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Adhérer ou pas ?…

Le philosophe a toujours eu une grande réticence à prendre une carte de parti, qu’il soit de gauche ou de droite. Cela tient dans l’obligation qu’a un parti de se situer par rapport aux autres, de s’y tenir afin de rester compréhensible pour ses adhérents. Voilà qui laisse perplexe ceux qui ont conscience de la profusion des moyens et des buts.
D’autre part, il faut bien qu’il y ait un rassemblement quelque part pour qu’un faisceau d’idées plus ou moins concordantes apparaisse, donc qu’il y ait des partis !
En Belgique, l’art du compromis n’est rien d’autre qu’une manière discrète de déroger à la ligne de conduite qui distingue les partis des uns des autres, pour conclure qu’on n’a pas tout le temps raison et les autres, tout le temps tort. Autrement dit qu’un parti ait partiellement tort, sans l’oser pouvoir dire, en s’alliant avec un autre.
C’est au changement d’alliance qu’on se persuade que des partis qui se séparent avaient tout à fait tort quand ils étaient ensemble et tout à fait raison en se séparant.
L’exemple récent tient dans ce que MM. Di Rupo et Magnette pensaient de Benoît Lutgen, avant de décrire ce dernier comme le dernier des saligauds puisqu’ils l’ont assimilé au traître, virtuose du couteau dans le dos.

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Les courants ne sont admis dans les discussions, que s’ils ne cassent pas la ligne du parti. Quand les uns disent blanc et les autres noir, on l’a vu au PS français, la cohabitation entre les deux tendances est quasiment impossible.
C’est une raison qui pousse à rester dans le vague et à se méfier des doctrinaires. Les grands courants de pensée sont souvent ceux qui sont parvenus à détruire les rigidités, pour plus de souplesse d’interprétation.
Raisonne-t-on bien quand on veut avoir raison à tout prix ?
Raisonner c’est user de raison pour chercher la vérité. La raison est un moyen, bien raisonner c’est aller jusqu’à laisser le dernier mot à la vérité, même au point d’avouer qu’on avait tort.
Vouloir avoir raison à tout prix, c’est prendre la raison pour une fin et non plus comme moyen.
La vérité est une fin, tout au moins celle qui ne laisse aucune autre interprétation et permet de laisser une place au doute.
L’art d’accoucher les esprits de la vérité (maïeutique) supposerait que l’accoucheur la détiendrait ! Voilà qui soulève une autre question philosophique : « qu’est-ce que détenir la vérité « ?
« La raison du plus fort est toujours la meilleure » oui, mais est-ce qu’une raison « meilleure » n’est pas déjà un rapport de force entre raison et vérité ?
« La force n’est maîtresse que de ses actions extérieures, elle ne fait rien au royaume des savants » (Pascal).
Il faut vouloir être raisonnable, mais non pas vouloir avoir raison.
Voilà pourquoi un philosophe a tant de mal à s’intégrer dans un parti, toujours promoteur d’une pensée de groupe.
Ce qui revient à se demander si la pensée collective faite de lacunes volontaires et de raisons secrètes peut conduire à une vérité universelle ?
C’est une question fondamentale, qu’en conscience l’Homme s’est toujours posé sans avoir trouvé de réponse.
La démocratie n’y a pas répondu, quand elle résout ses problèmes en tranchant par une majorité, l’art de gouverner les Hommes.

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