Rentrée à la belge-téloche.
« C’est pas tous les jours dimanche » est reparti pour une saison, avec un Christophe Deborsu barbu. C’est à peu près toute la nouveauté de cette émission politique qui a battu la RTBF par l’audience, ce qui ne signifie rien d’autre en soi et n’explique pas l’engouement. De même, cela n’entend pas que la télé Reyers soit injustement dépréciée.
Il suffirait d’un type intelligent à la gestion des programmes à la RTBF pour renverser la tendance. Il est vrai que les libéraux n’aiment pas l’État et privilégient le privé. C’est un paradoxe, parce qu’en fin de compte, c’est le public qui paie tout le monde.
Donc, la RTBF bat en retraite. On essaie « Les décodeurs » de 10 à 11.
Dimanche prochain, je m’assurerai que Florence Hainaut retrouve la flamme dès potron-minet qu’elle avait perdue, d’autant que la mienne ne s’est jamais éteinte pour son talent.
Les chroniqueurs d’RTL ne sont pas des cadors du métier, la direction de la RTBF devrait le savoir.
Les débats politiques restent le point faible de nos télévisions. Les quatre palotins du père Ubu Deborsu ont pris un an de plus, c’est tout ce que l’on peut en dire.
Ils sont trop timorés, trop d’accord à l’avance, trop typés dans le panachage politique. On devine sur le champ de quel bord ils sont. Ils sont centriste jusqu’au fond des tripes, comme un Chinois est de Chine, sauf Madame Praet, plus à droite que les trois autres.
On est loin de la culture et du savoir-faire des chroniqueurs français, de la liberté de ton des télévisions anglaises et surtout américaines.
Ce dimanche encore on a sursauté devant la projection d’un graphique montrant le PTB dépassant largement le PS et, une fois de plus, absent sur le plateau, alors que Écolo et Defi, comme le cdH, étaient largement représentés.
J’ai été agréablement surpris de la prestation d’Élio Di Rupo que les autres essayaient d’enfoncer. Le président du Ps a remis les pendules à l’heure et montré à quel point Benoît Lutgen avait eu une attitude indigne, dans le mépris des engagements du cdH.
Olivier Maingain a dénoncé la démarche peu (ou trop) réfléchie de Benoît Lutgen, ajoutant qu’il mettait sérieusement en difficulté l’ensemble des francophones.
Le journaliste Rik Van Cauwelaert, interrogé par Deborsu, prétend que les vice-premiers ministres flamands du gouvernement fédéral avaient été informés par le MR de l’intention du président du cdH, avant que celui-ci ne procède à son annonce surprise du 19 juin dernier.
C’est le seul scoop, mais c’en est un de taille. Cette info confirme que loin d’être conduit par une soudaine indignation, Lutgen avait pris sa décision froidement, bien avant son coup de bluff.
Dans l’ombre, Lutgen complotait avec le MR un changement de majorité !
Évidemment, la tête sur le blog, il jurera le contraire, comme son nouveau compère Charles Michel ! Mais cela en dit long sur la duplicité de Lutgen et ses calculs bassement électoralistes.
Ce qui fit dire à Maingain dans la seule séquence vraiment intéressante de l’émission :
«…quelle est la finalité de la déclaration de Benoît Lutgen : changer de maître, via le MR, pour être prêt à rejoindre la majorité fédérale avec la N-VA dans les mois et années à venir»,
Dans les nouvelles têtes projetées sur écran, on a vu plusieurs fois Alda Greoli, une créature de Benoît Lutgen, jamais élue, et cependant au four et au moulin. C’est la Pauline Carton du cdH. Tout le monde s’attend à ce qu’elle dise « Madame est servie » !
Pour ce qui est de la seule femme de la bande des quatre, Emmanuelle Praet a gardé toutes les manières qui plaisent tant à un public de droite. Cette fois, elle a encensé son voisin, le libéral Borsus, nouveau ministre-président de la fédération wallonne. C’était tellement énamouré et au bord de l’orgasme que Borsus en a rougi de plaisir, puis de gêne et de confusion.
Libéré de la contrainte du pouvoir, Di Rupo a touché un mot des Belges qui souffrent, de la pauvreté, du chômage, etc. Il m’a agréablement surpris de sa métamorphose. N’aurait-il que le même motif électoral de Lutgen de ne pas trop perdre des plumes aux prochaines élections, cela fait toujours plaisir.
Que dire de plus, peut-être, me hasarderais-je à essayer « Les décodeurs » entre 10 et 11 dimanche prochain, pour « renouer » avec ma chère Florence !