De quoi il se mêle !
Il y a ainsi différentes chroniques possibles dans les sujets à disposition dans l’actu. Par exemple le choix de Borsus, nouveau porte-étendard de la Région wallonne, sur quarante modèles NK6, radar semi-mobile chargé de piéger les automobilistes grisés par la vitesse. Ces nouveaux ramasse-sous seront installés sur les routes wallonnes en 2018. Le hic, c’est le coût de l'opération: 3.200.000 euros ! Si je compte bien 40 pièges à cons pour 3 millions 2, ça nous fait la facture à 80.000 € pièce ! J’écris ça à tout hasard, des fois qu’un député wallon d’opposition passerait par Richard III. Ça sent le dessous de table des sommes pareilles !
Mais je suis tombé en arrêt sur deux infos simultanées dont le rapprochement vaut le déplacement. La première est extra territoriale « Considéré comme l'un des criminels les plus dangereux des Etats-Unis, Charles Manson, décédé dimanche en détention à l'âge de 83 ans, était un gourou psychopathe à l'origine de meurtres comme celui de l'actrice Sharon Tate, dont la sauvagerie a profondément choqué l'Amérique et au-delà. »
Et tout de suite en-dessous, à croire qu’il y a un dieu malin dans la presse « L'ancien juge qui héberge aujourd'hui Michelle Martin a conseillé aux parents des victimes de Marc Dutroux de lui "pardonner". »
Sacré Panier, il l’emporte sur les deux autres !
Dans l’interview, il va jusqu’à prétendre pouvoir aussi loger Dutroux, lorsqu’il sera libéré !
Je me demande si suggérer des possibilités de réinsertion d’un condamné, alors qu’il n’a pas encore été admis à bénéficier de la loi Lejeune (1) n’est pas une incitation à encourager la Commission de le faire et, par conséquent, pourrait être considérée comme une manœuvre inadmissible de la part d’un magistrat retraité ?
Mais il y a pire.
Voilà que Monsieur Panier fait de la psychologie de comptoir et se substituant aux quatre parents de Julie et Melissa, nous fait part de ce qu’il aurait fait à leur place, à savoir accorder le pardon à l’assassin de leurs filles !
Franchement, si M. Panier ne trouve pas cette démarche choquante, c’est que la fréquentation de sa locataire de proximité aurait été aussi perturbante pour lui, qu’elle l’a été pour l’opinion publique dans le sens contraire.
Encore que pour ce qui concerne Michèle Martin, on peut très bien se passer d’une certaine rancœur à la savoir en liberté, à condition qu’elle se fasse oublier. Hélas ! même ça Panier ne l’a pas compris, quand il se répand dans les gazettes. Il ranime les vieux et terribles souvenirs au détriment de Michèle Martin, qui n’en demandait pas tant !
Je comprends l’indignation des parents et leur impossibilité de pardonner à Dutroux.
Mais, depuis le temps que certains médias lancent des bouteillons sur l’éventualité de la remise en liberté de Dutroux et que Panier revient à la charge, faut-il y voir une approche de la justice pour éventuellement envisager cette libération ? Une sorte de complicité de fait ?
On n’en sait rien. Ce qu’on sait, c’est le tollé qu’une libération susciterait dans l’opinion publique. Même le Belge moyen, si peu enclin à l’indignation, pourrait se joindre à la foule indignée.
Que la justice soit embarrassée d’un prisonnier qui lui coûte dix fois plus qu’un détenu ordinaire, on veut bien le croire.
Outre que la loi Lejeune est élastique et que, même si la cour des droits de l’homme interdit l’incarcération à vie, elle ne va pas tout de même jusqu’à favoriser la remise en liberté d’un psychopathe, maniaque et pervers, capable de récidiver sur l’heure, dès sa sortie.
Alors une solution pour réduire les frais. Remettre le détenu Dutroux dans une cellule ordinaire, astreint comme tout le monde à la vie en cellule à trois ou quatre.
Ce serait légal et même plus juste.
Certes, on aurait l’occasion en très peu de temps de déplorer son décès pour sévices, mais au moins on aurait remis en activité normale les gardiens qui étaient attachés à son service, jusqu’à faire avec lui des parties de carte.
L’ancien magistrat Panier n’en parlerait plus. L’opinion serait apaisée. La loi Lejeune pourrait reprendre paisiblement son cours et Michèle Martin pourrait dans l’oubli, se pardonner à elle-même, ses vices et ses lâchetés.
Enfin, chacun garderait sa résilience pour soi dans le sens psychologique, réservant à la résistance des matériaux le soin à Monsieur Panier d’éprouver son autre sens, en coupant les bûches pour son âtre en vue du prochain Noël, en compagnie de sa locataire, tant la solitude à son âge est éprouvante, qu’on est tout heureux d’avoir devant soi une interlocutrice, qui a beaucoup plus de choses à dire qu’à prouver, quand on est vieux et seul.
Restent les pauvres parents, crucifiés debout depuis tant d’années.
Que leur dire ? Rien, sinon que Dutroux ne sortira jamais de prison et que si par malheur, il en sortait, ce serait de courte durée. Le peuple ne délègue pas toujours sa justice, enfin, c’est ce que l’Histoire nous a appris. L’État de Droit, c’est lui.
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1. La loi Lejeune permet au condamné de demander la fin de sa détention après au moins 15 ans (10 ans par une modification législative en 2013). Après d’éventuelles demandes répétées, ou par la grâce ou un appel, les condamnés sont presque toujours libérés après un certain nombre d’années. Les plus célèbres condamnés à vie libérés en Belgique sont sans aucun doute Pierre Carette, le dirigeant des cellules communistes combattantes (CCC), et Alex Vercauteren, qui a ordonné l’assassinat du vétérinaire Charles Vanoppen.
D’autres condamnés à vie ne seront probablement jamais libérés : Freddy Horion, Marc Dutroux, Kim De Gelder, Ronald Jansen, Andras Pandy et Hans Van Temsche.