Lâché-prise à la N-VA.
Je ne sais plus qui, dans la presse flamande, a fait remarquer que Bart De Wever perdait de plus en plus facilement son sang-froid.
Tant qu’un homme politique n’a pas subi de revers, on a du mal à tester sa capacité de résistance à des déconvenues, des pertes de points dans les sondages et des élections ratées. Bart De Wever est parti de peu, a étonné tout le monde jusqu’à devenir le président du plus important parti flamand. Son ascension n’a jamais connu de temps mort.
La N-VA est sur une crête. Elle est probablement en train de régresser. C’est la première fois que la N-VA est en danger et pourrait perdre des sièges aux prochaines élections. Le comportement de son chef pourrait devenir inquiétant pour son parti et pour la Flandre.
À quelques anecdotes qui remontent à l’année dernière rapportées dans De Standaard, on devine que le bourgmestre d’Anvers n’est plus le faraud président de la N-VA qui se promenait dans une camionnette remplie de faux billets de banque (spécimens) en annonçant par haut-parleur que c’était ce que donnaient les Flamands chaque année à la Wallonie.
Bart De Wever marche à la popularité et au succès. Les revers le contrarient. Ce qu’il déteste par-dessus tout, c’est de voir le Vlaams Belang monter quand lui baisse dans les sondages. Et c’est le cas en ce moment.
Lui le spécialiste du siphonage, qui a pratiquement réduit le CD&V de moitié et qui a si bien essoré le Vlaams Belang, voilà que ses deux rivaux, qui courent à peu près le même électorat que lui, reprennent du souffle à son détriment !
Personne en politique n’aime perdre. C’est entendu. Mais, en le montrant trop bien au public, De Wever s’affirme mauvais joueur et attire l’attention de tout le monde sur sa baisse de forme. Et là, politiquement, c’est une faute.
Enfin, en s’attaquant au journal De Standaard comme il vient de le faire et particulièrement à un certain Brinckman, dans le ton et la manière que rapporte Daardaar, franchement on ne le reconnaît plus. Il a pété les plombs !
Envoyer deux pages à la suite d’un article de Brinckman, sur la fuite de deux truands de la cour d’appel d’Anvers, que le journaliste prétend être une bourde de la police anversoise et non pas de la justice, un droit de réponse de quelques lignes eût suffi. La réaction inappropriée de Bart De Wever montre un homme trop sensible, quand en Flandre, on touche à son égo (1).
En plus, c’est moche. Parce qu’il s’étend sur le cas du seul Brinckman et on voit bien qu’il a un ressentiment ancien pour l’homme. Il veut la peau de Brinckman à De Standaard.
Quand nos charmants caméléons des trois partis francophones se voient reprocher des choses par la presse, jamais ils ne s’en plaignent publiquement.
Bien sûr, la presse flamande est plus directe que la presse francophone, malgré tout, il faut reconnaître que nos politiciens sont plus mariolles que De Wever en ce domaine.
Le début de la lettre à De Standaard dit tout « Quiconque lit encore régulièrement le jadis très sérieux journal De Standaard – que je ne recommanderais guère plus à personne aujourd’hui – aura constaté que le sieur Bart Brinckman, qui travaille pour ce quotidien, dispose de carte blanche pour satisfaire des envies personnelles de vengeance à mon égard. »
La seule intéressante nouvelle que Bart De Wever peut en retirer, c’est qu’il compte encore beaucoup dans le paysage politique flamand, puisque les journaux ont publié in extenso sa prose vengeresse.
Reste le sort du sieur Brinckman. Tout dépendra de ce que pense le journal de Bart De Wever. Si Brinckman poursuit sa carrière de pourfendeur du bourgmestre d’Anvers, c’est que le journal est persuadé que les élections prochaines ne seront pas favorables à la N-VA.
Les paris sont ouverts.
---
1. Les attaques de la presse francophone – de plus en plus rares depuis que le gouvernement fédéral a besoin de l’aide des médias bruxellois – font une bonne publicité à De Wever, ce qui a contribué à sa popularité en Flandre.