Urnes et burnes...
Il ne faut pas se raconter des histoires.
S’il y a des différences entre une démocratie et une dictature, les pouvoirs d’argent qui tiennent le haut du pavé dans l’une, comme dans l’autre, sont identiques dans leurs pratiques et leurs règles de fonctionnement.
Ces différences ne sont réelles et visibles que dans la façon qu’ont les hommes de faire de la politique. Parfois, certaines dictatures poussent si loin le mimétisme avec les démocraties qu’on a du mal à s’y retrouver. À l’inverse, certaines démocraties ressemblent tellement à des dictatures, qu’on s’y croirait.
On y vote chez les unes et les autres, dans l’illusion d’une liberté politique. Les dictatures modernes, pas folles, laissent les citoyens avoir des opinions contradictoires.
Les dirigeants estiment que les voix discordantes sont utiles, puisqu’elles prouvent que tout le monde donne son opinion, et comme en dictature et en démocratie les pouvoirs s’en fichent, en quoi cela les gênerait ?
On assassine pour des raisons politiques plus rarement en démocratie qu’en dictature, il est vrai. Mais on y assassine quand même. Dans les deux systèmes, on ne trouve jamais les coupables.
Le plus clivant reste les dictatures religieuses où les discriminations faites aux femmes font de grandes différences.
Pour l’économie, rien de changé, les principes sont les mêmes. La multitude est au régime des bas salaires et les autres sont fonction du pouvoir qu’ils occupent, jusqu’au sommet, parfois occupé par un seul homme, dans l’un ou l’autre cas.
Les détenteurs des capitaux savent aussi bien désintéresser l’autorité politique dans les dictatures comme les démocraties. Tantôt impôt sur la fortune, contribution à la croissance ou taxe spéciale patriotique, les imaginations vont bon train pour qu’entre soi, les bénéfices soient partagés.
Les dictateurs et les démocrates redoutent d’être mis à l’index par les multinationales. Ils s’inclinent devant plus puissant qu’eux, les téméraires qui pensent le contraire sont dans de sales draps. Voyez au Venezuela.
La dictature et la démocratie font la part belle à la liberté d’entreprendre, la seule qui fasse vraiment l’unanimité aux deux systèmes. Chacun est autorisé, voire chaudement conseillé, de gagner le plus d’argent possible, à la condition de ne pas oublier ceux qui permettent cette liberté incontournable.
La presse, c’est pareil.
Si Sudpresse, par un coup de baquette magique, était transportée aux États-Unis, elle s’appellerait « The Daily Center » par exemple et soutiendrait Donald Trump à fond, comme son confrère américain. Son patron serait l’ami de Tucker Carlson qui est également animateur sur la chaîne Fox News, et Neil Patel, du journal américain.
À Pékin, elle serait une filiale de l’A.T. Chinese et courrait tous les matins demander des nouvelles de la santé de Hu Jintao. Ses articles porteraient sur la mauvaise foi occidentale et parleraient de la grandeur de la Chine et de ses dirigeants. À sa télévision, madame Praet vanterait le parti communiste chinois comme étant le sommet de la démocratie et madame Darhmouch pleurerait d’émotion en résumant le discours de trois heures et quart du président aux informations de vingt heures.
En plus de rendre fou, le pouvoir rend l’argent facile. Si bien que nos élites ne peuvent pas s’en passer. Selon les circonstances, et on l’a vu en 40-45 sous l’occupation allemande, la plupart des riches ont plus ou moins collaboré, quitte à faire résistant en 44, quand il était visible que l’affaire tournait mal.
Ce n’est pas une question d’être plus vertueux, mais le peuple est plus constant, parce qu’il a très peu d’argent, qu’il est patient et qu’il peut souffrir.
Les autres ne le peuvent pas, en tous les cas pour la plupart.
Parce que l’argent a encore une autre fonction, il corrompt les mœurs et les consciences.
Si bien qu’après avoir vécu dans l’aisance une grande partie de leur existence, les premiers à collaborer à un changement de régime seraient les gens qui ont le plus profité de celui qui disparaît.
Les dictateurs le savent bien qui s’entourent d’anciens dignitaires qui juraient leur grand dieu un mois avant la chute du Régime, que jamais ils ne se rallieraient aux nouveaux arrivants. Pareil en démocratie, Macron avec le PS et Charles Michel avec la N-VA le prouvent.
Il convenait d’aborder un dernier mythe selon lequel l’épanouissement complet de la liberté donne un avantage à la démocratie sur l’économie.
On voit là encore toute la fausseté du jugement occidental, si l’on considère que la Chine est devenue là première puissance économique mondiale.