Marx ? …Connais pas !
Les bourges sont agressifs et moqueurs des marxistes, qu’ils soient communistes ou non. La philosophie de Marx, question économie et conduite de l’État, est antinomique de la pensée d’Adam Smith.
On peut retourner la question et obtenir la même réponse. Le salarié ne blaire pas les champions du capital et de la rente.
Cet antagonisme est moins visible aujourd’hui. Les calamités économiques font les dos ronds dans les usines. Cependant, les malheurs ne tuent pas la croyance très ancienne de la lutte des classes, comme seul moyen d’en finir avec le capital.
Marx publia « Das Kapital, Kritik der politischen Ökonomie » en 1867, quatre ans avant la Commune de Paris (1871), vingt-deux ans avant l'Internationale ouvrière de Friedrich Engels (1889), vingt-sept ans avant la Charte de Quaregnon (1894) et cinquante ans avant la Révolution d’octobre, 7 novembre 1917.
La guerre de 14-18 vint à point pour la classe dominante, d’envoyer dans les cimetières de l’Europe la piétaille qui était sur le point de l’engloutir.
Nous sommes quasiment aux termes de 2017, cent cinquante ans après la publication du « Capital ».
Alors que l’on ne se prive pas de critiquer Kant, Rousseau, Nietzsche et tous les autres jusqu’à Platon et Aristote, les bourgeois railleurs et les fervents marxistes restent sur leur position respective, comme si Marx n’était qu’un farceur pour les uns et un sacré bonhomme pour les autres !
En réalité, rares sont les partisans des deux clans qui ont lu Marx et qui peuvent en discuter en connaissance de cause, comme Nietzche, Kierkegaard et Schopenhauer, d’ailleurs.
Je ne veux pas me faire plus érudit qu’un autre, j’avoue que malgré toute ma bonne volonté, il n’y a pas un seul des philosophes cités, duquel j’ai pu garder le livre ouvert plus de dix pages à chaque fois que je le reprenais, sans être plongé dans un océan de pensées contradictoires ou m’être soudain assoupi, saisi par une irrépressible somnolence.
Quand on demande à des personnes moyennement intéressées à l’économie sociale ce qu’elles pensent de Marx, c’est comme si on leur demandait ce qu’elles ont retiré comme leçon de la Grande-Jacquerie, lors de la guerre de Cent Ans, de Jacques Bonhomme et de Guillaume Carle ?
Autrement dit, ces débats s’ils sont encore utiles pour établir une chronologie d’événements majeurs de l’Ancien Régime à nos jours, sont du domaine des philosophes et des historiens.
Bornons d’apprécier ce qui s’est décanté depuis le début, jusqu’à la situation réelle dans un environnement qu’on appelle la Belgique.
Et là, nous ne savons bien qu’une chose établie dans des faits. La lutte des classes est bel et bien dans son paroxysme, malgré tout ce qu’on veut bien nous en dire contre.
L’astuce de la super catégorie est de s’être entourée de mercenaires établis dans le bon salaire : haute administration publique, personnel politique et presse adaptée.
Et ça, c’est la faute de l’électeur qui a abandonné son pouvoir de gestion et de contrôle dans des mains suspectes.
Dans ce combat le peuple ne peut pas se être battu. Il finira par faire le constat des millions de chômeurs sans espérance, de cette pauvreté en progrès, de ce monde écrasé du poids de cette classe raflant la quasi-totalité des profits. Quand ce jour arrivera, c'en sera fini des inégalités excessives.
Nous le ressentons dans notre sang. Merci à Marx et à tous les autres qui nous ont mis sous le nez, les pièces d’un puzzle qui a beaucoup changé, sauf la misère qui est restée.
En dépit de cette évidence, le PS bien malade se divise sur cette notion de lutte des classes !
« La pratique prévaut sur la théorie, le concret sur l’utopie, au nom de quoi l’élimination des « excès » du capitalisme, pour éviter le transfert des richesses vers une minorité, pourrait se faire « en douceur », comme allant de soi, en supprimant le principe de la lutte des classes du POB. » (Elio Di Rupo)
J’aurais été d’accord avec Elio, s’il avait tenu ce discours à la fin des années 70, celle des Années Glorieuses, si en partant de ce palier, les classes inférieures s’étaient progressivement hissées à des niveaux de progrès conséquents, dans des affrontements pacifiques où elles auraient fini par avoir le dessus.
Mais ce n’est pas du tout le cas. Nous n’atteindrons pas cet objectif d’équilibre et de respect entre ceux qui produisent et ceux qui financent.
Si bien que l’équilibre n’existe pas. Nous sommes dans un stade marquant de l’hégémonie sans égale des classes supérieures, sur les classes inférieures, condamnées à la lutte des classes, que ce mot plaise ou ne plaise pas à Elio Di Rupo.
Que le prince héritier du PS, Paul Magnette, n’ait pas lu Karl Marx, c’est dans la nature de l’évolution de ce parti qui ressemble de plus en plus à son collègue français.
Quand on est aveuglé à ce point sur le partage non équitable entre le capital et le travail, il est certain qu’on est sorti du concept de gauche et que l’on est plus proche des Michel et Reynders que du PTB. Dès lors, la rivalité entre le PS et le MR n’intéresse plus la gauche.
Mieux encore, que le PS abandonne le principe de la lutte des classes, on s’en fout !