Gentrification et boboïsme.
La chronique d’hier n’abordait pas un sujet tellement futile. Elle tentait l’image d’une pensée collective comme une marée qui monterait de tous les côtés à la fois. Sans rapport avec la lune, elle ne reposerait que sur de vagues présomptions d’innocence ou de culpabilité, qui font les courants d’opinion qui durent.
Ce n’est pas pour autant que les « bobos » du PS sont absous. Cela signifie que les véritables motifs qui feront tomber le PS aux prochaines élections, sont ailleurs.
Cette défaite tiendra au manque d’adhérence du PS à la réalité de la vie des gens, qu’il est censé défendre. Le PS est rongé jusqu’à l’os par sa dérive bourgeoise. Il ne peut plus revenir en arrière. Il est fichu parce qu’il a glissé d’un créneau à un autre, sans s’en rendre compte !
La moralisation de la vie politique est un vrai sujet. Combattre la défiance profonde d'une majorité de nos concitoyens, vis-à-vis de la politique par l’exemple, est ce qui aura manqué à l’ancien parti ouvrier.
Les autres partis de pouvoir n’ont pas besoin de cela pour subsister. On sait que les électeurs du MR sont viscéralement contre toute expérience socialiste. Ce ne sont pas les guignols qui les représentent qui les ont séduits. Ces messieurs de la direction du parti sont tout à fait incapables de nous émerveiller par la connaissance des problèmes économiques que le capitalisme serait censé résoudre. Mais ces batteurs d’estrade, qui n’ont pas besoin de se cacher pour être de parfaits bobos de droite, sont portés par la foi du public dans le système.
Depuis quelques temps, ce fluide magique de la même nature mais attaché à la cause inverse, est en train de fondre comme glace au soleil, au détriment du PS.
L’opinion, c’est comme un iceberg qui arrive en eau plus chaude. L’engouement ancien fond et rien ne peut empêcher ce phénomène.
Pour son malheur, le PS ne s’en est pas soucié. Il a cru qu’il serait accompagné par l’opinion, dans sa propre dérive socio-libérale. Comme le système économique n’est pas près de changer, les vaches maigres suivent immanquablement les vaches grasses. La misère revient. Les mesures d’austérité décapitent la sécurité sociale. Les exclus ne vivent plus décemment. Ce scénar catastrophe n’était pas prévu par le PS.
Quand il était premier ministre, Di Rupo a même cru que ses mesures pour dézinguer certaines catégories de chômeur n’allaient être que provisoires ! C’est dire quel piètre économiste il est, à peu près aussi nul que Charles Michel !
Pour suivre les autres pays de l’UE, la Belgique officielle promeut le travail intérimaire, l’emploi très partiel, le salaire à deux euros, sa solution miracle les regards tournés vers l’Allemagne. Si Lutgen n’avait pas eu un coup de sang, le PS serait en train de faire le boulot que Borsu va initier à la Région avec l’appui de son chef au Fédéral. C’est dire la vitesse accrue que le PS aurait eue pour glisser de son piédestal.
Mais revenons à l’opinion.
L’actuel parlement n’a pas vraiment changé la nature des rapports entre lui et le peuple, par les économies et restrictions miniatures qu’il a amorcées dans ses rangs. Les affaires de corruption – enfin celles qui sont portées à notre connaissance – traînent trop dans les prétoires. Les magistrats croulent sous les dossiers. Voilà une bonne occasion pour ceux qui ont le cœur à droite, de les placer sous la pile.
D’autres causes plus profondes que le boboïsme, taraudent la démocratie comme des vers à bois. Le désastre économique que les gouvernements ne veulent pas assumer abime les conditions de vie des gens. De mémoire d’homme, on n’a jamais vu autant de promesses non tenues d’améliorer le sort de la population.
Le mois dernier encore, l‘ineffable Bacquelaine était en train d’expliquer que la privatisation des pensions par une épargne spécialisée allait ragaillardir les vieux. Comme si un ouvrier avec femme et enfants pouvait mettre de l’argent de côté pour ses vieux jours ! Pour le coup, il se sentait autorisé à parler du salaire « réel » qui serait pris en considération pour le calcul de la pension. Là encore, les chômeurs âgés vont trinquer.
Ce décalage incessant entre les discours et la réalité donne des décisions ahurissantes au passage à l’acte.
Les catégories socialement les plus défavorisées boivent la tasse. Logique, nous entrons dans l’ère Borsu. Et l’opinion tient le PS pour responsable de cette glissade à droite et pas Lutgen qui a toujours été le mauvais nageur, jeté dans une piscine où il va se noyer.
Le contexte de déliquescence démocratique est atteint. Le mal qui ronge la vie politique est tellement bien installé au cœur du système que les gens sentent le besoin d’un karcher, pour tout déparasiter.
Le pouvoir de l'argent a dépassé ses espérances, mais trop peut-être.
Peut-être qu’un jour les classes moyennes sortiront de leur adoration du capitalisme irraisonné pour faire cause commune avec les gens « d’en dessous ».
Alors, oui, bobos de gauche et bobos de droite auront chaud aux fesses.