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Le Belge tout nu.

Vouloir que le Belge soit le modèle moyen du monde libéral européen est enraciné dans les esprits… belges, bien entendu. Nos voisins, particulièrement français, ont coupé court à toute comparaison, en nous situant dans la catégorie paysan-lourdaud duquel on rit, plutôt de lui que de ses plaisanteries, effet garanti chez les humoristes. Nous sommes parmi les peuples moyens d’Europe, celui qui a le Belge moyen le plus représentatif des 27. En effet, où trouve-t-on le plus de Belges moyens sinon en Belgique ?
Être moyen a pour revers de n’être supérieur en rien, au contraire. Le Belge est un consommateur égoïste, ni plus ni moins que les autres des 27 pays de l’UE. À défaut d’attribuer de réelles valeurs aux choses, il s’est accommodé des tarifs établis par l’économie de marché. Des cultures anciennes dont il est issu, ne reste qu’un folklore qu’il n’aborde que dans des occasions festives. Curseur au centre, les temps extrêmes le « déculturisent » par l’usage intensif de mémoires externes qui pensent pour lui, écouteurs aux oreilles, partout dans des endroits publics aux plus privés. Heureusement qu’il n’est pas branché sur du Mahler, sans quoi il passerait la journée dans les WC.
Bientôt analphabète et cependant bardé de diplômes, il est à égalité avec l’analphabète sans diplôme pour persévérer dans une déconstruction du monde, qu’il confond avec sa construction.
Voilà longtemps qu’il fait du Trump, sans s’en être jamais aperçu.
Inconsciemment, il se berce de mots. Ses croyances les plus obsessionnelles sont de nature divine. Il adore Dieu, puis tout de suite après Charles Michel.
Le Belge moyen se croit la créature du maître de l’univers. Certains belges agissent de sorte que leurs pulsions criminelles soient dictées par le ciel. D’autres, ne croient qu’à l’argent. Le libéralisme leur tient lieu de tout. Pour lui, ils tueraient père et mère. Enfin une troisième catégorie, la plus nombreuse, ne pense à rien en se satisfaisant des lieux communs, vit dans une insouciance inquiète, oxymoron, pour donner du sens à ce qui n’en a pas.
Bert Kruismans a écrit là-dessus un livre « Le Belge tout nu » (« De Blote Belg ») paru aux éditions Lannoo, non pas à la manière d’un Chamfort, mais à celle d’un humoriste belge de 2017, celui dont justement raffolent les Français afin de passer un bon moment à se ficher de la tête de l’artiste. Il campe un Belge tout nu moyen, d’un coup de crayon très différent de mon Caran d’Ache.
Je ne partage pas du tout ce que Bert Kruismans dit du Belge, comme je me défends de tomber dans le rire facile à la française en me moquant du type. Évidemment je ne monte pas sur scène pour gagner mon pain à vendre du comique, ce qui me dispense de traiter de caricoles, les bulots moyens morts de rire dans la salle.
Pourquoi vouloir nous faire passer pour exceptionnels en tout ? Bêtes à tomber par terre par moment et, par d’autres, élever la sagesse au stade de moine bouddhiste et son QI à celui de Hawkins !
Dans cette période concupiscente et consommatrice, nous sommes bien identiques à un Roumain ou à un Hongrois, difficilement différenciables d’un Portugais ou d’un Italien, alors pourquoi vouloir à tout prix faire croire que les étrangers s’écrient à notre approche « Tiens, regarde, voilà un Belge, comme il est moyen ! ».

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Laissons là l’humour et parlons du contenu du « Belge tout nu », notons cependant au passage que l’éditeur a demandé à Krismans d’écrire un livre. C’est assez rare pour être mentionné. N’envoyez jamais un manuscrit à un éditeur belge si vous n’êtes pas connu dans autre chose que la littérature, par exemple dans la politique, le sport ou le sexe, avec ou sans casier judiciaire, il ne vous lira pas. Et s’il vous envoie une belle lettre de refus, ce sera pour que vous achetiez un os de ses invendus.
L’homme est fasciné par les lapalissades bord d’Escaut quand il constate que les Wallons sont plus pauvres que les Flamands et que, par conséquent, ils dépensent moins. Qu’est-ce que cette différence de moyens a de commun avec le sujet qui est bien de cerner les particularités de la belgitude ?
Un Hongrois ou un Roumain, pour reprendre l’exemple, est plus pauvre qu’un Wallon, est-ce que cela en fait quelqu’un de différent ?
Que les habitants des deux régions principales ne connaissent rien de la région qu’ils n’habitent pas, en quoi cela fait-il des Belges « uniques en Europe » ? Le Parisien et le Marseillais en sont au même point. Est-ce que cela les classe à part ?
« Le Belge tout nu » concerne les préjugés que l’on présuppose chez les Belges ordinaires.
« Le Belge tout nu » est habillé de tout ce qu’on entend sur lui depuis un siècle et que ça commence à bien faire.
Évidemment, si l’ambition était de faire rire dans les chaumières, les anciens almanachs Vermot suffiraient.
La preuve « Un Belge ramasse des champignons dans un bois. Le vétérinaire s'approche et reconnaît qu'ils sont vénéneux. - «Malheureux! Vous allez vous empoisonner! – Ne craignez rien, monsieur, c'est pas pour les manger, c'est pour les vendre.»
Non seulement l’effet est garanti, mais encore cela flatte l’opinion que le Belge moyen a de lui-même, très futé l’animal. Que la clientèle en crève, l’important c’est la vente.

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