Politique belge... à la française.
On pourrait dire qu’au niveau des partis politiques, la situation en Belgique est assez proche de celle de la France, avec une nuance, les Francophones sont presque sans extrême droite, au contraire de la Flandre avec le Belang et la N-VA qui comptent un bon tiers d’électeurs de l’ensemble du corps électoral, davantage que l’Open VLD et le CD&V, alliés de circonstance, à la pêche de l’électeur nationaliste.
Le coup de barre à droite met l’Europe un peu partout à la même enseigne.
Le PS français s’est liquéfié, le PS belge, on l’a bien vu dimanche dernier, patauge dans ses contradictions, même si on ne nie plus formellement la charte de Quaregnon et le principe de la lutte des classes.
Pour marquer le coup, le PS sort son nouveau marqueur, depuis ce dimanche 26 novembre.
« La semaine de quatre jours, avec maintien du salaire et embauche compensatoire, augmentation du salaire minimum, globalisation des revenus, intégrant une taxation proportionnelle du capital, bonus social généralisé complétant les revenus de telle sorte qu'ils dépassent le seuil de pauvreté. «
Je souscris, j’approuve, je félicite… et puis après ?
Ils n’espèrent pas séduire le Belge moyen, plutôt dans le sens de la dérive de l’Europe que le retour aux fondamentaux à la Jaurès, d’un programme de lutte des classes ?
Passons sur le fait que ce soit Di Rupo, l’homme des premières mesures fortes contre les chômeurs, quand il était premier ministre, qui se fait le porte-drapeau rouge d’un Premier Mai d’automne.
Question, le PS avec sa science du compromis, comme c’est un parti de pouvoir, avec qui espère-t-il gouverner pour mettre en pratique un programme pareil ?
Au Fédéral, cela paraît impossible. En Région wallonne, il faudrait que le PS fasse la majorité avec un PTB d’accord de faire l’appoint des voix, voire Écolo, fort improbable, reste le CDH, avec le pari de Lutgen de flirter à droite, cela m’étonnerait.
Pour faire quoi, au juste ?
C’est inutile de faire des plans d’approche, d’y aller par doses progressives, dans une Europe de droite, avec les adorateurs majoritaires de l’économie de marché, même si c’est la majorité la plus bête du monde, le PS ne peut même pas songer proposer son programme à la Région, dans le cadre du Fédéralisme, cela devient ridicule.
Pour faire ça, il faut des « cojón » catalanes et aller jusqu’au bout, quitte à avoir tous les chiens de la meute libérale sur le dos.
Donc, ce Congrès d’idées, c’est un de ces attrape-nigauds à l’ancienne. On promet la lune, dans l’espoir que les gens restent au PS, puis on vit de ses rentes gagnées sur la connerie, si ça prend !
Si par hasard, Di Rupo allait jusqu’à replanter de la rose dans les serres de Quaregnon, les seules choses – quand même utiles – qu’il pourrait espérer lors d’une nouvelle gouvernance avec Écolo ou le CDH à défaut du PTB, ce serait d’arriver à stopper l’hémorragie des salaires, le recul des prestations sociales et la fin de la chasse aux sorcières chez les pauvres gens.
Ce ne serait déjà pas si mal, quoique très éloigné de son programme du 26.
Les temps ont changé. Les gens ont compris. Il est plutôt vraisemblable d’imaginer un PS à l’image du PS français, les libéraux au MR et les Quaregnonistes au PTB, resterait le ventre mou d’une association d’intérêts au boulevard de l’Empereur, siège social, réfléchissant plus à réduire les frais sur le chauffage central du bâtiment, qu’à monter des barricades en rue.
Plus claire est la pensée libérale au sein d’une Région Borsuscitée parmi les nouvelles inscrites dans la belgitude moyenne. Les petites entourloupes des Bleus, la majorité préfère.
Connaissant les lascars qui ont conquis l’Élysette, la crise d’égo ne fait que commencer parmi l’attelage MR/CDH. Elle risque de ressembler à ce qui va se passer au parti français Les Républicains avec Laurent Wauquiez. Son homologue de Namur pourrait rapidement retrouver ses anciens plis de droite, commerçant fascisant et fier de l’être, décourageant les derniers partisans d’un MR réformateur « social ».
C’est-à-dire un bloc stupidement mondialiste et libéral en diable, question business exclusivement, croyant pouvoir encore bercer d’illusions le Belge moyen, gourmand de la middle-class américaine, morte pourtant, mais comme il n’en sait rien...
Là aussi, les couplets sur la croissance, le retour à l’équilibre et le mauvais moment à passer pour un redémarrage en force, ça commence à bien faire.
Reste que Borsus en Laurent Wauquiez, Benoît Lutgen en pape François, Di Rupo en François Hollande et Paul Magnette en conquérant à la Macron, ce n’est pas demain que l’électeur wallon va sortir des deals forcés, de cette drôle démocratie. .