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Que valent encore les gens ?

Plus on est formellement pour tout vivant dans l’abstrait, moins il y a une réalité palpable.
Explications :
Après les droits de l’Homme, voici les droits de l’Animal.
L’avenir est tout tracé. Nous finirons par nous découvrir un amour absolu pour tout ce qui est vivant, à l’exception des animaux de boucherie. Qu’au cours des siècles et suivant les civilisations, il ait existé des périodes plus humanistes que d’autres, c’est certain. Pas mal de monde de nos jours nous associe à l’animal. L’humain est donc « sacré » sur papier et que des âmes sensibles y incorporent l’ensemble du règne animal, cela les honore. J’y suis moi-même sensible.
Mais qu’il en aille tout autrement dans la réalité, c’est tout aussi évident.
Et ce n’est pas au moment où des avions de Bachar al Assad bombardent à l’Est et au Sud de Damas le quartier populaire de la Goutha, sans distinction d’hôpitaux ou d’écoles dans leurs objectifs, qu’on me dira le contraire.
Ne trouvez-vous pas étonnant que nous tentons d’empêcher la souffrance animale, sur le temps qu’on tue des enfants dans la banlieue de Damas, comme s’ils étaient à l’abattoir pour y être sacrifiés ? Renversant qu’on ait admiré les Kurdes pour leur aide à nous débarrasser de Daech et qu’on les regarde mourir écrasés par l’armée turque hors de Turquie. Et devinez avec quels auxiliaires ?... des anciens islamistes ayant fait le coup de feu pour Daech !...
Depuis les temps les plus reculés reconnus « civilisés » de la Mésopotamie, aux rives du Nil, en passant par l’Acropole d’Athènes, le risque est toujours le même : celui que la société ne s’effondre dans le cas où les gens s’apercevraient que les droits de l’homme ne sont que le produit de leur imagination.
L’Homme n’a évidemment pas de droit naturel. Il prend la place du plus faible par la raison du plus fort, humains et animaux compris.
Ce à quoi Thomas Jefferson répliqua « …mais ne le dites pas à nos domestiques, ils nous trucideraient dans la nuit. »
L’homme est un truqueur, aussitôt évincés les occupants précédents, qu’il s’agisse des Indiens d’Amérique, des Kurdes en Turquie ou des Palestiniens en Israël, le voilà aussitôt avisé d’établir une morale, de fustiger les méchants (ceux qu’il a vaincus) et de prétendre au respect universel de l’Humain, son semblable, son frère !
Et ça marche !
En confondant l’ordre stable, par exemple la terre tourne autour du soleil, avec le respect des autres à géométrie variable, on voudrait nous faire croire que ce dernier est identique aux vérités cosmiques !
Ne sait-on pas qu’un ordre imaginaire de la sorte non seulement se transforme au gré des intérêts, mais encore risque de s’effondrer, rien que par la dissipation d’un mythe, par exemple « tous les hommes sont égaux en droit » ?
Notre société fait des efforts considérables pour conserver vivace ce mythe de l’État de droit.
Par rapport il y a une cinquantaine d’années, cette volonté de maintien a pris une certaine forme de violence et de contraintes.
Cela va loin, jusqu’à voir des troupes armées faire les quatre cents pas dans nos villes pour notre sécurité, jusqu’à la plus infime atteinte à la liberté qui est, par exemple, donnée aux caissières des supermarchés à Liège de contrôler l’identité de la clientèle, avec exhibition de la carte d’identité obligatoire de celle-ci, pour retirer le quota de poubelles jaunes de l’ayant-droit !
Que je sache, c’est la première fois dans l’histoire récente, qu’un civil à ce droit. Ce n’est pas ici une critique de la caissière qui obéit à un ordre, c’est la suite logique d’une société qui bégaie et ne sait plus que faire.
Évidemment, à côté du peu de cas que l’on fait de la vie humaine dans certaines parties du monde, on pourrait dire avoir pas mal réussi ici. Mais non, c’est un échec aussi, certes anodin et sans commune mesure, mais c’est un échec quand même. Le plus petit abaissement conduit aux plus grands. C’est une question de temps.

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Comment faire en sorte que la fiction concorde avec la réalité. Pour défendre cela, il faudrait payer un certain prix. Celui de cet octogénaire qui s’est interposé devant quatre énergumènes qui menaçaient une jeune fille.
Non seulement nous n’avons pas ce courage, mais nos ténors de la politique non plus.
Pourtant, si la violence n’était pas relayée par ceux que les tyrans entraînent derrière eux, la violence serait impraticable à long terme. Afin de perpétuer un ordre imaginaire, il faut encore en fabriquer les croyants.
Un bon tribun avec une bouille avenante, un ancien martyr qui revient au logis avec des choses à raconter, un curé de toutes les religions, quoique le terme en soit différent selon qu’on prie sur carpette ou assis, font le travail plus efficacement et à moindre coût que parfois tout un bataillon de gardiens « du droit », armés jusqu’aux dents.
De toutes les activités humaines, il vaut mieux placer la violence en dernier recours, parce qu’elle est non seulement difficile à organiser et à maintenir, mais en plus en cas d’échec de celui qui la propose, il risque d’en faire les frais, un peu comme un boomerang.
Même le pire des tyrans a besoin du consensus d’un nombre limité de personnes, mais qu’il doit bien payer et privilégier, sans quoi son règne ne serait pas de longue durée.
Alors défilent des croyants de tout poil et de toute idéologie, dieu, patrie, honneur, notoriété supplétive au tyran et argent.
C’est encore l’élastique qui retient le mieux, les liasses de dollars qu’il y a autour.
Vous trouvez que l’humanité est en progrès, parce qu’on donne à lire sur le respect du vivant en Belgique, alors qu’on assassine ailleurs ?
Ne sommes-nous pas tous complices et responsables de tout ?

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