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Le tout Poutou !

Après la prestation de Philippe Poutou à la télévision, on s’est aperçu qu’un ouvrier sans belles manières pouvait s'imposer comme un adversaire coriace et avoir des prises de parole efficaces.
Il tranche même sur le ton général, souvent compassé, des grands candidats qui craignent comme la peste, qu’une remarque leur venant spontanément ne déplaise et rebondisse dans les courriels et tweets, si meurtriers parfois de la Toile.
Certes on est loin du beau langage de Science Po, des subtilités de C dans l’air et des mises au point de Christophe Barbier pour amorcer la discussion sous la houlette de Caroline Roux, mais la manière de dire sans tourner autour du pot plaît plus que le souhaiteraient ces beaux oiseaux de la presse parisienne, en relais naturel avec les autres Sciences Po et ENA, les statues équestres indéboulonnables de la République.
Ces derniers jours, un d’entre les journalistes habitués de C dans l’air, Bruno Jeudi, s’est dit franchement hostile au débraillé et aux attaques frontales de Philippe Poutou.
L’apparence de ce mécanicien de l'usine Ford de Blanquefort (Gironde) et candidat du NPA n’est pas compatible avec la fonction de président de la République !
Bruno Jeudi préfère la perfidie et l’âme noire de l’opportuniste avaricieux qui se dissimule sous des oripeaux de chez Arnys et des chemises Charvet.
Il n’empêche, ce ne sont pas les autres candidats qui auraient été capables de river le clou à François Fillon et Marine Le Pen, l’un pour le pillage de la République et l’autre pour celui de l’Europe.

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L’exercice eût embarrassé même un Mélenchon, depuis qu’il a l’objectif de passer le candidat des droites, le triste Fillon.
Bruno Jeudi n’est ni pire, ni meilleur que ses collègues des fins d’après-midi chez Caroline Roux. Les divas de la presse qui ont droit de tabouret à l’émission, sont bien moins accrochées à l’étiquette et au bien dire des grandes écoles, comme Vanessa Schneider et Raphaëlle Bacqué. Elles paraissent même parfois amusées du ton pincé de certains collègues. Par contre, Catherine Nay serait plutôt, par pincements des lèvres et mines exagérément effarouchées, de l’avis du journaliste de Paris Match.
L'ancien ministre de l'Éducation, François Peillon (1). s’y est mis aussi en fustigeant sur Twitter la tenue "débraillée" de Philippe Poutou. Ce socialiste délicat et à l’esprit orné a quand même confondu le marcel avec le t-shirt du candidat, menacé de licenciement chez Ford, avec ses camarades sans que cela n’émeuve personne.
Bref, la presse et les bobos jugent la performance de Philippe Poutou de façon variée. Comme il n’existe plus tellement de journaux d’une gauche ouvrière, que le gauchisme ambiant est plutôt affaire de la gauche caviar de Saint-germain, le représentant du Nouveau Parti Anticapitaliste est assez malmené en général. Les seules appréciations « amusées » et favorables, le sont d’une certaine façon condescendante qui devrait blesser ce militant plus que le flatter. Heureusement que Poutou s’en fout et que ce ne sont pas ces gens de pouvoir qui le feront autrement qu’il n’est. Et il a foutrement raison !
Des éditorialistes de BFMTV ont jugé son attitude «irrespectueuse». Christophe Barbier l'a qualifié de politiquement «dangereux». Tout dépend ce qu’entend par là le journaliste. Si c’est dans le sens premier, alors oui, dangereux est un compliment pour l’homme du peuple.
Toutes la gauche devrait être potentiellement « dangereuse » pour ce pouvoir qui ne lui ressemble en rien.
Seuls Libération et l’AFP ont une opinion plutôt favorable, au point que le candidat aurait crevé l’écran et «acquis une légitimité singulière dans la campagne» (AFP).
Les observateurs étrangers sont curieux du personnage qu’ils ignoraient.
C’est quand même plus facile pour un étranger d’évaluer les fautes de français de Poutou à l’aune de sa propre ignorance du plus-que-parfait du subjonctif. Il y a là une sorte de compagnonnage qui fait passer « l’inculture » après les idées. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, mais que ne supportent pas les normaliens, la chose bien dite restant de loin supérieure à la chose bien pensée.
Reste que Poutou a fait ombrage à ma petite préférée Nathalie Arthaud. C’est que « Nath » est une lettrée comme Mélenchon et pourrait donc passer pour « convenable » chez les bobos. Soit, mais qu’une femme de l’autre côté de la montagne passe volontairement le col et descende fraterniser avec le peuple, c’est encore plus beau !
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1. Le commentaire ci-dessous rend à César... C'est de Luc Ferry qu'il s'agit et non pas de François Peillon. Avec mes excuses pour ce dernier, socialiste français, hors de cause..

Commentaires

Est-ce bienvenu de fustiger une confusion entre "marcel" et "t-shirt", quand on confond "Peillon" avec "Ferry" ?

Bien vu, cher lecteur. En effet, l'enfoiré est bien Luc Ferry.
Je l'ai vu trop tard. Dès lors,je comptais bien faire la correction, quand j'ai lu votre remarque. Je pourrais très bien l'effacer et corriger ensuite.
C'est un principe chez moi de ne jamais toucher aux commentaires.
Aussi cette erreur restera. Je vais juste ajouter "voir le commentaire ci-dessous dans le texte.
Merci à vous.

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