Un crime d’État ?
On a beau se dire que l’affaire est ancienne, mais les tueurs du Brabant wallon sont toujours bien présents dans les esprits. Le carnage du Delhaize, plus de trente années avant les assassins hors nature humaine de Daech, ont marqué les esprits pour longtemps.
Une question lancinante revient. Comment a-t-on pu passer à côté de la vérité après des milliers de pages de dossier, des dizaines d’enquêteurs et d’innombrables pièces à conviction ?
On se souvient aussi de ce burlesque incident d’une voiture de police qui aurait pu bloquer la sortie du parking de Delhaize au moment où le commando d’assassins quittait les lieux et qui ne le fit pas par crainte de se faire mitrailler !
Un assassin est difficile à neutraliser s’il est intelligent et qu’il ne laisse pas de traces. Il entre pour 90 % dans les crimes non élucidés. Mais qu’une bande dont il serait difficile d’en calculer le nombre, sans pour autant descendre au-dessous de six/sept personnes, disparaisse à chaque fois, sans qu’on ne puisse la repérer et la confondre, cela tient du prodige !
Faut-il rappeler toutes les horreurs perpétrées, des enfants abattus de sang-froid ?
Et jusqu’à aujourd’hui, rien, si ce n’est cette histoire de « géant » dont un ancien gendarme, décédé malheureusement, est probablement l’original du portrait robot, dressé à l’époque des crimes par des témoins.
Nos polices, nos juges d’instruction sont-ils nuls à ce point ?
Si c’est le cas, on peut trembler dans les chaumières, la prochaine tournée des assassins ordinaires de l’extrémisme musulman sera pour nous. Quoique Jean Jambon clame tous les quinze jours, qu’un complot djihadiste ait été déjoué.
À moins que…
Plusieurs journalistes d’investigation ont avancé des faits concrets. Le Groupe Diane de la gendarmerie a été plusieurs fois cités. Les méthodes « militaires » et l’organisation des tueries ont sauté aux yeux de tout le monde. Ce n’était pas l’œuvre d’un collectif disparate autour de Pierrot le fou, mais bel et bien des actions commandos.
Des journalistes, hélas disparus, avaient raison. C.B., le Géant des tueries, refait surface dans les journaux. Il faisait bel et bien partie du Groupe Diane au cours de la période des attaques. Une connaissance de C.B. avait déjà communiqué cette information aux enquêteurs, qui l’ont classée sans suite.
Si j’ai bien lu les gazettes, David Van de Steen, une victime, et le frère de C.B. relancent l’enquête. Le frère du suspect décédé a déclaré : « Mon frère a été protégé par les hautes strates de la gendarmerie. (…) Si toute la vérité est révélée, la petite Belgique n’en supportera pas l’ampleur. » (Daardaar magazine)
Cette déclaration change tout !
Elle ne se contente pas d’impliquer des services maffieux de la gendarmerie, elle implique aussi l’État de droit belge coupable de négligence volontaire en vue de masquer des crimes de sang, au point de les ignorer !
On a même vu un juge d’instruction essayer le truc classique de faire porter le chapeau à des petits malfrats de Charleroi, tout à fait incapables d’organiser un hold-up d’envergure !
C’était tellement énorme qu’ils ont été écartés de l’enquête après quelques mois, sauf que cela a permis aux maffieux de respirer à l’abri avant que l’affaite ne se tasse.
Mais, elle n’est pas passée comme on l’avait cru et le public a poursuivi sa volonté de voir les autorités poursuivre, ce qu’elles ont fait en traînant les pieds.
L’affaire a-t-elle été étouffée ? L’est-elle encore ? Par qui et pourquoi ? Qui étaient les donneurs d’ordre ? Quelle était la finalité des attentats ? Est-ce exact que les enquêteurs actuels se sont montrés moins enthousiastes dès que la nouvelle piste s’est avérée crédible ?
Le public a droit à des réponses. Les coupables de complicité pour meurtre par retenue des informations doivent répondre aux accusations de plus en plus précises, devant la population.
La justice devra trouver une suite logique à toutes ces questions et apporter des réponses convaincantes.
Ce n’est pas uniquement l’État belge des années 1980 qui est mis en cause. Il en va également de la crédibilité de l’État actuel.
Le magazine Daardaar conclut « La question centrale qui se pose revêt une importance cruciale : notre sécurité est-elle entre de bonnes mains ? »
Une affaire politique se cache derrière ces épisodes sanglants. Qu’est-ce que les éléments d’extrême droite de la gendarmerie des années 80 voulaient défendre ? Une Belgique royaliste et unitaire ? « Tuer » une gauche menaçant les intérêts financiers libéraux ?
On attend les réponses. S’il n’y en a pas, on aura compris. L’État maffieux serait l’indirect commanditaire des crimes. Il serait donc toujours en place et Charles Michel serait dépositaire de ses secrets