L’excès et l’insignifiance.
Nous sommes les champions du monde du nombre de mandataires par rapport à la population. C’est mondialement connu et souligné. Alors que Macron se rend compte que la France pourrait menacer ce record, il va faire en sorte d’en diminuer le nombre. La suppression des cumuls et des sources de revenus en Wallonie et à Bruxelles, au contraire, va les multiplier !
Parfois la vertu est en contradiction avec la mathématique !
La triplette qui va pousser le PS en-dehors de la gouvernance de la Wallonie n’est pas plus vertueuse.
Car, il ne faut pas se faire d’illusion, il ne sera pas procédé à la suppression des neuf provinces. Il n’y aura pas restructuration dans aucune des Administrations publiques. Les têtes de gondole des partis en rendant leurs doubles, voire leurs triples casquettes, les chefs couronneront instantanément les postulants en attente.
Comme nous sommes à l’époque du superlatif, nos champions du monde ont trouvé leurs hyper-champions : les mandataires bruxellois.
Elio Di Rupo avait déjà dû recaser Rudy Demotte à la tête de quelque chose où ça gagne bien, lorsque ce dernier perdit le poste de ministre-président de Wallonie au profit de Paul Magnette. Jusque là, le ministre-président cumulait avec la présidence du FWB (Fédération Wallonie Bruxelles). Demotte devint le président du FWB avec tout le tralala et les indemnités adéquates.
À l’époque, c’était passé comme une lettre à la poste.
Demotte est la cerise sur le gâteau bruxellois. Bruxelles mène une politique désastreuse avec un personnel politique de plus en plus nombreux. Si Demotte n’est pas tout à fait repris dans le cadre administratif bruxellois, il en devient le symbole.
Selon un rapport récent de la VUB, la Région de Bruxelles-Capitale compte 166 ministres, bourgmestres, échevins et présidents de CPAS. C’est environ autant qu’Anvers (64), Berlin (71) et Paris (42) ensemble. (Daardaar magazine).
Puisqu’on n’arrive pas à persuader les personnels politiques d’un peu plus de retenue, dans cette période de traque aux petites dépenses, surtout au niveau des CPAS et du chômage, qu’on nomme les onze millions de Belges conseillers communaux, qu’on multiplie à l’infini le nombre d’échevins, qu’on fasse que chaque bourgmestre soit jumelé à une quinzaine d’autres dans sa commune ! Atteindre les dix mille députés et sénateurs deviendrait un objectif, les ministres auraient besoin d’un hall de mille places au moins, tandis que les premiers ministres seraient cinq en alternance.
La dynastie serait sollicitée pour arriver à cinq rois régnant en même temps et on construirait sur des terrains disponibles quatre châteaux supplémentaire.
Si la démocratie s’estimait au nombre d’élus, on se situerait au plus haut niveau, alors qu’on frise plutôt le niveau zéro de la qualité et de l'éthique.
Évidemment, ce serait la faillite rapide de l’État. On enverrait Reynders et dix homologues négocier un prêt au FMI, tandis que les cinq premiers ministres imploreraient à l’Europe, des moyens accrus pour équilibrer le budget.
Tout ce qui est excessif est insignifiant, tonnerait Eyskens debout sur sa chaise percée.
Si cette réflexion est justifiée, il n’y a encore personne qui a su définir à partir de quelle pléthore nos hommes politiques étaient dans l’excès.
Sinon qu’en qualité de champions du monde du nombre de mandataires, nous ne devons pas en être loin.
Pour rester à égalité avec nous-mêmes, il resterait à prouver qu’une insignifiance trop manifeste peut s’appeler une insignifiance excessive.
On attend que Monsieur Eyskens se soit torché le cul depuis sa chaise percée, pour qu’il nous fasse un discours bien senti sur le sujet.