« Le PS sur le fil. | Accueil | Darmarin l’imposteur ! »

Médée Le Pen

Un Blog à caractère politique, libre de parti, il doit en exister quelques-uns qui méritent la lecture. Ceux qui passent du sérieux à la rigolade ne sont pas légion. Qu’ils s’emballent sur une vraie info ou sur un fake-news, ils sont de bonne foi dans leur malignité. Ils ne seront pas cités en exemple dans les gazettes. Michel Henrion n’y verra pas un concurrent pour le podium. Mais, ce sont ceux que je préfère.
Ouvrir la réflexion sur des questions plutôt privées ne relevant pas de la politique est un autre exercice, plus délicat. Si ses faits élargissent la compréhension du citoyen et aident à saisir la connaissance de la démocratie, pourquoi pas ?
Richard III n’a rien à dire sur l’héritage de Johnny Hallyday. Pourtant quoi de plus intéressant que cette dispute entre proches pour un magot ? Ce genre touche à l’intime. Il serait indélicat d’en écrire, s’il ne rejoignait pas le conte universel dans nos rapports avec le fric.
Des clans qui réclament leur dû avec acharnement entrent bien dans les luttes de pouvoir, encore fallait-il, avant de parler de l’appropriation par héritage et droit de succession – là-dessus l’État n’est pas en reste – par choisir entre les deux clans, celui qui paraît défendre une juste cause. Or, y en a-t-il un ?
Ces clans se ressemblent et offrent aux regards des curieux, deux faces du capitalisme : le chien qui tient un os et le défend et l’autre qui tourne autour et veut s’en approprier.
Autre cas d’école : l’amalgame entre affaires privées et affaires publiques qu’illustre la Famille Le Pen.
Plus proche de la politique et éclairant l’éclatement d’une famille, les Le Pen se disputent la propriété du Front National, depuis plus de cinq ans.
On baigne dans le drame. C’est Phèdre, Britannicus, Le Cid, toutes les tragédies en même temps.
Les dernières déclarations de Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, sont proprement effrayantes !
Le premier opposant à Marine Le Pen, ce n’est pas Mélenchon, c’est Jean-Marie !
Dans le Journal du Dimanche, changer le nom du Front national, comme le souhaite Marine, pour le père , c'est une trahison", "c'est inacceptable et suspect". Il abjure les adhérents du parti de rejeter la réforme des statuts, ainsi que le changement du nom du Front national.
À la fois exclu du parti et président d'honneur rétabli dans ses droits par décision de justice, ce n’est pas banal entre des gens si proches d’une même famille.
De sa fille, il estime qu'elle "ferait n'importe quoi" "pour quelques minutes d'existence médiatique", Jean-Marie Le Pen prétend qu'il a "existé avant elle" et "qu'elle existe grâce" à lui. "Elle ne pourra rompre ses liens avec moi qu'en se suicidant! C'est mon sang qui coule dans ses veines", affirme-t-il, interrogé sur la volonté de sa fille de rompre avec lui et de dédiaboliser le parti.
On touche à la tragédie. Le roi Lear, de Shakespeare, est à première vue, le drame qui colle le mieux à la saga Le Pen. Un roi de Grande-Bretagne, noble figure patriarcale, a une opinion erronée sur ses filles qui le conduit à sa perte et à la leur.
Pour la haine ressentie et exprimée, c’est Médée de Pierre Corneille !
« Médée » correspond au genre autoritaire de Marine Le Pen.
Sauf qu’au théâtre, Jason est l’époux de Médée, alors qu’en politique, Jean-Marie est le père. Qu’importe ! Est-ce si important, quand la haine est égale entre fiction et réalité ?

1lkc2maat.jpg

La pièce de Corneille se situe à Corinthe. L'héroïne, la magicienne Médée, est répudiée par Jason après lui avoir donné deux enfants et condamnée à l'exil par Créon, roi de Corinthe. Ce dernier, père de Créuse consent au mariage de sa fille avec Jason. Folle de rage, Médée accomplit sa vengeance en brûlant Créuse à l'aide d'une robe enchantée, et en égorgeant ses propres enfants. Le dernier acte se termine par la fuite de Médée sur un char tiré par deux dragons et sur le suicide de Jason.
La passion politique est aussi intransigeante que celle de l'amour et celle de l’argent. Elle y est indissolublement liée, tantôt par l'un, tantôt par l'autre, ne serait-ce que par la générosité avec laquelle les « pères de la Nation » sont traités (amour), ce qui immanquablement, attise haine et convoitise (argent).
Quand on a des idées et que l’on goûte à la chance de pouvoir les exprimer et d’en être récompensé au point que cette « réussite » vous met à la tête d’un parti, ce n’est pas Louis Michel, Elio Di Rupo ou Didier Reynders qui diront le contraire, on atteint à un sommet de la réussite. L’ego en est tellement flatté qu’il ne s’en remettra pas. La consécration par l’argent vient ensuite. Elle fait passer l’altruisme des débuts, à une aisance satisfaite. On s’en croit légitimement l’attributaire par décision populaire. C’est bien le seul moment de respect que l’élu a envers le peuple !
C’est un acte fondateur. Voyez de quelle manière Louis Michel se croit « lésé » par la « modestie » de ses indemnités parlementaires. Une mue insidieuse transforme l’individu politique. On lui doit tout et lui ne doit rien aux autres. Il n’a soif que de respect et de gloire !
Dans ces sphères décisionnelles de la politique, on sombre moralement dans un raisonnement simpliste et terrible à la fois. « Personne ne m’aime, tout le monde m’envie. Si je me mets à aimer les autres, je suis fichu. ».
Il n’y avait que les liens du sang à placer au-dessus de tout. La famille Le Pen a fait un pas de plus. Elle s’en est affranchie !

Poster un commentaire