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Pauvre Europe !...

Toute construction humaine peut être déconstruite de la même main.
Dans les sociétés les plus anciennes, le plus solide gourdin triomphait jusqu’au moment où la fatalité le mettait en présence d’un plus puissant bâton. La démocratie touche à une organisation sociale plus subtile, mais pour tout autant, si le rapport de forces est moins visible, il n’en est pas moins présent.
Le social offre une grande place aux capacités humaines à améliorer le monde. Écrire l’histoire autrement s’inscrit en chacun d’entre nous.
S’il y a bien quelque chose de mouvant et d’instable, c’est bien l’identité nationale. Suis-je Liégeois, avant d’être Belge ? Suis-je Belge avant d’être Européen ? Et si je suis tout à la fois, à part l’endroit de ma naissance, rien n’est de mon chef, mais d’une construction faite de volontés anciennes et contemporaines parmi lesquelles on me compte, sans que j’y sois pour grand-chose.
L’idée de Nation n’est apparue qu’à la fin du XVIIIme siècle. La soumission de chacun à « son » prince passait à l’obéissance aux lois de la nation.
L’identité nationale s’est faite quand des mercenaires payés pour faire la guerre ont été remplacés par des jeunes gens recrutés sur les terres mêmes « à défendre ». C’était tout bénéfice. Le patriotisme, pour des raisons économiques, était né.
Le succès rapide de « l’identité nationale » s’est révélé mobilisateur pour toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons, parmi ces dernières une sorte de fierté nationale à la productivité et à l’industrialisation des campagnes.
L’identité collective européenne est née après des siècles inutilement massacrants des Nations entre elles.
L’universalisation du modèle, au troisième millénaire, correspond à une nouvelle vie sociale comme on n’en avait jamais connue !
Le bouleversement des techniques, l’effrayante part qu’à pris le système économique dans notre vie quotidienne, nous pose question : « la Nation est-elle encore la forme politique la plus adaptée ? »
N’assimilons-nous pas trop facilement la Nation au nationalisme ?
Que le rôle historique qu’ont joué les Nations s’achève, en quoi cela pourrait-il gravement nous nuire si un nouveau projet politique mieux adapté aux temps modernes venait le remplacer ?
En quoi redescendre de l’idée de la Nation, à l’idée de la Région est-elle une perversion et une idée fausse ? On est bien d’accord que Bart De Wever et la N-VA ne nous irrite que parce qu’ils veulent « partir » d’une Nation en emportant les meubles et en laissant les autres démunis. Dans cette hypothèse, l'idée de nation a encore de beaux jours devant elle…

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Et de ce point de vue, on ne peut que blâmer l’attitude d’un Charles Michel qui croit retenir les Flamands en leur prodiguant des « faveurs » et en leur cédant des « biens » qui ne leur appartiennent qu’indivis.
La sécession de la Catalogne pourrait être une bonne nouvelle pour l'Europe, comme l’Écosse, la Corse ou la Flandre.
Si au lieu d’un coincé comme Juncker à l’Europe donnant raison au concert apeuré des chefs d’État de l’UE, l’Europe des Régions mettait enfin un terme aux bilans « assistés » des Régions pauvres soutenues en interne par leur pays « riche » ? On aurait alors une géographie économique bien plus juste permettant aux aides européennes à soutenir intelligemment les faibles, sans que ceux-ci soient considérés comme des « profiteurs » dans leur propre pays.
Les prises de position unionistes font revenir au temps des petits roitelets arrogants et revanchards. Ils ne perçoivent pas l’intérêt d’une Europe débarrassée des nationalismes et capable ainsi d’aller enfin vers une unification équilibrée.
L’idéologie actuelle des États européens est un nationalisme qui fortifie l’extrême droite et exacerbe le sentiment d’appartenance. D’après tous les partis sans exception, l’existence d’une nation indivisible fortifie la démocratie, n’est-ce pas plutôt l’inquiétude qu’une nouvelle organisation remettant en question leur position privilégiée qui serait la raison cachée de leur méfiance des régions ?
La position de la Commission Juncker pour le statu quo en Espagne est tout à fait le contraire de l’esprit des Traités que l’UE élabore depuis toujours. Un État-membre est libre de se séparer quand il le souhaite de l’Union, s’il estime que ses intérêts ne sont plus pris en compte. Ramenés aux Régions, ces traités agrandissent au contraire la démocratie. Nous en avons un exemple criant aujourd’hui avec la Grande-Bretagne qui se sépare de l’UE, alors que l’Écosse ne le souhaite pas.
L’Écosse, si j’en crois J-C Juncker, même indépendante, ne pourrait rester à l’Europe ! Qu’est-ce que cette Europe qui abandonne ainsi quelques millions de ses membres, donne comme exemple à sa jeunesse ?
On comprend mieux son déclin, en voyant son manque d'audace.

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