Jennifer, nous voilà !
La mésaventure amoureuse d’Igor Bogdanov, abandonné par sa belle, m’interpelle ; mais c’est gênant, parce qu’elle est inusitée dans une chronique sérieuse... enfin, pas toujours !
C’est gênant, parce qu’un fait-divers d’une banalité si affligeante, on n’en parlerait nulle part, si Grichka n’était avec son frère Igor, des « scientifiques » adulés par leurs fans dans des shows à la télé.
Ce qui m’a fait hésiter, c’était d’ignorer, outre d’être des frères (là il n’y a pas photo), si l’un et l’autre étaient vraiment des scientifiques ?
Admettons qu’ils le soient.
Merveilleuse et inattendue machine humaine ! On peut être ingénieur-astronome réputé dans la science du futur et finir à 68 ans dans la position de la duègne encombrante d’une maîtresse de 23 ans, soit avec 45 ans d’écart au compteur. On peut, malgré ce lourd handicap des ans, courir après la frivole, nouvellement en couple avec un jeune gardon, tempêter, jurer et menacer le minet de lui flanquer la correction de sa vie, rester ensuite planqué dans le corridor de la mignonne cinq à six heures durant, grelottant et épuisé, en attendant le retour de l’ingrate.
Sont-ce là manœuvres de scientifique, déductions intelligentes de plans séquences d’un cerveau brillant ! Je vous le demande ?
Et en même temps, la verdeur d’un homme de 68 ans ragaillardit la planète gérontologique des petits vieux bien propres des maisons de repos des 3me et 4me âges. Igor a sa photo, menton en majesté, dans la galaxie des homes chics.
Où le caractère scientifique d’Igor redevient essentiel dans son chemin de croix amoureux, c’est qu’il prit la précaution, à l’insu de l’inconstante, de faire un double des clés de son appartement. Un Belge moyen cocu n’aurait pas eu cette présence d’esprit !
Pour le reste, on peut le dire, pour l’exemple à la classe politique, tout brillant soit-on un jour, le lendemain, on peut n’être qu’un fameux con.
J’attends toujours que ces deux extra-terrestres me renseignent sur la théorie des cordes (« string theory ») de laquelle je ne pige rien.
Igor grelottant d’amour sera-t-il encore d’une quelconque utilité pour une démonstration ? Mon impatience grandit depuis dix ans, d’avoir des précisions sur la gravité quantique. Ils avaient promis d’expliquer, dans un fascicule de « Sciences et Vie », leur savoir sur la question. Et qu’est-ce qu’on lit dans les gazettes pendues par paquets carrés au clou des WC ? …que l’un des deux se meurt d’amour pour une minette qui n’est même pas martienne !
Quand on sait que la principale particularité de la théorie des cordes est de faire un point de crochet avec la corde voisine, qu'elle unifie par là les quatre interactions élémentaires connues (théorie du tout), qu’est-ce que les frères attendent pour avancer leur grande théorie de la fusion transcendantale entre les cordes et le quantique ? C’est-à-dire fondre leurs deux approches pour absorber celle d’Albert Einstein !
Pour le coup, quel triomphe aux Grosses têtes c'eût été, de ces deux têtes là !
Au lieu de ça, Igor démontre que deux atomes qui s’aimaient, peuvent quitter le miroir ensemble (CNRS), puis revenir séparés en se faisant la gueule.
Une bonne nouvelle cependant pour nos gaillards de 68 ans, Igor et Grichka. « Pour avoir une prostate en bonne santé, rien de mieux qu'éjaculer. C'est en tout cas ce que révèle une étude de chercheurs de l'université de Boston publiée dans la revue European Urology. » Igor a du bol, c’est une chercheuse Jennifer Rider, médecin spécialiste en Santé publique de l'université de Boston qui aurait masturbé 32.000 volontaires, un peu moins que son ex mais la performance est jolie, montrant par là que la chercheuse a du métier. Dans la belle cinquantaine, mademoiselle Rider est encore très bien, apte encore à gravir les marches à Cannes, en remplacement de l’ingrate. Vingt ans d’écart, pour la chic banlieue parisienne, c’est quasiment le même âge.
D’après la séduisante Jennifer, les hommes de plus de 40 ans pour éviter le cancer de la prostate sont médicalement astreint à se faire plaisir, seul ou à deux, entre 13 et 21 fois par mois.
Igor est disponible, Grichka aussi en renfort d’arguments. Déjà ils se posent la question, pourquoi 13 au minimum? Igor étudie le cas des éjaculateurs à petits moyens, descendre entre quatre et sept, par exemple ?
Une mauvaise nouvelle peut ainsi en cacher une bonne. Pourquoi pas une croisade scientifique contre le cancer ? Reste à convaincre Jennifer Rider.