Un fou au CDH !
Que se passe-t-il quand l’opposition citoyenne a plus de bon sens qu’au gouvernement et que les arguments de la majorité sont moins convaincants que ceux de la rue ?
En principe, l’électeur intelligent devrait remplacer le pouvoir en place.
Mais, dans le cas où l’électeur ne brille pas par son jugement et qu’il est prêt de remettre les mêmes en capacité de produire la même chose ?
Enfin, quand la période n’est pas électorale et que l’électeur, aussi brillant soit-il, doit attendre deux ans. Anticiper des élections régionales sans le fédéral est impossible !
Comme l’écrit De Standaard « Le coup d’État à moitié manqué du président du CDH Benoît Lutgen contre le PS a provoqué l’effondrement du modèle belge. Grâce à lui, les six gouvernements que compte notre État sont constitués de partis différents et auront encore plus de mal à résoudre les problèmes. Pour Bart De Wever et la N-VA, cette crise est une aubaine, tant la situation semble désormais inextricable. » (DaarDaar)
Tout est dit. Et ce sont des Flamands qui l’affirment, rien de la sorte dans les journaux francophones, nageant dans le bonheur avec Borsus.
Il n’y a dans la Constitution aucun article qui traite du cas d’un responsable de parti doté d’un esprit battant la campagne !
Ni un autre qui traiterait des suiveurs de ce fou, au point d’aider cet homme dans son entreprise.
Alors oui ! De Standaard a raison, un seul peut provoquer l’effondrement du modèle belge et celui-là on l’a trouvé.
Sans préparation, sans réflexion possible des conséquences, le projet Lutgen ne reposait que sur la légèreté d’un homme qui croit que ce qu’il pense est partagé par tous.
Déjà difficile à expliquer ailleurs, le système belge est devenu incompréhensible par ses propres utilisateurs. Les libéraux du MR ont remplacé le PS en région wallonne. Bon et après ? Certes le PS est discrédité, mais les autres le sont tout autant. Le Ps s’en va avec son lot de casseroles, mais le remplace une nouvelle batterie de cuisine. Par contre, à Bruxelles, en Communauté germanophone et en Communauté française (Fédération Wallonie-Bruxelles), Lutgen au lieu de faire le ménage y a fichu le brol !
Le MR fête sa victoire à Walibi, il est en terrain amical, mais à Namur, ils ne sont nulle part et parler de redressement (une fois de plus) à propos de ce qu’ils comptent y faire, c’est vraiment tout à fait prendre les Wallons pour des imbéciles.
Pour les autres gouvernements, c’est comme si Lutgen n’avait jamais rien dit. Il a réussi de mettre les gens de son parti en porte-à-faux comme on en a rarement vu.
Soumise au diktat de Lutgen, la ministre bruxelloise et chef de file régionale du cdH Céline Fremault a commis un beau speech d’indépendance à l’égard de son partenaire PS. Tout le monde a cru qu’elle allait démissionner. « une autre coalition - sans le PS - doit être mise en place dans la capitale » a-t-elle dit, avant d’entrer en séance, de serrer les mains de tout le monde et d’ouvrir les dossiers comme si de rien n’était !
Les responsables politiques qui passaient déjà pour de beaux guignols, viennent de mettre une touche finale à quelque chose : le manque de respect de la population à l’égard de ces gens-là est dorénavant absolument justifié.
La voirie à Bruxelles est à repenser, des politiques hardies devraient pouvoir se faire, les accès, les gares, les tunnels sont en piteux état C’est une rupture de canalisation sous la chaussée de Louvain, à cause d’un manque d’entretien du réseau d’égouttage, qui est à l’ordre du jour, hier, c’était les tunnels et demain ?
Yvan Mayeur (PS) revient dans l’actu. Il est encore le président du conseil d’administration de l’intercommunale Vivaqua, dirigée par Laurence Bovy, l’ex cheffe de cabinet de la présidente du PS bruxellois Laurette Onkelinx, tout ça bien amalgamé, bien rémunéré et pas gêné du tout.
Des six gouvernements de ce pays, aucun n’est composé de la même manière.
La sixième réforme de l’État est un fiasco !
Les gouvernements régionaux sont chargés de l’énergie renouvelable et l’énergie nucléaire avec les parcs éoliens offshore dépendent du fédéral. Vous voyez le genre ! Faire une politique de l’énergie dans ces conditions est impossible.
Les correspondances entre la SNCB et De Lijn ont fait naître un conflit permanent entre le ministre flamand de la Mobilité Ben Weyts (N-VA) et François Bellot, ministre fédéral MR.
Zaventem est le sommet d’une lutte politique des trois régions qui asphyxie l’économie belge.
Les industriels qui ont leur siège en Flandre et en Wallonie soupèsent les avantages de rester ou partir dans l’une ou l’autre de ces deux régions, comme on le ferait pour un déménagement en Chine ou en Roumanie !
Un qui jubile, c’est De Wever, son confédéralisme-séparatiste marche sans lui. Le chaos politique produit par Lutgen est comparable à un bâton de dynamite dans le trou du cul du lion de la colonne du congrès.
Si la gauche n’est pas mécontente de voir comment les choses tournent, ce n’est pas tout de même ainsi qu’on y rêve de la fin de la Belgique.