Mouton !... dessine-moi l’Europe.
…mais un mouton, cher Saint-Ex, ne sait pas dessiner !
C’est vrai, il ne sait que bêler.
Pourquoi des types dans mon genre s’astreignent-ils à exprimer leur point de vue dans des blogs souvent trop long et parfois ennuyeux ?
Je ne suis pas le seul à m’être posé la question.
On pourrait très bien imaginer autre chose dans le plaisir d’écrire qui aurait sinon plus de sens pour les autres, au moins un pour soi-même !
Le principal argument, qui motive la persévérance de la publication journalière pour certains (assez rares) et épisodique pour les autres, reste la frustration du citoyen dans une démocratie où il ne trouve pas son compte.
Le blogueur est avant tout un citoyen qui n’a pas renoncé de l’être, dans une démocratie dont le principal défaut est d’accorder trop d’importance à la notoriété, au détriment de toutes les autres formes d’avis.
Une des conséquences se lit en filigrane de chaque élection, parmi les vingt-sept pays de l’Europe.
Ce que l’élite appelle dédaigneusement le « populisme » n’est qu’une des manifestations de cet antitout que les notoriétés politique, économique et journalistique ne parviennent pas à analyser.
C’est peu dire que le citoyen en a assez de cette démocratie dont les représentants s’affichent « contents » de tout, alors qu’ils ne le sont que d’eux-mêmes.
L’élite en Europe le savait que l’Italie allait voter comme elle l’a fait, Guy Verhofstadt l’a dit partout : les Italiens en ont assez de leurs dirigeants historiques, comme nous, nous sommes lassés des nôtres.
On dit le peuple borné, incapable de décider de façon intelligente, l’oreille favorable aux fake-news. Cependant, il est bien plus fin que l’on suppose, plus déterminé que l’on ne croit. Comment voulez-vous qu’il ne s’insurge pas quand les avertissements qu’il donne par le seul moyen qu’il ait pour s’exprimer : l’élection, ne soient pas entendus ?
En un an, voilà un grand pays européen, l’Italie, qui voit la social-démocratie plonger sous la barre de la majorité, après les Pays-Bas, la France et l’Allemagne. Auparavant, c’était au tour de la Grèce, puis de l’Espagne, sans oublier le rejet de l’Europe par l’électeur de la Grande-Bretagne.
Il pourrait bien arriver quelque chose de comparable à la Belgique en 2019 : la majorité absolue de la N-VA en Flandre, remorquant ses complices francophones du MR, pour justifier la participation du Sud, à cette mainmise du pays par la Flandre ?
Si cette perspective était la bonne, malgré une perte d’électeurs dégoûtés de la servilité du MR, Bart De Wever n’aurait même plus intérêt à militer pour le confédéralisme, puisque la Flandre ferait partout la loi !
Sur le modèle italien, l’électeur belge ne montrera-t-il pas son ras-la-casquette de la politique traditionnelle, oubliant que la N-VA en est le dernier rempart sous un camouflage nationaliste ? Car voter N-VA, ce n’est pas voter anti-establishment, c’est voter pour un autre establishment d’aspect différent mais bâti sur les mêmes bases que le PS ou le MR, avec son chef, les lieutenants du chef et ses élites, dispersés partout, mais avec une pensée unique, celle du leader.
Déjà à cause de la faible représentation des francophones dans le gouvernement actuel, on voit bien se dessiner l’avenir de ce pays : anti-immigration, anti-Europe sociale, croyance en une économie bonne pour le monde, alors qu’elle ne profite momentanément qu’à deux grandes puissances, Chine et USA, le temps qu’un des deux morde la poussière !
Faiblesse de la démocratie dans l’Union Européenne, à défaut d’introspection et d’autocritique l’Europe est devenue insupportable de prétention et de suffisance. Tout cela conduit à l’immobilisme et les élections futures de 2019 pourraient en précipiter l’issue.
La social-démocratie est morte. A-t-elle jamais existé ?
Si les blogs ne servaient à rien, au moins cette dernière interrogation aurait au moins le mérite d’exister, grâce à eux. .
Ce que les journaux habituels, louangeurs habituels du statuquo, n’ont jamais osé faire.