Un premier ministre pitoyable !
Quelle manie pousse donc le pouvoir à traiter l’opposition de populiste ? C’est-à-dire de répondre par des invectives et des injures à des parlementaires honorables, alors que le public attend des réponses circonstanciées et argumentées !
J’ai même lu sur une gazette que le mot populiste s’était transformé sous la plume du rédacteur éperdu de zèle, en communiste ! Il faut croire que ce dernier vocable paie toujours autant chez les nostalgiques de la guerre froide !
Des images montrant Charles Michel repoussant le micro de la Chambre avec rage après l’intervention de Monsieur Hedebouw, me fait penser à Louis, son père, aussi prompt à l’invective, plutôt que rester coi à bout ou sans argument. Il est vrai qu’en politique, il vaut mieux avoir l’air « averti » et meilleur que les autres, plutôt qu’hébété et silencieux.
Le premier ministre a menti de façon flagrante et éhontée à propos des 60.000 emplois, ce ne sont même pas les chiffres des partis qui lui ont été mis sous le nez, mais ceux des organismes officiels traitant des problèmes du chômage.
C’est tout à fait pitoyable.
Que les Flamands se disent satisfaits, eux la vérité ne les concerne que relativement ; ici se sont les Francophones qui disent la trouver mauvaise. Déjà minoritaires dans un gouvernement quasiment flamand homogène, si en plus, celui qui est censé les représenter leur raconte des craques, il n’y a que les chauds partisans du MR et leurs suivants attentionnés du CDH pour applaudir, et encore, on ne sait pas si madame Ska, la secrétaire du syndicat chrétien, est d’accord avec les pontes du parti de Lutgen.
Les chiffres officiels sont là, il suffit d’en comprendre la signification.
Le mensonge délibéré de Charles Michel tient dans le comptage qu’il fait des emplois à temps partiel, à mi-temps, quatre-cinquième ou n’importe quel bidouillage qui fait qu’un travailleur se déplace autant, perd sa journée autant, mais n’en est payé que partiellement. Alors, comptant tout comme du temps plein, Michel junior fait monter la soupe au lait, pour noyer son mensonge dans l’invective.
Je sais bien que traiter quelqu’un de populiste est toujours porteur. L’électeur a tellement été travaillé au temps de la guerre froide par les suppôts du capitalisme, que les milliards jetés alors dans la balance pour la propagande des milieux d’affaire font toujours le poids et constituent encore aujourd’hui le meilleur investissement que la bourgeoisie et les conservateurs de toute tendance aient pu faire, pour maintenir le système à flot.
La Meuse en fait l’essentiel de sa boîte à outils.
Quand on traite de populiste l’extrême gauche, on pense communiste. La même étiquette à l’extrême droite (le Vlaams Belang), devient fasciste.
C’est un mot tiroir qui change de sens selon l’interlocuteur.
Par exemple, avec le mensonge des emplois, le premier ministre joue un jeu qui pourrait être une sorte de populisme.
Charles Michel est allé à la bonne école avec Louis Michel, stratège de l’invective et manipulateur malhonnête.
Le fils ne pouvait faire mieux.
C’est d’autant plus efficace de traiter l’opposition de populiste/communiste, que Michel est un capitaliste à l’ancienne et qu’il s’adresse à son public encore marqué par l’horreur que lui inspire l’anticapitalisme du temps de Staline. À ce seul nom, l’amalgame est facile.
De fait, Michel pratique un capitalisme orthodoxe, affiché par les « bons élèves » de l’Europe comme ayant fait ses preuves, c’est-à-dire « ancien ».
Charles Michel s’est ringardisé dans des milieux économiques sérieux, certes jamais repris dans les médias. Il est incapable de comprendre que son système risque de précipiter les gens dans une contestation qu’il aura beau traiter de « communiste », mais que plus personne ne saura arrêter, même pas Hedebouw.
Ceux qui étudient l’économie libérale dans ses rouages et ses fonctionnements savent cela. Charles Michel est nul en économie. C’est un avocat qui fait ce que ses conseillers lui disent. Il n’est responsable que dans le choix qu’il a fait de les écouter.
Il s’accroche à des approximations et finit par défendre des mensonges avec l’opiniâtreté de quelqu’un que les circonstances poussent à la mauvaise foi.
Ce premier ministre est pitoyable !