Rajoy dépouille les urnes.
Ça castagne ce dimanche à Barcelone.
Mariano Rajoy (PP), premier ministre de Madrid, à propos du référendum sur l’indépendance de la Catalogne, ne pouvait mieux faire pour inciter les Catalans d’aller voter, que de l’interdire !
Ce référendum qui pouvait se terminer dans la confusion entre les nationalistes catalans et leurs adversaires, ne fait plus aucun doute sur son issue, quel que soit le nombre de bulletins « sauvés » des griffes de la police.
Mariano Rajoy aurait dû lire Pascal « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite parce qu’il y a toujours des méchants ; la force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et, pour cela, faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste ».
Si la justice fait défaut, cela tient dans une règle de la démocratie qui donne le pouvoir absolu à une majorité fût-elle infime.
C’est ce qui permet à Charles Michel d’aller même plus loin, puisqu’il est minoritaire chez les francophones et qu’il ne doit sa majorité qu’aux seuls Flamands. Peut-être enverrait-il aussi ses sbires interdire un référendum en Wallonie du haut de sa majorité flamande !
Dans une période aussi mouvementée que la nôtre, cette majorité démocratique n’est en mesure d’exercer son pouvoir sur une forte minorité d’opposition que, si elle est raisonnable et qu’elle maîtrise ses nerfs.
Les pays de l’Europe qui sont en délicatesse avec leurs régions peuvent s’inquiéter de la suite et de l’imbroglio au niveau de l’Europe, du référendum catalan.
Assez curieusement, les gauches, dans ces régions en conflit avec l’autorité de l’État, prennent souvent parti pour le pouvoir central. C’est le cas en Catalogne. Ce doit être en corrélation avec l’ancien idéal internationaliste, si souvent utilisé par Staline et décrié depuis.
L’opinion, pourtant frileuse dès qu’une faction régionale se lance dans des revendications d’autonomie, peut changer rapidement, la preuve, les Flamands en 2017.
Avant ce gouvernement, on ne donnait pas cher de la Belgique, aujourd’hui, la Flandre, selon des sondages, veut rester au chaud dans un fédéralisme qui l’assure de quasiment tous les pouvoirs et toutes les places au Fédéral, Charles Michel étant devenu le « Flamand d’honneur » que tous les Flamands admirent désormais.
Dans cet ordre d’idée, ce serait plutôt les Wallons qui devraient avoir envie de s’émanciper d’un État qui n’assure plus l’équité entre les citoyens de ses régions.
Faut-il le regretter ? Le constat d’une Wallonie apathique, fort peu revendicatrice, développant une situation de dépendance à la Flandre, se complaisant dans une attitude de domestique vis-à-vis des élites, est le saisissant contraste de l’époque 60-61, des grandes grèves, du MPW où une frange significative de la population réclamait des réformes de structure.
Bien sûr, cette Wallonie là est vieille d’un demi-siècle.
Le sentiment latin d’appartenance n’est plus qu’une figure de style, un atticisme littéraire, une curiosité d’académie. Le fameux esprit principautaire, on ne sait plus ce que c’est, même à l’université de Liège. Il paraît que de tous les peuples disparates en Belgique, seul celui de Liège a été indépendant et n’a pas connu trente-six maîtres, pendant près de mille ans.
Les Liégeois ne se reconnaissent plus cette spécificité. Une des raisons tient dans la perte de leur dialecte. Ils ne l’ont pas défendu au moment où l’État le chassait des écoles, comme d’un parler honteux.
On ne s’en souvient plus. L’idée d’un référendum à Liège ? Charles-Michel, le Rajoy flamingant, n’aurait même pas besoin de l’interdire. Les citoyens diraient unanimement « qu’est-ce que c’est cette connerie ? ».
Pourtant, comme le catalan est une langue parlée plus ancienne que l’espagnol, le wallon l’est aussi du français.
Ce n’est pas grave, diraient des gens de gauche qui ont en tête un socialisme international qui se fiche des formes populaires d’’expression. C’est un tort. Avec la perte du wallon liégeois, les habitants de Liège ont perdu à tout jamais une solidarité de rues, de corons, d’usines, etc.
La Catalogne prouve qu’elle se souvient de ce qu’elle est et de ce qu’elle représente, même si des impératifs économiques ont motivé certains égoïsmes qui ont joué un rôle dans le référendum.