Group au Fouquet's à vous payer les pucelages garantis « miss Venezuela » à cent mille dollars la membrane.
Les palabres tant qu’on veut ! Le bagout, c’est à fifti-fifti entre camelot et député. On en a vu qu’on relaxait, tant on en avait assez de les voir, que l’opinion publique était passée à autre chose, que le procureur avait été muté, que le président de la cour n’avait plus de salive.
Justement, bel Armand est dans le cas. Il présente bien et à l’air honnête, qui dit mieux ?
Entre deux prêches sur l’honneur et la probité, Armand De Decker s’est mis à déconner à la vue d’une mallette que lui tendait un milliardaire moyennant quelques menus services. Quoi de plus naturel dans le milieu des affaires ! Hélas ! quand il s’agit des prolos, ça tourne au scandale. Normal, le mec à la pelleteuse, le garçon de café à la serviette sous le bras, la caissière mi-temps, ça les éblouit tant de ganetouse… Ils se la jouent sévères.
C’est comme si Armand devait se taper le bureau cinq jours semaines pour 1500 € le mois ! Vous verriez son joli minois de délicat, avec les gros mots, pire que Richard III !
Et le voilà à se mouiller pour son client, un peu trop voyant même chez les MR, pourtant habitués avec Kubla et consort aux hautes voltiges compréhensives.
Dans sa hâte de cisailler des coupons, Bel Armand a mouillé beaucoup de monde, à commencer par Monsieur des Affaires étrangères, alors ministre des finances, Didjé Reynders. Habitué du Taj Mahal, le ministre s’est familiarisé avec l’embrouille, entre Ucclois les services vont de soi, mais lui, c’est le parcours sans faute, c’est du jamais pris !
Plus on avance dans la carte de crédit, plus on s’aperçoit que de Leterme, ancien premier ministre, aux collaborateurs de Sarkozy, le deal d’Armand prend de l’ampleur.
On se demande à présent, s’il ne valait pas mieux enterrer l’affaire tout de suite. Une petite transaction à la pépère, un De Decker soudain réceptif du portefeuille et on n’en parlait plus. Arroser tout le monde, le gniard ne peut pas, c’est au-dessus de ses forces. Ça allait bouffer ses bénéfices ! Tous les voyous d’accord : « Armand, fais pas ça ! ».
Pas de kazakhgate, pas de commission, pas de fuite dans les journaux, Chodiev en villégiature à Garmisch-Partenkirchen, les diamantaires au sérieux à la bourse d’Anvers, Reynders plein de rêve à Uccle à la succession communale, enfin quoi… la démocratie dans toute sa splendeur ! Non… en lâcher trop, l’artiste n’a pas pu !
À défaut de quoi, c’est l’esclandre à la Commission. Les MR se découvrent des pudeurs de gazelle, ceux parmi les autres qui n’ont pas touché, grognent et on les comprend. On a vu des gens du MR, par ailleurs fort dignes, se conduire comme des voyous afin d’empêcher l’audition d’un témoin.
Pour se venger de la niaque, des parlementaires ont fait fuiter des ragots dans la presse.
On se demande si c’est bon pour Bel Armand, ce cirque d’État !
Déjà avant Pâques, à la Commission, on se cassait des œufs sur la tête, à propos du dépôt d’une plainte contre X au Parquet, après la divulgation par l'agence BELGA d'une information relative au suivi de l'ex-président du Sénat, Armand De Decker, par la Sûreté de l'Etat.
On se demande, depuis le temps que nos mandataires se frappent le front pour éviter d’essorer leurs linges sales sur la place publique, comment ils n’ont pas encore pondu une loi qui impose le huis clos pour tout parlementaire piquant des ronds à l’État, c’est-à-dire à vous et moi ?
On n’aurait plus que la moitié de leurs stupres et transactions frauduleuses, cela remonterait le moral de la troupe votante et rotant les mauvais jours d’élection.
C’est pas tout, mais quid du sort de Bel Armand, de Reynders, de Leterme et de tellement d’autres que finalement même l’ancien club Dorothée, dont Louis Michel est président d’honneur, serait aussi sur la sellette ?
Quand on pense qu’en France on fait du chichi pour deux costumes ! Il est vrai que le Fillon n’en était pas à son premier essayage, Pénélope en sait quelque chose…
Voilà ce qui manque à De Decker, une Belgique républicaine et lui président !
Peinard pour cinq ans !
Comme les MR sont de mèches avec la N-VA, ce serait peut-être le moment de déposer Philippe et Mathilde sur les chemins de Compostelle avec l’ordre de pousser jusqu’à la villa de Baudouin pour un séjour illimité !
Je l’ai toujours su, les partis ont leurs arnaqueurs de première en tête d’affiche, mais l’imagination n’est pas souvent au rendez-vous.
Ils croient qu’à jouer les timorés les petits vols resteront entre amis. C’est une erreur. Si Fillon avait volé mille costumes, enrichi toute sa famille mieux qu’il ne l’a fait, il jouerait au golf avec Bill Gates et ne se ferait pas chier à faire des meetings à deux balles pour des gens qu’ils détestent.
Le tort d’Armand et du MR, c’est de jouer petit !