Bonne à jeter !
La croissance continue et éternelle n’est pas un mythe, elle a été consignée dans l’économie de marché comme indispensable. C’est donc une réalité objective, quoiqu’irrationnelle !
C’est une réalité qui porte en elle sa négation constante, même si elle est planifiée économiquement, selon laquelle une croissance continue et sans fin est impossible.
Mécaniquement et philosophiquement, elle est irréalisable, puisque nous sommes les habitants d’un monde clos, sans possibilité d’extraire sur d’autres planètes et en grande quantité, ce que nous consommons chaque année, bien au-delà de notre capacité à reproduire ce qui disparaît en consommation.
Par ailleurs, à terme, notre économie s’effondrera en même temps que la société construite autour.
Du dernier rhinocéros blanc à la forêt amazonienne qui part en brûlis pour des cultures intensives, tout prouve bien que cette croissance continue se fait au détriment de quelque chose d’essentiel qui s’appelle la survie de notre espèce.
Cette économie nous condamne à la disparition de cette terre détruite par nos soins.
L’économie moderne a besoin d’une croissance constante pour survivre. Si la croissance s’arrêtait, l’économie ne s’installerait pas dans un équilibre raisonné, elle se disloquerait inévitablement, comme un puzzle qui tombe d’une table et s’éparpille en mille morceaux.
C’est bien la raison qui pousse le système à chercher d’autres planètes hospitalières, après avoir saccagé la nôtre.
Est-ce qu’on se rend compte que dans une pareille alternative se sont quelques familles de riches qui risqueraient l’aventure, le reste de l’humanité, pour une très grande part, quasiment à 99,9 % serait condamné à la disparition.
Une économie fondée sur une croissance éternelle a besoin de projets de cet ordre. On voit même des tendances nouvelles comme la recherche de l’immortalité farcir la tête des gens, comme si à 6 ou 7 milliards, l’humanité avait encore besoin de faire des centenaires !
Imagine-t-on un progrès médical, l’homme bionique, voire pluri centenaires ou une escapade de santé dans l’espace, recouvrir l’humanité entière ? Des milliards d’êtres humains continueront d’affronter la maladie, la pauvreté, la violence urbaine, sans que l’once du moindre progrès soit possible pour eux.
L’injustice saute aux yeux ! Quand on est incapable d’exprimer le moindre regret de voir l’hécatombe d’enfants mal nourris, comment peut-on oser afficher la vie « merveilleuse » des riches, l’extravagance des stars, la phénoménale réussite de Messi ?
Le tableau réel de l’état du monde n’est pas proposé par des envieux ou des jaloux comme le serait toute l’extrême gauche, mais c’est une prédiction historique, un avenir certain quasiment inéluctable.
Qu’il faille viser l’immortalité ou partir dans un nouveau Far-West laissant la planète s’enflammer dans les guerres ultimes pour l’air et l’eau, laissons cela aux gens déraisonnables qui ont les moyens de l’être, mais ne les suivons pas, ce que nous ne sommes pas en train de comprendre, hélas ! Au contraire, nous sommes tous acquis ou presque au système économique et à la drôle de démocratie rafistolée, plutôt que bâtie, autour du mythe de la croissance continue.
L’histoire fourmille de graves erreurs. Mais celle-là nous sera fatale.
L’hallucinant, tient dans les délais impartis avant que surviennent les catastrophes. Combien de générations avec la nôtre seront épargnées d’ici le désastre final ? Deux, trois ? Nous sacrifions à coup sûr nos arrières, voire arrières arrières petits enfants, cela prouve, s’il en était besoin, notre incapacité à penser les dangers auxquels ils seront confrontés de notre responsabilité entière, préférant les extrapolations de Tintin et Milou.
L’enjeu tient dans la confiance ou dans la méfiance de l’économie actuelle. Nous avons bien une idée du fonctionnement de l’économie par le passé, mais nous n’avons fait aucune prévision de l’avenir, en partant de ce qu’elle est actuellement.
L’expérience communiste a échoué. Elle ne portait pas sur l’essentiel : l’épuisement des ressources planétaires, mais d’un rattrapage de la classe laborieuse sur la classe possédante.
Marx n’avait pas les donnés actuelles prédisant l’extinction des feux par épuisement des ressources. Il faut reconnaître que le système libéral s’est inspiré de quelques remarques de Marx pour composer un monde du travail qu’auraient applaudi tous les prolétaires de 1880.
La question n’est pas là. Le stade où nous sommes est tout à fait inédit et pourtant d’une grande logique, que n’importe quel humain peut comprendre, grand intellectuel ou illettré d’une favela.
Sachant cela les discours de nos élites sont inquiétants. Entendre Charles Michel discourir sur le libéralisme et la croissance me fait craindre le pire. Si dans sa situation il s’en rend compte mais est obligé de poursuivre son raisonnement à la petite semaine sur la croissance, c’est toute la classe politique dirigeante mal embarquée qui aide aux cauchemars futurs, c’est toute la société belge et européenne bonnes à jeter.