Les gens ne sont pas la population !
Les gens n’intéressent le Haut-Lieu que dans la mesure où ils rapportent de l’argent à leurs patrons et à l’état. Ce n’est seulement que sous ces deux particularités qu’ils sont utiles. Par contre, pour le peuple, soit l’ensemble des gens, il n’y a pas de superlatif assez beau. Alors, que les gens n’intéressent personne, voilà que regroupés, les puissants ne tarissent pas d’éloge pour cette entité vague qui devient soudainement le cœur de la patrie, ce pourquoi les grands responsables ont des pensées les plus élevées qui soient.
C’est curieux tout de même, cet engouement pour le peuple, alors qu’il n’est constitué que de gens !
Le dégoût venu du haut accable les gens du bas qui n’en peuvent. On dirait que les puissants font payer aux gens l’amour absolu qu’ils vouent au peuple, symbole de la patrie.
Comme si les gens n’étaient pas les fils qui font l’étoffe du drapeau, comme s’il était possible de parler de la population en évacuant l’idée même des gens.
Ce désamour est bien perçu tout en bas de l’échelle sociale.
Beaucoup pensent que si les Michel, Dedecker, Reynders, Lutgen et Di Rupo et tous les autres ne nous aiment pas individuellement, c’est parce qu’ils nous aiment trop en tant que peuple !
Quand on gagne au minimum plus de cinq mille euros par mois, c’est difficile d’apprécier les gens autrement que par ouï-dire ; mais, c’est surtout parce qu’ils ne sont pas philosophes, qu’ils sont âpres au gain et qu’ils estiment qu’ils ont trop de mérites non récompensés, comme Louis Michel, qu’ils sont jaloux de nous. Ils leur semblent que nous gagnons trop par rapport à leurs immenses mérites à peine reconnus et mal payés.
Beaucoup ne nous aiment pas aussi, parce qu’ils cachent leur peur de nous sous leur mépris. Cela les irrite d’en convenir. Ils fanfaronnent sur les estrades mais dans le fond, ils craignent le pavé dans la gueule, un geste brusque, un moment d’exaspération d’une masse qu’ils jugent inculte et incapable de mettre les points sur les « i »…
La plupart pensent de nous « Heureusement qu’ils sont bêtes, sans quoi ils seraient dangereux ! ». Notre inculture les rassure, notre incapacité à les comprendre les ravit.
Heureusement pour eux, les gens ne s’aiment pas beaucoup. Sinon, il y a déjà longtemps que les gens auraient pris le pouvoir. Tous les maniaques de la notoriété et du respect qu’on leur doit seraient à la soupe populaire avant de courir l’emploi, comme tous les imbéciles que leurs lois malmènent… Un emploi, vu leur peu d’aptitude à rien, sinon à commander, effraierait de nouveaux donneurs d’ordre.
Nos ténors tiennent la rampe. Ils savent que cela n’arrivera pas, tout au moins pas tout de suite. Tant qu’ils embrasseront toute la population dans un grand geste d’amour, ils seront presque débarrassés de la peur des gens.
Les gens seront divisés sur l’état de leur service et sur leur pouvoir, tant qu’ils souscrivent à la pensée des maîtres. On ne se débarrasse pas facilement de la condition d’esclave. En principe, on ne croit pas qu’on l’est. On croit même que ceux qui vous le disent racontent des sornettes, que ce sont des communistes qui veulent violer les plus belles femmes et qui ont dix montres volées sur les cadavres de patriotes à chaque bras.
Quand on croit cela, on pense comme ces messieurs de la haute ou comme le journal La Meuse.
C’est infiniment dur de se débarrasser de ces clichés, surtout qu’ils ne sont pas venus dans la tête des gens, tout à fait seuls, des démagogues, les patrons et jusqu’à la concierge racontent des histoires de guerre froide, avec des variantes, selon l’humeur des leaders.
Remonter la pente, n’est pas donné à n’importe qui. Il y faut du sang-froid et l’esprit critique de qui n’a pas froid aux yeux.
C’est dur de renverser un symbole. Ceux en qui vous croyiez et en qui vous espériez de l’aide, s’empresseront de vous dénoncer aux autorités.
Pour la sécurité de la société bourgeoise, il faut les exterminer. Ils polluent le travailleur qui perd son enthousiasme et le chômeur qui perd ses indemnités.
Certaines règles sont nécessaires à l’harmonie des dysfonctionnements sociaux..
La première veut qu’il faille des quantités de médiocres pour quelques élus. La richesse est la récompense du pauvre, quand il réussit à coups de savates sur la tête des gens.
La deuxième, enjoint que les mensonges sont les vérités indispensables, sans lesquels aucune vie sociale n’est possible en démocratie.
La troisième enfin incite les gens à la fermer sous peine de voir la démocratie s’installer ailleurs avec le patronat, ce qui mettrait nos élus dans l’obligation d’être encore plus sévères avec les gens.
Et si vous en voulez une quatrième, ne comptez pas sur l’auteur de ce blog pour faire une barricade à lui tout seul. Certes, je veux bien passer pour un con, mais à condition de l’être avec une multitude d’autres.