#evolve ou #evulve ?
C’est étrange, mais à la nouvelle du plan RTL #evolve, je n’ai pu m’empêcher d’une sorte de satisfaction mauvaise à l’idée que cette bande de suceurs de bites directoriales allait enfin savoir ce que signifie avoir son copain ou soi-même fichu à la porte d’une entreprise, sans avoir démérité.
Puis, je m’en suis voulu.
Ce qu’on appelait jadis « un jaune » (un travailleur qui trahissait ses camarades en refusant de faire grève) n’était pas toujours un salaud, souvent c’était un pauvre type, parfois dans une situation financière désastreuse.
À RTL, cela doit être pénible à certains travailleurs de vendre une mystique économique à laquelle ils ne croient pas trop.
Ces gens ont une certaine culture, même le cœur à droite, le goût de la patrie unitaire, fédéraliste au pis-aller, girouettes au vent de la fée Delussine. Ils doivent ressentir, dans les ramifications de leurs scissures cervicales, quelques doutes sur le destin sans issue de l’économie actuelle !
Se retrouver sur le trottoir, même avec un bon « pécule » ou être reconverti animateur-cameraman-script-reporter dans deux ou trois émissions à la fois, tout en n’étant que doué (et encore) d’une élocution audible et d’un vocabulaire varié, incapable de pousser sur un bouton, de cliquer en temps voulu, de comprendre les techniques du montage et de faire tout cela y compris « femme d’ouvrage » – pardon – technicienne de surface, c’est à désespérer les plus enthousiastes partisans du conservatisme de la chaîne !
Sans compter que le gouffre entre les petites mains et les chouchous de la direction va prendre des proportions d’abîme !
Quand la miss météo va devoir se repoudrer dans les toilettes, sur le temps que Hakima Darhmouch est pomponnée, coiffée, rafraîchie, laquée par des caméristes, tandis que le cameraman passera un coup de balais sur le plateau après le tournage, on voit d’ici les rancœurs…
Le pactole de sortie, on connaît ça. Les promesses non tenues, les échanges aigres-doux qui finissent aux Prud’hommes, sont autant de prétextes à oublier les euros promis.
Une fois qu’on est dehors, Deborsu en sait quelque chose lui qui vend ses boules vertes et rouges sur les trottoirs par tous les temps, c’est coton pour rentrer se réchauffer quelque part, les embauches sont rares dans le métier.
Heureusement que RTL et la fée Delussine ont encore besoin de bourrer le mou à quatre millions de Francophones. La conjoncture est mauvaise. Entre Wallons et Flamands, ce n’est pas la justice. Les Michel commencent sérieusement à pomper l’air à tout le monde. Si les tiroirs-caisses ne sont plus aussi pleins qu’avant, c’est quand même utile d’avoir une téloche à la botte de la bonne bourgeoisie et des partis pépères. La nomenklatura est prête à perdre de l’argent s’il le faut, pour l’information réconfortante, celle qui fait du bien au pouvoir.
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Donc, le feu n’est pas à la baraque. Les étages bruisseront demain de secrétaires en mini-jupes, les directeurs auront toujours l’air aussi surchargés et le président de la société des journalistes Christophe Giltay, sera bien accueilli pour disserter de l’avenir de la corporation en péril. On l’aime à la haute direction, il fait cossu. Il n’a pas son pareil pour écraser une fesse après l’autre dans le moelleux des coussins de direction.
Avec lui, on trouve toujours un terrain d’entente. C’est l’homme du consensus. Aussi, son emploi de correspondant non-stop à Paris, sur la plus belle avenue du monde, n’est pas en cause.
C’est normal. Un négociateur menacé dans son futur n’est pas un bon négociateur, il pourrait faire du tort à la fée Delussine.
Les professions de l’audio-visuel sont régies par une Convention qui stipule, noir sur blanc, des qualifications et le barème des salaires minimums. Delussine ne peut pas contraindre quiconque à devenir polyvalent, sans rompre implicitement le contrat. Il le sait bien le bougre. C’est ça ou la porte. Comme le personnel n’est pas syndiqué, et encore le serait-il qu’est-ce que ça changerait, il fait la démonstration que les conventions collectives aujourd’hui ne servent plus qu’à s’en moquer.
Pas que les salaires qui sont menacés, le Droit du Travail l’est aussi ; et pas qu’à RTL !