Les nouveaux serfs.
Créer des sous-hommes pour le travail domestique et pour servir de pièces de rechange, on n’a pas encore osé en arriver là officiellement. Officieusement on y travaille : l’enseignement en élaborant des programmes afin de répondre aux demandes des entreprises, les secteurs d’activité en réduisant au minimum les initiatives au plus bas niveau (behaviorisme).
Que deviendra l’humanité, quand des milliards de personnes seront réduites à l’état de machines aux pièces interchangeables ?
Depuis que l’Homme a découvert des armes pour l’aider à tuer, il n’a cessé d’évoluer jusqu’au plan économique actuel qui n’est rien d’autre qu’une sophistication suprême d’un armement sans arme apparente et qui conduit à travailler jusqu’à la mort, ou presque, sans apparence d’agression, mais qui en est bien une cependant.
L’exemple japonais (lire les articles de presse sur le travail à Tokyo et dans les grandes villes) illustre parfaitement cet assassinat déguisé en suicide, qu’est « une carrière ».
Julian Offray de la Metterie (1709), philosophe et médecin, est un cynique qui avait deviné avant le système Parker qu’on pouvait, en étant débarrassé de la morale, considérer le corps humain comme une horloge. Un habile horloger, non seulement réparerait les rouages, mais aussi les assemblerait de façon diverse, pour les rendre aptes à des tâches spécifiques de la meilleure manière possible.
Aujourd’hui, on pourrait dire que l’homme d’un point de vue psychologique est un ordinateur. L’industrie n’a nul besoin de l’universalité potentielle qui est en chaque individu, certes de façon diverse et irrationnelle, mais qu’elle soit faible ou importante, le contrat de travail n’utilise que les circuits convenus pour des tâches déterminées, le reste, soit la plus grande partie, est obligatoirement éteint. Or, en électronique, ce qui ne fonctionne pas peut se dégrader rapidement. Le cerveau humain agit de façon identique. Il faut à l’homme une exceptionnelle résistance pour rester trente ans de sa vie sur une chaîne de montage et conserver intacte ses facultés de raisonnement et d’intelligence.
Les ingénieurs et les chefs de personnel utilisent la technique des 3 D. pour garder la main sur les travailleurs de base.
1. Affaiblissement (Debility) – pas d’initiative – pas de temps morts – pas de gestes inutiles ;
2. Terreur (Dread) – le spectre du chômage – la mise en concurrence – le favoritisme délibéré (zizanie et jalousie dans les groupes) ;
3. Dépendance (Dependency) – fantaisie des horaires – variation du nombre d’heures de travail (cumul sur quelque jours, puis mise-à-pied, chômage, inquiétude du lendemain.
L’armée des contrôleurs du comportement passe inaperçue sous l’apparence des psy, guides et donneurs de conseil. En 2017, cela commence très tôt, dès le secondaire où des « spécialistes » évaluent les aptitudes des étudiants.
Le FOREM développe une armée de placeurs qui donne des cours sur l’art de se présenter chez un employeur ou de rédiger une demande d’emploi, avec production de CV et de références.
C’est au moment où l’adolescent a besoin de s’affirmer et d’imaginer son avenir qu’on le matraque d’une série de recommandations dans le but manifeste de l’intégrer dans un moule, sans lui demander si cela lui convient. S’il réagit de manière négative, il se place en-dehors des normes, son calvaire va commencer.
Cela conduit à la société que l’on connaît : une société robotisée, conventionnelle de laquelle émergent des hypocrites et des cyniques, adaptés parfaitement aux études poussées « valorisantes » et décalées du vaste ensemble des travailleurs, par des salaires astronomiques et disproportionnés.
Une seule devise : faire de bons citoyens, de bons athlètes, de bons ouvriers. Ils y parviennent !