Un parti bien parti.
Étonnant Di Rupo ! « Le parti socialiste est dans une dynamique positive exceptionnelle », a-t-il estimé dimanche à Pascal Vrebos, qui a gardé son sang-froid, c’est-à-dire qui n’a pas éclaté de rire.
Voilà un bel exemple d’optimisme que rejoint d’ailleurs Charles Michel et le petit Chastel, qui pensent exactement la même chose du MR.
Plus les partis sont au plus haut dans l’optimisme et la satisfaction d’eux-mêmes, plus l’électeur éprouve une espèce de gêne devant le spectacle de ses partis si florissants, à côté de sa situation si terne, voire médiocre.
Ce doit-être le citoyen qui bat le beurre et qui n’est jamais content.
Sans doute pris individuellement, tous ces ténors du bel canto démocratique sont-ils comme nous tous, inquiets de l’avenir, mal à l’aise avec l’économie libérale dans ses dérives, incertains sur le sort futur du pays, perplexes quant aux intentions de la N-VA. C’est le cas de Thierry Bodson, secrétaire général de l'Interrégionale wallonne de la FGTB, Jean-Pascal Labille, son collègue des Mutualités socialistes, etc. tous assez sévères sur la politique menée par Di Rupo.
Soudain transcendants, radieux, épanouis dans le collectif à la miraculeuse fusion dans le Parti, le miracle s’accomplit devant nos yeux, le parti les transfigure, les vitalise et les range à l’avis du Maestro montois : tout va bien, les élections sont dans la poche. Elio touche les écrouelles. Il est réélu à la présidence pour dix ans par acclamation ! Laurette n’aura qu’à faire comme Hillary Clinton, prendre ça comme une leçon de philosophie. L’œuvre du plus grand socialiste d’entre eux est magique : le PS est dans une dynamique exceptionnelle.
L’aigreur individuelle, ces petites phrases qui font mal, comme celle qui suggérait à Elio de faire un petit pas de côté, Di Rupo se gausse. Qu’ils s’occupent de leurs organisations dit-il à ces « pas bien dans leur peau ». Et c’est vrai, en-dehors du parti, la FGTB et la Mutuelle ne vont pas bien… C’est la seule ombre au tableau, le tourment du grand homme !
"Moi, je m'occupe du PS avec tout mon cœur et mon énergie", a souligné M. Di Rupo sur le plateau de L'invité (RTL).
Le Montois, que le reste de la Wallonie envie, a quand même précisé que son retrait de la vie politique à 80 ans n’était pas exact. Il s’est retenu de citer Aznavour qui à 92 ans entame une grande tournée en 2018 de six concerts.
Elio a senti un réveil puissant des militants. Un peu comme Charles Michel qui se voit déjà reconduit au Fédéral, avec l’appui de son ami De Wever.
Comment entrer à nouveau dans les coalitions des trois gouvernements mixtes et francophones ? Le chef du parti se penche sur la question. Il ne le dit pas, mais on sait qu’il s’est remis à l’allemand pour entrer dans celui d’Eupen.
Toute la tactique consiste à dénoncer "l'arrogance et l'autosuffisance excessive dans le chef du gouvernement fédéral", propos comparables à ceux de Charles Michel avant les élections à l’adresse de Bart De Wever, ce qui ne l’a pas empêché de dire et de faire le contraire, une fois le bulletin de l’électeur libéral dans sa poche.
Elio Di Rupo est confiant. Les militants vont se ressaisir. Les idées sont là. Le Congrès de Liège a rassemblé une bonne centaine de propositions, dont 98,5 n’entrent pas dans le cadre d’une coalition avec les libéraux. Mais ces utopies sont comme le mur de Limes pour contenir les barbares. Quand elles auront perdu leur utilité, on les oubliera. Du reste, on ne sait déjà plus vraiment de quoi il était question.
Depuis que je connais ce parti, depuis André Cools, c’est dire l’intérêt, je n’ai jamais connu qu’un seul vrai ennemi du PS, celui contre lequel il a usé de toutes les stratégies et de toutes les perfidies, c’est le parti qui se trouve à sa gauche. Tous les autres, Ecolo, le parti des ex-Curés et les borsufistes du MR, sont des partenaires possibles.
Ce furent d’abord les Communistes, les Trotskistes (épisode sous Lambion des délégués syndicaux démis), tous laminés, empaquetés, vendus et lessivés en grande partie à cause de l’inimitié solide du PS.
Aujourd’hui, c’est le PTB, la bête noire !
Je ne suis qu’un observateur, comme Fabre qui regardait à la loupe le découpage d’une feuille de chou par des fourmis fourrageuses, je vois l’ourlet, la fine découpe des grands hommes du PS à l’égard des militants de ce parti.
Si j’étais Hedebouw, je me garderais de rencontrer Elio au coin d’un bois ou au bord des falaises blanches de la Manche.
Si j’ai un conseil à donner à cette gauche là, c’est de faire comme le dompteur à Medrano « ne jamais perdre le fauve de vue ». On ne peut rien contre l’instinct d’un carnassier, sauf garder son sang-froid et faire face.