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Glissement et dégringolade !

Si le PS s’est exclu de la gauche, il faut en trouver les causes dans sa croyance que la social-démocratie pouvait apporter une espérance à la classe laborieuse. Voilà qui tombait bien pour des dirigeants socialistes en pleine reconversion sociale, dans leur volonté d’embourgeoisement. Hélas ! ce n’était pas un rêve, mais un cauchemar !... une erreur.
La théorie d’une social-démocratie en cohabitation heureuse avec le système économique actuel l’a démontré : régression et perte d’avantages sociaux, disparition des statuts des grandes entreprises nationalisées, poste, chemin de fer, grands services mixtes bradés, un vaste ensemble propriété de la collectivité, vendu, soldé même au privé, sur les directives de l’Europe.
Il n’y a que Reynders qui peut repeindre en bleu les volets de sa maison de campagne, sans état d’âme. Les autres vont souffrir, ne serait-ce que de l’avoir pensé !
Ce constat joint à d’autres, les sondages montrent que la gauche perd de l’influence dans la zone européenne. Et ce n’est pas la récente élection en Hongrie qui dira le contraire.
La conséquence immédiate se voit dans le rapport défavorable des revenus du travail face aux revenus du capital.
En Allemagne, en Autriche, les forces sociales-démocrates ne représentent plus que 20 à 25% des suffrages, que dire des situations plus à l’Est, la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie, etc.
En Italie, le Partito Democratico (PD) de Matteo Renzi, l’analogue du PS en Belgique, a obtenu moins de 19% des voix en mars. Il a pratiquement disparu dans des régions entières !
Seuls le Portugal avec Antonio Costa et l’Angleterre avec Jeremy Corbyn, tous deux socialistes, s’en tirent un peu mieux. Inutile de parler du PS français. Sa spectaculaire dégringolade n’est pas seulement de la responsabilité de Hollande et de Valls, mais d’un ensemble d’élus incapables de présenter un programme cohérent vraiment de gauche.
Indépendamment d’être d’une certaine manière la dupe des élites, le corps électoral de gauche n’est pas démuni de tout jugement autonome. Le public n’est pas totalement passif. Alors, quelle mouche l’a piqué ?
La perte d’influence voire d’hégémonie du PS, classique homologue des libéraux, avec un large consensus sur l’avenir de l’économie libérale en commun, est un processus lent mais régulier qui est venu à échéance au sein de la classe ouvrière.
La droitisation d’une partie de la classe ouvrière est un sujet d’étonnement et d’inquiétude. Le comportement électoral des ouvriers et des employés ne s’explique que par un raisonnement qui aurait fait qu’un glissement vers la droite soit d’abord venu de la direction socialiste elle-même. Une partie de son électorat, après des années d’hésitation, a préféré le produit d’origine à l’ersatz. Cet électorat, très vite déçu par les mêmes raisons du mouvement libéral qui a empoisonné le PS, a considéré désormais que l’écart était trop grand entre lui et la gauche. La glissade suivante, il était à l’extrême-droite ! La peur des migrants et de Daech pour faire le compte, a fait le reste, le tour était joué.
Ce glissement est moins ressenti en Belgique qu’en France où l’abstention joue un effet grossissant sur l’effondrement du PS et où les leaders de l’extrême droite sont autrement plus intelligents que les « têtes pensantes » du FN belge et d’Agir qui ont l’intention de déposer des listes de candidats aux prochaines élections communales. S’ils le font avec « Islam », on aura fait le tour d’une engeance particulièrement débile et provocatrice, pour savoir qu’il n’y aura pas d’aspiration de voix par ces clowns. Ce dont profitera largement le MR chez les francophones.
Autre paire de manches en Flandre le Vlaams Belang fait partie des meubles et est encore pointé au-delà de 10% dans les sondages, l’autre parti d’extrême droite, quoique nos MR, Michel et Reynders, pensent que ces gens sont fréquentables (c’est leur seul moyen d’accéder au pouvoir), la N-VA siphonne les voix des autres parti par son nationalisme, sa démagogie et ses positions virulentes d’un capitalisme fort et antisocial.
Les prises de position de ses membres démontrent bien qu’il s’agit d’un parti à la Orban, nationaliste et linguistiquement ségrégationniste, donc d’extrême droite.
La montée en flèche de la précarité, qu’on aurait pu diagnostiquer comme favorable au redémarrage de la gauche débarrassée du PS, est un fait européen qui jusqu’à présent a peu d’influence sur le corps électoral populaire.
Guy Standing (1) décrit dans son dernier ouvrage la percée de trois phénomènes : le déclin de la démocratie, les votes incohérents et contradictoires de la jeunesse et la poussée de la droite renforcée des déçus de la démocratie par délégation. Son jugement est net et catégorique, la mondialisation a tué le projet de la social-démocratie. Ce n’est pas avec elle, que la gauche peut retrouver un électorat, mais contre elle !

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Pour revenir, la gauche a besoin d’une stratégie qui n’est plus du domaine d’un parti, mais de l’ensemble des adhérents. C’est fini le leader unique, sorte de gourou dont l’extrême droite et la droite sont toujours friandes et auquel le parti de Di Rupo reste attaché comme le morpion de Brassens, au cul de la marquise !
Chaque conscience, chaque manière de voir et d’exprimer les choses sont désormais indispensables.
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1. Guy Standing : économiste britannique, professeur d’économie à l’université de Bath et membre fondateur du Basic Income Earth Network, une organisation qui promeut un revenu de base inconditionnel. (selon Wikipédia)

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