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Nécessaire propriété collective.

J’ai toujours eu un faible pour les livres d’occasion, indépendamment du fait qu’ils coûtent moins chers. Penser qu’on n’est pas le seul à avoir feuilleté et lu l’ouvrage qu’on tient dans ses mains procurent une sensation particulière, celle de n’être pas l’unique lecteur à en avoir respiré l’ennui ou le plaisir.
C’est d’autant enrichissant que les ouvrages sérieux, enfin destinés à l’étude ou à la recherche, sont souvent raturés, soulignés, annotés, au point que pour gagner du temps, on fait confiance aux lecteurs précédents. Il suffit d’ouvrir à la page annotée pour aller à l’essentiel d’un chapitre et s’épargner le fastidieux du reste. C’est une sorte de testament olographe que laisse le prédécesseur. Il ne reste plus qu’à déposer un commentaire en-dessous de l’autre pour espérer que l’œuvre ainsi augmentée bénéficie à quelqu’un d’autre.
Justement, en avoir été celui-là donne une idée du collectif.
Parler du collectif, en ces années de braderie d’une droite conquérante pour distribuer au privé des activités anciennes, c’est mettre en garde contre les appétits privés, ce que la gauche a toujours protégé : les services publics à la responsabilité de l’État, c’est-à-dire des citoyens!
Beaucoup de biens des particuliers ont un caractère collectif, sans que cela soit toujours bien perçu de l’utilisateur.
Les économistes appellent ce collectif « externalité ».
Positives, quand elles sont avantageuses à des tiers et négatives, quand elles sont désavantageuses, les externalités sont des pièces d’un puzzle social que Charles Michel et les siens s’ingénient à détruire parce qu’ils leur semblent que moins il y a d’État, plus la société est prospère. Ils oublient que moins il y a d’État, plus fragile est la démocratie et plus grand est le risque, qu’il n’y ait plus de lien social et donc d’État !
La conviction libérale est en train de changer de camp pour ce qui concerne la propriété du privé des biens collectifs, grâce à la prise de conscience des problèmes de pollution.
La privatisation est impossible dans ce domaine. Elle nous conduirait à un simulacre de réalisation, en même temps qu’une politique dilatoire en tirerait du profit, sans pour autant régler le problème des pesticides, des moteurs diesel, des déchets ménagers et du destin final de l’électricité par l’atome.
L’existence des externalités (confier le collectif au privé) montre les limites que Charles Michel et ses pareils à l’Europe tentent de dépasser, dans l’intention d’affaiblir l’État au profit de l’économie de marché.

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Comment l’État peut-il se bien comporter dans la gestion du collectif, si ceux qui en ont la responsabilité, c’est-à-dire le MR et le CDH à la Région, ont intérêt à ce que l’opinion le déconsidère, afin de tirer argument pour la liquidation de ses entreprises ?
Comme écrivit Victor Hugo (autrement), on ne peut pas empêcher le collectif d’apprécier le parfum de la rose, quand bien même son propriétaire ne le voudrait pas.
Le système économique est en train de mettre directement en danger les liens sociaux qui font la démocratie.
Il le fait de manière inconsciente, un peu comme quelqu’un qui tombe à l’eau ne sachant pas nager et s’agrippant à ce qu’il trouve, finit par se noyer avec quelqu’un d’autre.

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