Pognon, charmeur perfide...
Le fait d’adhérer à la société libérale conduit à la violence. Elle est trop hiérarchisée et les valeurs qu’elle crée et distribue au regard de certains services, comme à l’inverse, ceux qu’elle dédaigne et estime sans valeur, font des entreprises une jungle et des lieux politiques... des champs de bataille.
Les défoulements y sont essentiellement brutaux et sans comparaison dans la nature.
Pourquoi même armés des grands principes, lutte-t-on les uns contre les autres ?
Si des espèces communes entre elles se tiennent parfois à distance, rares sont celles qui s’entredévorent.
Nous n’avons pas cette sagesse là.
La lutte est une concurrence et la concurrence est le principal levier du système économique libéral.
La violence est liée à la division du travail et au développement anarchique des sociétés modernes. Je ne comprendrai jamais ce que le libéralisme trouve de merveilleux dans une liberté du commerce qui se situe résolument contre toutes les autres libertés.
C’est faux disent certains.
L’agression n’a rien de pathologique ou de mauvais. Elle est un instinct. Et de citer Konrad Lorenz, la vie des insectes, la parade amoureuse et les rivalités claniques aboutissant à l’instinct de combat contre son congénère.
Mais il n’existe pas d’agressivité trop sanglante chez les primates, nos frères. On n’y retrouve que des jeux, des parades, des risques mesurés. Les accidents y sont rares. Les exclus ne sont pas mis à mort, même si l’exclusion d’un clan dans un milieu hostile équivaut à une mort différée.
L’Homme a inventé des mécanismes ingénieux pour diriger l’agressivité vers des voies inoffensives. Hélas ! il manque à l’Homme libéral un dispositif de sécurité à l’instinct d’agression qui semble avoir dépassé son utilité dans les lois du commerce.
La mort sociale du chômeur, du sans-abri, du vieil indigent reste une réalité malgré des filets de sécurité qui atténuent la violence de la société libérale. Cette mince protection n’empêche que les suicides de masse, les pogroms et les assassinats de situation. Cette sécurité concédée sur l’efficacité maximale est la preuve même de la brutalité des temps, du mensonge du discours libéral et de la folie de ce système.
Le discours du réalisme politique devrait tenir compte de l’inefficacité morale supérieure, en principe, à l’efficacité matérielle d’une société qui retourne ainsi à la barbarie. Or, il ne l’est pas, puisque ceux qui devraient le tenir ont confisqué la parole de la multitude, par une manipulation des règles et des lois dont ils sont les gardiens absolus et dissolus.
Il se pourrait, dans un avenir pas trop lointain, que seuls deux partis antagonistes persisteraient à l’affrontement, comme dans les sociétés primitives du mâle dominant.
Le mâle dominant serait l’image forte d’une société libérale poussée à des extrémités dans un parti ayant conquis tous les pouvoirs et les conservant à l’aide du trucage permanent et du suffrage universel manipulé. Face à cet ordre puissant, une multitude non structurée où seule un petit parti contestataire essaierait, tant bien que mal, de survivre quoiqu’ayant contre lui le pouvoir de l’argent qui fait l’opinion des masses subjuguées.
Cet avenir peu engageant est possible.
La faiblesse du personnel politique réside dans la pensée unique qui ne voit d’avenir que dans le système libéral. Petit à petit, de concession en concession, la loi publique n’est presque plus qu’une loi relative aux finances, à l’industrie et au commerce.
Et ça, c’est le commencement de la fin d’une certaine idée de la démocratie.