Libéralisme et méthode Coué.
La logique du système libéral devrait faire réfléchir les libéraux les plus acharnés.
Cette logique profite aux seuls détenteurs des capitaux, au détriment des autres libéraux.
Les délocalisations, les restructurations et les fusions d’entreprises ont un seul but, dégager le plus de cash possible afin de « récompenser » les bailleurs de fonds.
Des rationalisations aux progrès des techniques, sous prétexte de produire mieux et moins cher, se cache la finalité du capitalisme : réduire les coûts, c’est-à-dire les salaires.
Tant qu’en Inde, au Vietnam, dans la Chine des confins, les Balkans ou au Maghreb, il y aura une différence, parfois infime, avec les coûts salariaux des travailleurs de l’UE, l’industrie s’y établira pour bénéficier de la différence.
C’est irrémédiable et incontournable. Y aurait-il un seul patron respectueux de son personnel, qu’il ne pourrait rivaliser avec son concurrent moins scrupuleux.
Ajouter à cela une révolution technologique inédite, bouleversant l'économie, la santé, l'identité biologique et les relations affectives, nous avons ainsi la recette d’un cocktail explosif. En plus des implantations industrielles dans des pays à bas salaires, la révolution numérique et robotique est à l'œuvre. Elle accompagne la chute vertigineuse des emplois et constitue l'une des causes de l'extension des précarités et du chômage de masse.
Les conséquences de ce libéralisme « moderne » sont visibles.
Les salaires régressent partout en Europe – tout au moins des plus bas, aux moyens – les conditions de travail et l’âge de la pension s’en ressentent aussi.
Même la dette des pays n’est rien d’autre qu’une hésitation des responsables politiques, devant les conséquences logiques et froides annoncées, du capitalisme de misère.
Des esprits altruistes pourraient trouver que le néo-libéralisme est une solution mondiale pour combattre la précarité des populations des pays « en voie de développement ». Erreur profonde, l’infime salaire est concurrencé par plus infime encore. Les « sous-continents » ne profitent nulle part de cet accroissement de travail au niveau le plus bas.
Les statistiques sont formelles, la misère augmente partout dans le monde.
On se rappelle l’incendie d’une usine de confection de vêtements au Bangladesh qui fit plus de 500 mortes parmi les couturières, aux conditions de vie et d’hygiène épouvantables.
Ce fait-divers gît depuis dans les archives des journaux. Pendant quelques semaines, on a montré du doigt l’industrie du luxe qui faisait coudre ses sacs et ses vêtements par des femmes et parfois des enfants sous-payés. Y a-t-il eu une suite à cette exploitation esclavagiste ? Aucune !
Le visage du capitalisme, masqué dans les partis en Belgique et ailleurs, l’est avec la complicité des médias.
C’est en partie à cause des contradictions que soulèvent les aspirations à la démocratie et la dignité humaine, en opposition à l’ignominie d’un travail le plus souvent idiot et parcellisé sur des chaînes de montage, que dans l’enseignement aussi, on marche sur la tête.
Quel langage peut-on tenir à un adolescent intelligent à qui on offre un travail intérimaire, une servitude perpétuelle pour des tâches ne réclamant qu’obéissance et dextérité ?
Quel langage peut-on tenir à un intellectuel dont on n’utilise la réflexion profonde que pour accomplir des desseins médiocres ?
Pour un Einstein révélé, deux cents ne le seront jamais dans leur lutte pour survivre.
La politique qui pousse les jeunes à faire des études ne comble que de façons limitées les chanceux ou les pistonnés, après avoir assuré que pour réussir, des diplômes sont nécessaires. On a oublié de préciser « dans certaines spécialités ».
On a inventé des professions réglementées (médecins, notaires, pharmaciens, vétérinaires) qui contredisent le sacro-saint principe de la liberté d’entreprendre les études de son choix, à l’inverse de ce que déclare le monde libéral. Il fallait que subsistassent certains privilèges pour justifier ceux de la classe politique et admettre la logique de l’injustice du système.
Pour les autres, tous les étudiants qui sortent de l’école de la magistrature ne seront pas magistrat et tous les ingénieurs en aéronautique ne construiront pas des avions.
La société est saturée de diplômés qui ne peuvent pas vivre de leur savoir et qui, faute de mieux, dérogent à leur niveau et disputent à l’échelon d’en-dessous, le pain des autres.
La plupart des professions à moyenne connaissance sont prises par des universitaires, alors qu’elles pourraient l’être par des jeunes sortis des écoles secondaires, sans problème ! ... et avec la complicité des milieux gouvernementaux et universitaires !
Enfin, inutile de faire comprendre aux apprentis journalistes, aux archéologues et aux futurs philosophes, que leur seul débouché est la possibilité d’enseigner à leur tour.
Voilà le système dans lequel nous sommes. Voilà ce que vantent MM. Châtel, Michel, Reynders et compagnie, une démocratie libérale dont ils savent bien qu’elle ne mènera nulle part.