On blanchit même le dimanche !
La controverse sur l’attribut des cartons rouges aux États paradis fiscaux est toujours d’actualité. L’Union Européenne en a épinglé 17, tous évidemment hors de la zone d’influence, préservant ainsi le cher Luxembourg de JC Juncker de tout reproche, comme de la Hollande encore plus mariolle.
Par contre l’ONG Oxfam en a trouvé 35, soit plus du double des bigleux bruxellois.
Alors, si chacun fait sa petite liste noire dans son coin et qu’elles ne correspondent pas entre elles, il doit bien y avoir un os quelque part ?
Là-dessus le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, prétend qu’il n’y a pas concurrence, c’est une question de critères.
Cela, on l’avait compris.
C’est tout de même mieux que l’OCDE dit Moscovici, pince sans rire, puisque l'Organisation de coopération et de développement économiques s’est limitée à Trinidad et Tobago et d’ajouter "L'OCDE a joué un rôle d'éclaireur essentiel… mais l'UE va un cran plus loin.
Si je comprends Moscovici, l’UE a un coup d’avance sur l’OCDE et un coup de retard sur OXFAM !
On attend toujours des explications à propos de la liste de l’UE, c’est tout de même elle qui nous intéresse le plus, attendu qu’elle n’existe que par nos impôts.
Déjà, certains États montrés du doigt par l’UE contestent d’être sur la lite « honteuse ». La Corée du Sud a fustigé une décision qui va "à l'encontre de standards internationaux" et qui pourrait "porter atteinte à la souveraineté fiscale". Le Panama a pris l'an dernier des dispositions pour échapper à la liste de l'OCDE, et le voilà sur celle de l’UE ! Il a dénoncé une "inscription arbitraire et discriminatoire", vexé que ses mesures n’aient servi à rien.
L’UE serait donc plus « vertueuse » que l’OCDE, mais moins qu’OXFAM.
L’optimisation fiscale a formé des spécialistes des contournements fiscaux en toute légalité. En Belgique, ceux qui ont du pognon à planquer savent qui consulter. Sous la houlette des libéraux, nous avons la réputation d’abriter les meilleurs truqueurs d’Europe. Si ça se trouve, le conseiller suprême du Grand Duché de Luxembourg est une huile, aussi dans les expertises de l’Europe à Bruxelles.
Il faut bien que ces braves gens d’experts exercent leurs compétences et pour eux, optimiser au niveau des États est la meilleure des promotions, celle qui fait passer le cabinet d’affaire local, à un lobbying international.
Anne-Laure Delatte, directrice adjointe du Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii) signale à toutes fins utiles, la limite de l'initiative européenne : les membres de l'UE ne figurent pas sur les listes ! « Or, une grande partie de l'évasion fiscale se fait à l'intérieur de l'UE par des conduits comme les Pays-Bas ou l'Irlande. Ces pays ne sont pas des paradis fiscaux, mais ils permettent d'y accéder", assure-t-elle.
Nos voisins font donc office de tunnel, comme un quelconque boyau de sortie de la Bande de Gaza, on suit un couloir secret et payant, avec ses valises bourrées de billets, et on se retrouve au bon air à Trinidad, sous le charme d’un comité d’accueil.
Bien entendu tout cela est archi connu de Charles Michel et de son ministre des finances, mais bon, ils ne développent leur instinct rapporteur que pour les méchants grévistes… « qui font tant de tort à l’économie du pays » ajouterait Pierre-Yves Jeholet, le MR qui monte !
N’est-ce pas les Etats-Unis qui donnent l’exemple, puisqu’ils n'ont pas signé les accords d'échange automatique d'information et dont certains Etats apparaissent dans les montages d'optimisation fiscale ? Là aussi on est clair, Trump passe son temps a montré ses décrets qu’il signe de sa haute signature d’immature content de soi, sauf que ceux qu’il devrait signer sont absolument interdits à la Maison blanche.
Manon Aubry, porte-parole d'Oxfam, réclame que les grands paradis fiscaux figurent sur la liste, à côté des petits. C’est vrai à la fin, là aussi, y aurait-il sous la pression des libéraux en verve à l’Europe, une étrange complicité des gros truqueurs contre les petits ?
Pour mémoire, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas et encore la Suisse avec les juridictions britanniques de Gibraltar et des Bahamas font bel et bien commerce de blanchiment, comme tout un chacun le sait, sauf le premier ministre et le trio de pointe : Borsus, Jeholet et le journal La Meuse, dans ce qui concerne ce petit joyau de rigueur et de chasse aux chômeurs qu’est la Belgique.
Que nos chefs se rassurent, Moscovici ne voit rien de répréhensible dans ces pays. « Aucun n’est un paradis fiscal » dit-il péremptoire.
Alors, hein, de quoi on parle ?