Le PS à la pêche aux gros.
Ce dimanche 26 novembre aura lieu à Liège un non-événement au Palais des Congrès.
Toujours, en pareil cas, comme tout le monde s’en fout, Richard III se fait un devoir d’en parler.
C’est du Congrès idéologique du PS, dont on ne parle pas, sinon dans la Meuse, toujours avide dans ses tournées de Commissariat, de ramasser des petits potins qui rabaissent la Gauche à la hauteur des égouts.
Sauf que le PS n’est plus tout à fait le grand parti de gauche que haïssent toujours les grands patrons de ce journal neutre, comme chacun sait.
C’est même devenu un parti de la non-gauche dont l’aspiration serait de remplacer Charles Michel en couple avec De Wever et faire avec ce dernier l’union sacrée du fric bilingue.
Pour une fois, je vais tordre le torchon dans le seau du journal et jeter un drap avec le technicien de surface en service le week-end.
Comme le PS au fil du temps a perdu toute idéologie, ce Congrès sur l’idéologie est un peu compliqué. Il va falloir tout un après-midi parler d’une chose qui n’existe plus et faire comme si elle existait, à seule fin de l’enterrer une deuxième fois !
On sait bien qu’il y a des orateurs hors-pairs pour ce genre d’exercice et qu’ils auront certainement l’occasion de veiller à ce qu’eux seuls monopolisent le crachoir, mais c’est à l’adresse qu’ils déploieront qu’on verra ou qu’on ne verra pas, les derniers idéologues du parti ficher le camp au PTB.
C’est à ce seul titre d’expertise que ce Congrès est intéressant.
Parce que, entre nous, le chantier des idées de Di Rupo n’a jamais vraiment débuté. Dans les sables périphériques du Caire, on a retrouvé des pierres isolées dont on a longtemps cherché l’origine. Il s’agirait en fait de pierres inaugurales de chantiers pharaoniques qui n’ont jamais eu lieu. C’est comme au PS, sauf que sous la pression du bureau, les plumes du parti ont cogité sur papier à entête et envoyé leurs élucubrations au président, qui après lecture, et corrections, s’est fait un plaisir de les déposer dans la boîte aux idées du chantier.
On les reconnaît au style, la couleur feuille-morte du soutien-gorge de Laurette, la virilité offerte du caleçon Pierre Carvin de Paul Magnette, le nœud de coiffeur pour dames du Pécuchet de Mons et la rédaction de sixième de Demeyer.
Donc au Congrès, l’urne ne sera pas vide, elle sera même pleine d’idées creuses que les deux premiers rangs connaissent par cœur.
Ce Congrès aurait un sens si l’assemblée debout entamait une vibrante internationale après avoir fait son autocritique, comme du temps de Staline. Parce que cette assemblée, vu l’état du PS, aurait besoin de pieds au cul, certes regrettables, mais en l’occurrence nécessaires.
Ce parti est en train de partir en quenouille, comme le parti frère français, à vouloir faire la chasse avec obstination au Belge moyen, sur les terres du MR.
Si c’est pour faire du néo-libéralisme amélioré, ce n’est plus la peine, les Michel et Lutgen sont là pour nous en conter un max là-dessus. Du reste la clientèle Belge moyen n’est plus ce qu’elle était. C’est même le paradoxe de ce dimanche. Ces manches des deux premiers rangs sont parvenus à faire fuir la clientèle ouvrière en pourchassant la clientèle Belge moyen qui fond comme la glace du pôle, depuis que les grosses entreprises bouffent les petits commerces et l’artisanat, que les salaires fichent le camp et que les cuvettes sont pleines de la merde acide de la pauvreté.
Le comble, c’est ce que veut l’économie du futur et à laquelle collent MR et PS !
Oui, on va chipoter sur la Charte de Quaregnon, la remettre dans son contexte, c’est-à-dire la replacer sur son socle dans un cénotaphe qu’on visitera tous les ans le premier mai, pour refermer aussitôt la porte de la nécropole.
Manque de pot, les travailleurs et même les petits artisans et commerçants, ne marchent plus dans la combine.
Ils ont tellement entendu la comptine ouverture/fermeture, qu’ils la connaissent par cœur. Le grand classique du rire, c’est quand Jean-Claude Marcourt salue l’assemblée d’un viril « Camarades », en intervention de tribune. Moi, qui ne suis pas du PS – oui, j’avoue – je regrette à chaque congrès de ne pouvoir en être l’espace de ces quelques secondes. Ce « Camarades » je l’ai essayé cent fois devant un miroir, le faire comme lui, c’est impossible !
Mais qu’est-ce que vous voulez, quand on a un égo pignon sur rue, le cap tracé par trente ans de mandats privilégiés, allez donc toucher une barre de bus ou vous asseoir sur un banc à écouter les autres, le danger d’attraper la gale les paralyse, ces gens-là !
À ceux qui croient que je bosse pour La Meuse en écrivant ça, se trompent.
Vous avez déjà lu un article de cette feuille locale qui incite à déserter un parti « de gauche » pour un autre ?