L’économie irréaliste !
En économie, il y a deux écoles qui s’affrontent celle qui pense que le plein emploi peut encore être possible dans notre système mondialisé sans toucher aux libertés d’entreprendre et de concurrence, l’autre qui considère, avec l’arrivée du numérique et les pertes d’emplois qu’elle génère, que la course pour le plein emploi est perdue d’avance et qu’il faut, par voie de conséquence, trouver une autre relation entre les propriétaires des biens et ceux qui les réalisent (hé oui ! ce ne sont pas les mêmes), tout en ne sortant pas de l’économie de marché.
La droite la plus bête du monde n’est pas française, elle est belge !
Évidemment, sous la pression flamande essentiellement conservatrice, notre gouvernement est convaincu que la première école est la seule qui vaille.
Il n’y aura donc aucune tentative de la part de Charles Michel d’emménager par le pouvoir politique un contrecoup moins douloureux que cette perte d’emplois massive laisse entrevoir. Il n’y aura même pas le souffle d’une réflexion.
Cela signifie que sous la pression de Kriss Peeters (CD&V), ministre fédéral de l’emploi et la passivité de Charles Michel, premier ministre, l’État belge s’engage derrière la politique allemande de l’emploi.
Cette politique est simple. Elle consiste à sous-payer les personnels, sous la pression constante des contrats temporaires et des indemnités de chômage de plus en plus réduites dans le temps et leur importance.
Effectivement, dans ces conditions, l’Allemagne est « la bonne élève » de cette politique économique et son taux de chômage est inférieur au nôtre.
L’argument de Kriss Peeters et tous ceux qui adhèrent à cette école tient dans la certitude que cette politique, pour l’heure antisociale, va permettre une relance de l’emploi, ce qui à plus longue échéance retissera une économie prospère qui permettra aux salaires de repartir à la hausse.
C’est par une aberration de l’esprit et un manque complet d’analyse que les adhérents à cette école croient pouvoir faire repartir la machine économique, version des Trente Glorieuses, comme si près de cinquante années plus tard, tout était resté en place dans les mêmes conditions libérales et sociétales.
C’est avec consternation et en désespérant de l’intelligence de nos dirigeants politiques que j’ai lu dans De Tijd, cette déclaration de Peeters à propos de l’objectif du plein emploi « Notre pays doit oser avoir la même ambition que celle de la chancelière Angela Merkel en Allemagne ».
Que l’on ne s’y trompe pas, pas plus que les syndicats, la FEB patronale ne croit à ce renouveau par les anciennes méthodes. Mais, ce bois de rallonge, est toujours bon à prendre, puisqu’il va permettre aux entreprises de réaliser davantage de bénéfices obtenus sur les coûts de main-d’œuvre.
Voulez-vous que je vous dise, oui, il y a moyen pour le système capitaliste de durer encore un peu. Il lui suffirait de mettre de l’eau dans son vin et de voir la réalité en face. C’est la deuxième école. Ce ne serait qu’un bouleversement en surface, qui répartirait le temps de travail, tout en maintenant le pouvoir d’achat, grâce à une autre répartition des plus-values générées par les bénéfices. Pour cela il faudrait un consensus plus large à hauteur de l’Europe, par exemple. Cela permettrait aux riches de le rester et aux pauvres de l’être moins. Le climat général des affaires serait inchangé et les libéraux en auraient encore pour un bout de temps à ne pas s’en faire.
À défaut de quoi, on entre dans une période de turbulence dans laquelle tout peut arriver.
C’est là un drame humain que ne perçoivent pas les gens qui ont réussi dans ce système parce qu’il faut avoir un certain égoïsme et un grand narcissisme pour y réussir et, par conséquent, il leur manque une vision d’ensemble… le sens de l’altérité, c’est-à-dire la connaissance des autres dans leur affect.
Je dis bien encore un bout de temps, une prolongation du système si l’on veut, parce que de toute façon d’ici la fin du siècle, tout sera plié, éparpillé façon puzzle comme dirait Audiard.
Et vous savez pourquoi ?
Parce que selon les prévisions démographiques en l’an 2100, nous serons dix milliards !
Comme il n’y aura aucun consensus entre les riches et les pauvres dans des pays comme le nôtre, face au déferlement des populations d’Afrique et d’Orient, la montée des eaux, et d’autres calamités dont les guerres de religion ne sont pas à exclure, les pouvoirs en place seront fort incapables de mobiliser des petits soldats que nous avons été dans les deux dernières guerres, pour mourir pour eux à défendre leur nouvelle « noble » cause !