Luis Mariano? non... Mariano Rajoy !
On a tort de ne plus s’intéresser en Europe au sort de la Catalogne, si ce n’est en remettant le couvercle sur la marmite, comme l’a fait JC Juncker, tout en menaçant les sécessionnistes des conséquences d’une rupture avec l’Espagne et Macron se présentant comme l’accordeur de piano capable de rmettre le « la » dans le ton juste.
En réalité le point culminant n’est pas encore atteint.
Le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a présenté samedi les modalités de prise de contrôle temporaire de la région, qui réclame son indépendance.
Cette prise de contrôle pourrait être acceptée par la Cour constitutionnelle espagnole. Le président séparatiste catalan Carles Puigdemont réunirait en urgence le parlement catalan avant sa destitution et proclamerait solennellement l’indépendance de la Catalogne.
Les Régions d’Europe qui brûlent d’en faire autant, lorgnent évidemment du côté des Pyrénées derrière lesquelles tout se joue.
Le pro-flamand Charles Michel ne pouvait pas faire autrement pour satisfaire à l’ego de Bart De Wever, de faire remarquer à Madrid, que les brutalités policières sont intolérables. Ce en quoi, pour une fois, il n’avait pas tort.
L’Europe, malgré son intention de ne rien changer dans la manière de compter ses 28 États bientôt redescendus à 27, quand le Brexit aura son plein effet, est le révélateur du caractère artificiel des vieux schémas, qui fleurent bon l’Ancien Régime.
Malgré la dilution des connaissances, surtout historiques, il reste quelque chose dans le comportement des habitants de la Région liégeoise, totalement différent de celui des autres provinces wallonnes et de la Région qui les chapeaute, qui pourrait avoir un rapport avec la Catalogne.
Liège a d’abord été un État, c’est-à-dire une Communauté indépendante et « libre », si ce n’est qu’elle était dirigée par les prêtres, eux-mêmes dépendants d’un prince allemand. Le peuple liégeois n’a jamais compté que sur lui-même pour contrer les manœuvres des puissants et cela pendant près de mille ans.
La Catalogne, en plus grand, c’est encore cela aujourd’hui.
À partir de 1830, les Liégeois ont été aspirés, assimilés, réduits à l’état de province à la suite de traités et de parlotes de puissant à puissant, sans que jamais il ait été question de poser la moindre interrogation aux Liégeois sur ce qu’ils souhaitaient.
Par exemple, les Liégeois ont été victimes d’une Histoire de Belgique écrite entre 1899 et 1932, par Henri Pirenne. L’historien raconte des craques au sujet de l’élan des patriotes liégeois pour bouter les Hollandais hors du Brabant, afin d’unir leur sort aux entités proches et constituer un État. Bien sûr, une certaine bourgeoisie voyait en cette « révolution » une manière de solder ce qui restait de l’esprit frondeur des révolutionnaires liégeois de 89, déjà passablement échaudés sous napoléon, faut-il préciser. Mais, à faire des Liégeois des patriotes de l’en-dehors de la Principauté, c’est une histoire marseillaise racontée par un plaisantin. Ce qui est inouï vient ensuite, l’assemblage avec la Flandre tour à tour espagnole, puis orangiste, au parler germain et aux antipodes de l’esprit latin, c’était une grave erreur dont nous payons toujours les pots cassés, vu que nous sommes minoritaires dans la combine.
Eh bien ! on a raconté la Catalogne aux enfants d’Espagne de la même manière qu’on a trafiqué notre histoire pour les besoins de la cause. Sauf que les Catalans ne s’en sont pas laissé conter et qu’ils ont surtout gardé leur langue, comme le plus fort des liens.
Le comté de Barcelone, nom sous lequel fut connue la Catalogne au Moyen Âge, domina longtemps la Méditerranée occidentale. Ses comtes-rois gouvernèrent aussi bien la Provence que Naples. Ses commerçants, ses marins et ses soldats étendirent l'usage du catalan sur toutes les rives du bassin méditerranéen, jusqu'à Athènes. Ses artistes portèrent à son summum le style roman et ses troubadours firent de la cour de Barcelone un haut lieu de la culture occidentale.
Pendant la guerre civile (1936-1939), les Catalans seront à la pointe du combat contre les nationalistes de Franco, essentiellement Castillans et soutenus par le Reich d’Adolphe.
C’est dommage que l’Europe soit devenue cette pétaudière dans laquelle plus personne ne croit et qu’aujourd’hui elle soit incapable de détricoter l’Europe ancienne, établie dans des frontières artificielles sous la seule contrainte des guerres et des princes et cela au nom de l’économie libérale et du spectacle affligeant de ses pouvoirs d’argent.
Quant à vouloir exalter la patrie dans une configuration hétéroclite comme la Belgique ou l’Espagne, c’est se moquer des gens.